La soustraction des possibles. Joseph INCARDONA - 2020

Publié le 17 Mai 2020

La soustraction des possibles

 

Joseph INCARDONA

 

Editions Finitude, janvier 2020

400 pages

 

Thèmes : Amour, Pouvoir, Argent, Politique

 

 

La soustraction des possibles, voilà un titre qui fait des mystères, entretenu par cette couverture dorée aux rouages, bien huilés?

Rien n'est moins sûr. Enfin, cela dépend pour qui...

Comme toujours.

Les bien ou mieux nés, les chanceux ou redoutables stratèges sauront toujours tirer leur épingle du jeu.

Jeu de la vie mais aussi jeu social.

-Je me demande parfois quel est mon métier. Quel est exactement mon métier…
-Sa nature, vous voulez dire ? Je viens de vous l’expliquer : mentir et croire avec sincérité. La vie serait intolérable sans le mensonge. Notre système économique est construit là-dessus. La plupart des relations humaines également. Tout est fiction, tout est virtuel. L’argent, le cours de la monnaie, la bourse… Les sentiments aussi, d’une certaine façon… La religion, tenez, le plus gros mensonge qui soit… Tout repose sur la croyance et la confiance mutuelle.

Dans son roman qui se déroule en 1989-1990, et dans lequel il intervient, plus ou moins longuement, avec des digressions plus ou moins en accord direct avec son texte, comme un scénariste qui recadrerait son équipe, Joseph Incardona dresse une chronique sociale sans concessions qui nous entraîne de Suisse en France, en Corse et même au Mexique.

A la rencontre de "Grands" de la finance, de leurs magouilles, de leur argent blanchi et des mécanismes pour cela, mais aussi de ceux qui veulent y toucher, qui veulent "grandir", de ceux qui veulent changer leur situation.

Derrière chaque richesse se cache un crime, écrit Balzac.
Pendant ce temps, les oiseaux gazouillent dans les arbres aux essences rares au cœur des quatre-vingt-dix hectares (nonante) du parc des Eaux-Vives : séquoias géants, chênes pédonculés, cèdres du Liban, cyprès de Lawson…

Il y a celle qui a tout sauf ce qui ne s'achète pas et qui veut le trouver dans les bras de son professeur de tennis, gigolo à ses (nombreuses) heures. Il y a celle qui a fui un pays misérable, une enfance pauvre, pour devenir quelqu'un à force de travail, d'abnégation et de sacrifices. Il y a celui qui a tout magouillé, qui a une femme superbe et qui l'aime, et qui aspire désormais à la tranquillité non sans faire « un dernier coup ». Il y a celui qui sera l’éternel second et qui ne s'en satisfait pas. Il y a celui pour qui la vie est un combat. Il y a tous ceux que l'on veut mettre à l'abri du besoin. Il y a des filles arrachées à leur pays, il y a du luxe, de la superficialité et du paraître.

Mensonges, Intuition, apparences. Mais tout cela n’a qu’un temps.

Car il y a une envie de vivre, une envie de ressentir. Comme une urgence.

Et puis le doute.
Le doute qui est une prémonition.

Ainsi rencontrons-nous Odile Langlois, Svetlana Novák, Horst Riedle, Mireille Leone, Rachid, Aldo Bianchi, « Le Bridé », Christophe Noir, Daniel Campos…

Mais je vous laisse découvrir leur parcours !

-Je vous demande si vous voulez vraiment savoir, si c’est utile, si c’est indispensable que vous sachiez ? Si vous ne pouvez pas vous accommoder de la réalité telle qu’elle vous apparaît ?
(…)
-Parce que, quand on veut savoir la vérité, il faut être en mesure de pouvoir l’entendre. La vérité est un vortex.

Finalement, il ne reste que deux choses, l'argent et l'amour.

Car, quelque soit leur position sur l'échiquier social, tous veulent la même chose. Mais tous n'y parviennent pas.

 

La soustraction des possibles est un roman ambitieux et subtil, qui explore nombre de domaines et qui y excelle. Comment ne pas (se) reconnaître, dans certaines situations, émotions, comment ne pas se prendre d’attachement pour certains de ses personnages, ou à l’inverse, être dégoûtés par d’autres ?

Ce roman happe, remue, questionne, résonne.

Des phrases courtes, aux mots qui percutent et qui font mouche. Des citations de personnages célèbres, acteurs, criminels, intellectuels, scientifiques... Quelques rires, parfois jaunes. Un peu de frayeur, un peu de suspense, un roman impossible à lâcher.

Elle est venue voir où et comment peut naître un grand livre, qu’est-ce qui fait que là, justement, se déroule un mensonge, si crédible qu’il devient une vérité plus grande que la vie. Elle est venue pour comprendre comment l’écriture peut s’inscrire dans la pierre, dans cette terre même qui a vu naître un homme capable de donner tant d’émotion bien après sa mort.

Ce roman participe au « Petit Bac 2020 » d’Enna, pour ma 7e ligne, catégorie Mot au pluriel.

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

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M
Sans mauvais esprit, son "Chaleur" m'avait tant refroidie que je n'ai pas spécialement envie de me précipiter sur ce titre.
Répondre
B
Je comprends, ça fait souvent ça. Mais je ne peux pas comparer car celui-ci est mon premier de lui!