La fille sans peau. Mads Peder NORDBO - 2020
Publié le 3 Mai 2020
La fille sans peau
Mads Peder NORDBO
Traduit du danois par Terje SINDING
Editions Actes Sud, janvier 2020
384 pages
Thèmes : Policier, Danemark/Groenland, Identité, Politique
Août 2014.
Nous sommes à Nuuk, la capitale du Groenland (qui appartient au Danemark).
Nous sommes aux côtés de Matthew Cave, danois d'origine américaine par son père, militaire mystérieusement disparu lorsqu'il avait quatre ans. Il est journaliste et devait couvrir la découverte d'une momie prise dans la glace depuis plusieurs milliers d'années. Du moins le pensaient-ils tous…
Il y a toujours deux versions d’une histoire.
Et la vérité se cache souvent dans les détails du mensonge.
Le corps disparaît et deux hommes meurent assassinés d’une horrible manière. Ce qui fait écho à une vieille affaire, sordide et non résolue, qui remonte à 1973.
Quatre hommes avaient été tués et atrocement mutilés par un ulo, un couteau utilisé traditionnellement par les femmes dans la chasse au phoque.
Deux de leurs filles avaient disparu. Une enquête, bâclée, ou plutôt étouffée, avait été menée par Jakob Pederson, lui aussi mystérieusement volatilisé et présumé mort.
Sans vraiment le vouloir, mais parce que les évènements le contraignent et qu’il s’interroge, Matthew mène l’enquête. Aidé ponctuellement par son collègue, et ami, Malik, photographe groenlandais, et surtout par Leiff, employé d’archives au journal depuis plusieurs décennies.
Il fait la rencontre d’une jeune femme mystérieuse et atypique, Tupaarnaq dont l’apparence, l’assurance et le passé l’intriguent.
Ainsi se retrouvent-ils liés et s’entraident-ils.
Le titre, et surtout la couverture, de policier nordique, glçants, mettent dans l’ambiance.
Il est très prenant.
Cette double histoire enchâssée, sordide et aux nombreuses ramifications qui se dévoilent petit à petit, nous fait faire des sauts dans le temps au gré de chapitres courts pour nous maintenir dans le suspense.
Si certaines réactions sont attendues, c’est un procédé que j’aime particulièrement.
Les personnages sont bien construits, sans pour autant qu’une grande empathie se soit développée. A cause du lieu, des évènements, du contexte certainement. Le personnage de Matthew est cabossé, comme il se doit, bien qu'il ne soit pas policier mais journaliste.
Pour autant, j’ai dévoré ce roman policier.
Car outre l’enquête, La Fille sans peau est un roman sur l’identité (la nationalité, la filiation, la famille), la condition féminine, il nous dévoile des pans d'histoire entre le Danemark et le Groenland, des us, coutumes et croyances, le tiraillement entre ces deux nationalités et traditions, la relation avec la mer et la nature.
Quand on sacrifie quelque chose à la nature, ça revient toujours sous une autre forme.
Premier tome d’une trilogie, je me ferai un plaisir de découvrir ce qu’il adviendra de ces personnages.
Belles lectures et découvertes !
Blandine