C'est lundi, que lisez-vous? #294
Publié le 20 Avril 2020
Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)
1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?
J'ai toujours du mal à lire, à me concentrer, à prendre le temps et à me poser. Et pourtant, je le voudrais tellement...
En revanche, j'ai bien avancé dans la série The Last Kingdom et ai vu toute la première saison. J'aime beaucoup, notamment le côté historiques, malgré certaines situations qui ne semblent que peu crédibles.
ROMAN

La soustraction des possibles. Joseph INCARDONA. Editions Finitude, janvier 2020
La soustraction des possibles, voilà un titre qui fait des mystères, entretenu par cette couverture dorée aux rouages, bien huilés? Rien n'est moins sûr. Enfin, cela dépend pour qui... Comme toujours. Les bien ou mieux nés, les chanceux ou redoutables stratèges sauront toujours tirer leur épingle du jeu. Jeu de la vie mais aussi jeu social.
Dans son roman qui se déroule en 1989-1990, dans lequel il intervient, plus ou moins longuement, avec des digressions plus ou moins en accord direct avec son texte, comme un scénariste qui recadrerait son équipe, Joseph Incardona dresse une chronique sociale sans concessions qui nous entraîne de Suisse en France, en Corse et même au Mexique. A la rencontre de "Grands" de la finance, de leurs magouilles, de leur argent blanchi et des mécanismes pour cela, mais aussi de ceux qui veulent y toucher, qui veulent "grandir", de ceux qui veulent changer leur situation.
Il y a celle qui a tout sauf ce qui ne s'achète pas et qui veut le trouver dans les bras de son professeur de tennis, gigolo à ses (nombreuses) heures. Il y a celle qui a fui un pays misérable, une enfance pauvre, pour devenir quelqu'un à force de travail, d'abnégation et de sacrifices. Il y a celui qui a tout magouillé, qui a une femme superbe et qui l'aime, et qui aspire désormais à la tranquillité. Il y a celui qui sera l’éternel second et qui ne s'en satisfait pas. Il y a celui pour qui la vie est un combat. Il y a tous ceux que l'on veut mettre à l'abri du besoin. Il y a des filles arrachées à leur pays, il y a du luxe et du paraître. Mais au fond, il ne reste que deux choses, l'argent et l'amour. Car finalement, quelque soit leur position sur l'échiquier social, tous veulent la même chose. Et tous n'y parviennent pas.
J'ai vraiment aimé ce roman et l'écriture de Joseph Incardona qui nous entraîne. Ses phrases sont courtes. Ses mots percutent et font mouche. Quelques rires, parfois jaunes. C'est un roman qui se lit très bien, qui happe, et qui résonne aussi.
BD / MANGA

Sur les ailes du monde, AUDUBON. Fabien GROLLEAU et Jérémie ROYER. Editions Dargaud, 2016
XIXe siècle, Etats-Unis d'Amérique, une terre encore nouvelle, des territoires encore à découvrir, des animaux endémiques, à la fois similaires à ceux connus sur l'Ancien Continent mais aussi si différents. Jean-Jacques Audubon, Français, né de l'union adultère entre son père propriétaire terrien et une esclave haïtienne, a grandi aux Etats-Unis et se passionne pour les oiseaux. Grands, petits, chétifs ou majestueux, tous l'enchantent, le fascinent. Pour leur étude et il dédiera sa vie, sacrifiant sa famille, sa femme Lucy et ses fils, partant loin d'eux et longtemps, dans ses expéditions non sans danger, accompagné de son assistant, Joseph, et d'un Indien, Shogan. Pour les oiseaux, il sombrera dans la folie avant d'en être sauvé. Pour eux, il écrira un livre "Oiseaux d'Amérique" accompagné de 435 planches aquarellées. Un livre aujourd'hui rare, des plus recherchés et des plus chers.
Il tuera ces animaux qui le passionnent tant, pour les observer, les dessiner, les déguster aussi. Mais son dessin n'était pas perçu comme scientifique mais comme artistique. En opposition à l'autre grand amateur d’oiseaux de l'époque, Wilson. C'est pourquoi il sera toujours écarté des comités scientifiques américains. C'est en Grande-Bretagne qu'il sera consacré et que sera publié son livre, cet ouvrage qui lui a pris (toute) sa vie. Il y rencontrera un certain Darwin (pas avéré mais très probable).
Cet album est à la fois un hommage et une découverte. Découverte d'un homme, d'un destin, mais aussi d'un monde animal. Audubon est un nom très connu aux Etats-Unis, des rues, des écoles, des bâtiments portent son patronyme quand ici, en France, il est anonyme. Sa vie est romancée, comme lui aimait à le faire. Il racontait moult histoires sur lui, sa famille, ses origines, s'est donné de multiples prénoms/noms (Laforêt, John James, Fougère...) . C'est donc un portrait d'homme, un portrait de passionné, avec ses histoires, ses demi-vérités, ses espoirs et illusions qui nous sont retranscrits.
Le trait est charbonneux, souvent sombre, au découpage certes classique mais prenant. Il nous transporte dans une époque qui bascule. Audubon pressent que cette nature va être modifiée par l’action des hommes, il y assiste d'ailleurs, assiste à la déforestation, aux espèces qui disparaissent déjà et professe une attitude écologique qui ne porte pas encore ce nom.
C'est un très bel ouvrage

