Edmond. Léonard CHEMINEAU d'après la pièce d'Alexis MICHALIK – 2018 (BD)
Publié le 11 Mars 2020
Edmond
Scénario et dessins de Léonard CHEMINEAU
D'après la pièce d'Alexis MICHALIK
Editions Rue de Sèvres, octobre 2018
126 pages
Thèmes : Théâtre, Amour, Inspiration, Romantisme
Paris
1895
Edmond Rostand, jeune dramaturge encore anonyme, déprime.
Sa dernière pièce, La Princesse Lointaine, bien que portée par la grande Sarah Bernhardt, est un four.
C’est que les pièces en vers, n’attirent plus guère, on leur préfère la prose, et ainsi réussissent Courteline et Feydeau
Et qu’apparait le cinématographe, promis à un brillant avenir.
Pas comme celui d’Edmond qui ne voit aucune inspiration venir, laissant place aux pages blanches et créances.
1897
Sous l'ombre d'une faveur qui ressemble davantage à un ordre, Sarah Bernhardt somme Edmond de trouver un rôle pour Constant Coquelin, qu'il lui faudra convaincre, par ailleurs.
Ce dernier a des ennuis et le rôle principal dans une pièce au succès retentissant ferait bien son affaire.
Sauf qu’Edmond n’a même pas l’ombre d’un vers…
C’est grâce à l’aide inattendue d’un cafetier noir, prénommé Honoré, qu’Edmond aligne quelques idées et mots… qui font mouche.
Coquelin est enthousiaste et veut un duel et trois actes ; les investisseurs sont tout trouvés ; le lieu déterminé (et qu’importe la manière) ; les rôles distribués (et personne ne doit avoir à y redire)… Sauf que de pièce, il n’y en a pas.
C’est grâce aux déboires amoureux de son ami Léonidas Volny, épris de la belle Jeanne, habilleuse de la pièce Le Dindon de Feydeau, qu’Edmond trouve son sujet.
Jeanne aime les vers, le lyrisme, le romantisme, rien de ce que manie Léonidas.
S'ensuit une relation épistolaire entre Edmond (qui signe Léonidas) et Jeanne, partie en tournée avec Le Dindon.
Ainsi au gré des missives, s’écrit la pièce (non pas en trois mais en cinq actes), quasi au jour le jour, teintée d’un brin de jalousie (celle de Rosemonde, la femme d’Edmond), de rebondissements, de drames, de quiproquos, de déboires pratiques (les costumes !) ou d’exigences.
Ainsi serait « née » la pièce Cyrano de Bergerac, qui traversa les siècles pour « être jouée plus de 20000 fois, devenant le plus grand succès du théâtre français.
Cet album est génial, jubilatoire, coloré.
Un vrai régal.
Edmond apparaît toujours si hésitant en société, devant Coquelin ou sa troupe, ayant du mal à se faire entendre, et paradoxalement si sûr de lui lorsqu’il s’agit de romantisme.
Les seconds rôles sont très bien campés. Les dialogues sont nombreux et savoureux.
Les dessins sont foisonnants de détails, les cadrages dynamiques, les expressions des personnages très fortes, avec des moues, des jeux de regards, des visages encolérés, stupéfaits, dubitatifs, solennels…
Les décors sont très bien rendus pour nous immerger dans cette époque pleine de mouvement et dans cet envers du décor à la frénésie grandissante.
Un album à lire et relire, pour rire et se faire plaisir, à prolonger avec le film (formidable ! – les répliques sont quasiment identiques et le jeu des acteurs est génial !) et la pièce de théâtre (mais pas encore vue).
Cet album participe au RDV « BD de la semaine », aujourd’hui chez Stéphie (CLIC) ; à notre challenge « Cette année, je (re)lis des classiques » de Nathalie et moi ; au « Petit Bac 2020 » d’Enna, pour ma 4e ligne, catégorie Prénom ; ainsi qu’à l’Objectif PAL d’Antigone.
Retrouvez aussi l’avis de Nathalie; Audrey; Mylène; Soukee;
Belles lectures et découvertes !
Blandine