Jusqu'ici tout va bien. Marie COLOT – 2017 (Dès 14 ans)

Publié le 16 Juin 2020

Jusqu'ici tout va bien

 

Marie COLOT

 

Editions Alice Jeunesse, collection Tertio, juin 2017

264 pages

 

Dès 14 ans

 

Thèmes : Adolescence, violences, identité, choix

 

Sélectionné aux Incontournables 2016-2018, ce roman vient de recevoir le Prix Victor 2020 (Belgique).

 

 

Jozef Jzdrzejczyk, d'origine polonaise, a quinze ans et une petite sœur Ludmila qu'il adore.

Il habite dans une cité, bâtiment des Hirondelles, et ne va plus au collège (à quoi bon?) et a à de multiples reprises fait des séjours au commissariat.

C'est d'ailleurs là que nous le trouvons à l'ouverture de ce roman, dégoulinant de pluie et menotté à un radiateur car plus de cellule libre.

Jozef est un habitué des lieux et sa description de l’endroit comme ses remarques nous le prouvent. Il s'enorgueillit même de son "savoir": vol à la tire, à l'étalage, deal de drogue. Sa discrétion et sa complicité avec Darius l'assurent de "succès", le panel de ses "exploits" est large.

 

Il vit au jour le jour, sans souci des conséquences immédiates et, encore moins futures, de ses choix, souvent mauvais car dictés par la facilité et un désir d’opposition.

Ainsi, comme d’habitude, il pense s’en tirer facilement.

 

Non, Jozef n'est pas un personnage sympathique.

Il le sait, l’assume, ne se cherche pas d’excuses bien qu’il ait « ses raisons », et cultive même son côté jemenfoutiste.

Elle n’a pas encore capté que je suis un grand méchant loup et que le principal danger, c’est moi-même . Mes dents sont longues et aiguisées. J’ai un appétit de boulimique et pas la moindre envie de bosser pour un salaire minable. La sueur sur le front de mon père, elle me dégoûte. La mienne, elle ne coule que quand je file sur le trottoir pour sauver ma peau.

Pendant vingt-quatre heures, au fil des chapitres qui égrènent les minutes et les heures, grâce à une narration directe et incisive, nous allons côtoyer Jozef, s’immiscer dans sa tête, son histoire, ses colères, ses doutes, ses espoirs, son cœur pas si dur.

Il ne le sait pas encore mais il se trouve à un tournant de sa vie, à un moment de bascule, à un moment de choix.

 

De rencontres édifiantes en colères en remises en question, il va passer par de multiples épreuves et sentiments, et nous aussi.

Alors de l'indignation et incompréhension, on passe progressivement à l'empathie puis à l'attachement.

A Jozef de s'en montrer digne !

 

Autour de lui, Marie Colot nous décrit aussi son lieu de vie : la cité, avec ses caïds, sa violence, sa loi du plus fort, mais aussi le sexisme, la pauvreté, le déterminisme social qui écrase et annihile les choix.

Le récit est parsemé de références à la culture populaires (jeunes et moins jeunes) et des cités, ce qui le rend particulièrement vif et vivant.

 

Jusqu’ici tout va bien, « mais ce qui compte, ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage », cette réplique du film La Haine illustre parfaitement ce roman et la prise de conscience de Jozef qui comprend que demain n’est en fait pas si loin… Clin d’œil en miroir à la citation de George Eliot en exergue, comme aux premiers mots du roman, qui reprend un titre du groupe de rap I AM.

Merci à Marie Colot pour sa confiance ainsi qu’aux Editions Alice Jeunesse!

De Marie Colot, retrouvez sur le blog:

 

Belles lectures et découvertes !

Blandine

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