Les vacances de Jésus & Bouddha. Hikaru Nakamura. Editions Kurokawa, 2012
Ayant œuvré pour le bien de l'Humanité pendant deux millénaires, Jésus et Bouddha décident de prendre des vacances. Et, pour ce faire, viennent sur Terre, au Japon où ils louent un petit appartement à Tokyo.
Ils sont jeunes, beaux, avec des attributs symboliques: le 3e oeil pour Bouddha (sur lequel les gens appuient, ce qui lui est très douloureux), ses longues oreilles, la couronne d'épines ou les cheveux longs pour Jésus. Chacun porte des t-shirts (que j'aime beaucoup!) dont les textes renvoient avec humour à leur personnage et à la représentation/déformation que l'Humanité a fait d'eux. De fait, il y a de très nombreuses références à la pop culture nippone et occidentale (plus aisément identifiable pour moi), mais aussi des éléments traditionnels.
Le manga se compose de sketchs, il n'est pas histoire continue. Nous retrouvons les deux amis au parc d'attractions, dans une procession shinto, à la piscine et au sauna où ils rencontrent un Yakuza, dans le métro, etc. Jésus tient un blog et tous deux font des cadeaux à Marie.
Jésus est plus frivole que Bouddha, qui est plus sage, plus pondéré. Le tout reste léger, en surface. On sent que l'on ne fait que frôler des possibles.
Ma première lecture, qui remonte à quelques six années, m'avait gardée à distance, en raison du choix scénaristique de sketchs je pense. Cette deuxième lecture m'a plus plu et me donne envie de poursuivre mais il y a 15 tomes tout de même!
2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

La fille sans peau. Mads Peder NORDBO. Editions Actes Sud, janvier 2020
Nous sommes à Nuuk, la capitale du Groenland (qui appartient au Danemark) en août 2014. Nous sommes aux côtés de Matthew Cave, danois d'origine américaine par son père, militaire mystérieusement disparu lorsqu'il avait quatre ans. Il est journaliste et devait couvrir la découverte d'une momie prise dans la glace depuis plusieurs milliers d'années. Mais le corps a disparu et pire, des cadavres atrocement mutilés sont découverts. Ce qui fait écho à une vieille affaire, sordide et non résolue, qui remonte à 1973. Quatre hommes assassinés de la même manière et deux de leur fille disparues. Il mène l'enquête avec Malik, photographe groenlandais, dont le matériel et le laboratoire viennent d'être volés. Hasard? Certainement pas.
Ce policier nordique est très prenant et glaçant. Outre cette double histoire enchâssée, il nous dévoile des pans d'histoire entre le Danemark et le Groenland, des us et coutumes, le tiraillement entre ces deux nationalités, les croyances dans les esprits, le monde de la mer...
3/ Que vais-je lire ensuite?

Quatre aveux pour un seul crime. Gina LAMANNA. Editions Michel Lafon, février 2020
Présentation de l'éditeur:
Quatre femmes. Quatre confessions. Un seul crime.
Au cours du dîner de préparation d’un mariage, un homme est retrouvé mort. Immédiatement, quatre femmes viennent avouer l’avoir tué ; chacune d’elles affirme avoir agi seule. Face à leurs témoignages incohérents, le détective Ramone est totalement dérouté, d’autant plus que ces coupables sont toutes très différentes…
Ginger est une mère de trois enfants étouffée par sa vie de famille, qui ne rêve que de tranquillité.
Kate, avocate ordonnée, ne manque de rien, sinon de la seule chose que l’argent ne peut pas lui offrir.
Emily cache un secret qui l’enferme dans le passé et ne trouve le réconfort qu’au fond d’une bouteille.
Lulu, retraitée fortunée aux quatre divorces, est obsédée par l’idée que son cinquième mari lui cache quelque chose.
Pourquoi ont-elles toutes avoué le même meurtre ? Quels mensonges essaient-elles de dissimuler ? Que s’est-il vraiment passé ce soir-là ? Et surtout, qui est la coupable?
Pour finir, je vous mets le lien des articles publiés la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!
Et surtout, prenez soin de vous!!
Blandine
