Guernica. Bruno LOTH et Corentin LOTH - 2019 (BD)
Publié le 22 Avril 2020
Guernica
Scénario et dessin de Bruno LOTH
Couleurs de Corentin LOTH
Editions La Boîte à Bulles, février 2019
80 pages
Thèmes : Guerre d’Espagne, Guernica, Picasso, Art, Histoire, Mémoire, Transmission, Art
Guernica/Guernika, ville basque et espagnole de 5000 habitants, au milieu des champs, dotée d’un pont et carrefour commercial essentiel, a une histoire symbolique très forte et constitue un emplacement stratégique d’importance alors que les forces républicaines s’opposent à celles, nationalistes, menées par le Général Franco.
Ce dernier est persuadé que toute la résistance républicaine tombera s’il parvient à écraser celle du pays basque. A Guernica, nombreux sont les Gudaris de passage vers Bilbao, miliciens de fortune, mal vêtus, mal armés, mais acharnés.
Ainsi découvrons-nous Guernica en ce lundi 26 avril 1937, jour de marché.
Aux côtés de Patxi, fils de fermier, qui descend à la ville avec son père pour vendre une jument.
Aux côtés de Txabi, le milicien aux chaussures usées jusqu’à la corde qui acquiert de nouvelles espadrilles et qui rencontre Carmen. Coup de foudre.
Aux côtés de Sofia, jeune maman qui pense et écrit à son Diego dont elle n’a pas de nouvelles, tout en s’occupant de leur bébé, Garaitz (qui signifie Victoire).
Aux côtés de Maria-Pilar, vieille femme désabusée, dont les deux fils combattent dans les camps opposés.
Aux côtés de Jésus, jeune garçon qui livre le journal au patron de l’usine d’armement.
Aux côtés de la population civile qui, en ce jour de marché, entend soudain sonner le tocsin, passer les avions (allemands, italiens), tomber les bombes, qui se réfugie dans les abris de fortune, qui espère avant d’être massacrée à nouveau par la Légion Condor de la Luftwaffe.
La ville est rasée aux trois quarts, le nombre de victimes et de disparus impossible à déterminer, le chêne séculaire et symbole de liberté toujours debout.
Dans le même temps, à Paris, Pablo Picasso qui s’est vu confier une commande pour l’Exposition Universelle de Paris 1937 pour représenter l’Espagne républicaine face au fascisme, assite à un film d’actualité sur Guernica.
Lui qui ne savait comment honorer cette commande trouve soudain l’inspiration et peint sous l’œil et l’appareil photo de sa maîtresse Dora Maar.
Le réalisme des photos nous éblouit, nous aveugle !
La peinture doit aller plus loin…
Dans un format à l’italienne, cet album nous retranscrit l’Histoire à hauteur d’hommes, au-travers de trois récits : la ville de Guernica, de ses habitants et leur massacre ; Picasso et la création de son œuvre la plus engagée, sobrement intitulée Guernica ; et celui, en annexe de Luis Iriondo, le dernier des survivants du bombardement (suivi de la retranscription de trois lettres officielles).
Ces trois axes comme pour mieux vivre et ressentir l’effroi, la panique, la perte et la mort, mais aussi ces retentissements, ses échos immédiats, futurs et symboliques.
Le découpage reste classique et entremêle des dessins, simples et humbles, pleine page à de petites cases, certaines sans texte, des photographies/reproductions à des dessins au réalisme quasi photographiques, de la couleur à du noir et blanc.
Sa couverture est particulièrement réussie.
Un album intense et sensible à lire, à faire lire et à transmettre.
Cet album participe au RDV « BD de la semaine », aujourd’hui chez Stéphie (CLIC) ; et au « Petit Bac 2020 » d’Enna, pour ma 5e ligne, catégorie Lieu.
Deux albums jeunesse pour voir, décrypter, comprendre l'oeuvre de Pablo Picasso - CLIC
Belles lectures et découvertes !
Blandine