Plus fort que la haine. Pascal BRESSON et René FOLLET – 2014 (BD)
Publié le 12 Février 2020
Plus fort que la haine
Scénario de Pascal BRESSON
Dessin de René FOLLET
Editions Glénat, septembre 2014
52 pages
Thèmes : Etats-Unis, Racisme, Boxe, Histoire
L’album s’ouvre sur une fuite.
Bayou, ambiance humide et glauque, peur suintante, chiens écumants, poursuivants en capuches pointues et blanches…
L’esclavage a peut-être été aboli, mais ici, à Kentwood, Louisiane, en 1933, les Noirs sont toujours considérés comme des inférieurs, juste bons à travailler et à être exploités.
Un regard, un mot, de trop, de travers et ce sont la mort et la destruction qui frappent.
Asservis par la terreur menée par les membres du Ku Klux Klan, rendus dociles par la peur de perdre leur travail, leurs conditions de vie sont très rudes et précaires.
Leur seul moyen de s’évader, de s’exprimer : la musique, et le blues en particulier.
Parmi eux, Doug Winston.
19 ans, une force herculéenne et la rage au ventre.
Avec son père, ils viennent d’être congédiés de la scierie Sanders.
Révolté et épris de vengeance, Doug songe à rejoindre un gang.
Comment veux-tu construire ta vie avec un cœur rempli de haine?
Conscients de son potentiel physique, deux vieux hommes noirs lui parlent d’avenir et de boxe.
Le vieux Greg lui paie le trajet pour la Nouvelle-Orléans, avec dans ses bagages une vieille paire de gants, une adresse et une recommandation auprès d’un entraîneur nommé Clint Wood, avant d’être managé par un certain Jim Crow…
… Je veux vivre dans un pays libre !
Je suis un Noir que l’on voit enfin ! Même pour les Blancs, je suis devenu un Noir réel, fait de chair et d’os… Avec un nom !
C'est grâce à sa magnifique couverture, et à ce boxeur, que mon regard a été attiré par cet album à la bibliothèque. Je l'ai emprunté sans rien savoir de l'histoire. Je lis très peu les quatrièmes.
Et, sans m'attendre à quelque chose en particulier, je n'imaginais pas que le scénario (au personnage fictionnel) pouvait se passer dans ce contexte (historique et avéré).
Ce qui m’a beaucoup plu.
J'ai aimé qu'il nous transporte aux Etats-Unis, entre 1933 et 1960 (environ), dans cette Amérique sudiste foncièrement raciste mais aussi respectueuse du sport, et ici, de la boxe en particulier.
Et j'ai aimé les quelques clins d’œil/détournements disséminés ici ou là.
Cependant, je regrette que l'album n'ait pas été plus long, pour permettre aux (nombreux) thèmes d'être davantage développés (haine, racisme, mais aussi humanité, respect, métissage, fraternité et renouveau des consciences).
Si le début prend le temps de poser le cadre (en reprenant la naissance du KKK), le reste de l’histoire, à partir du départ de Doug pour la Nouvelle-Orléans, passe beaucoup trop vite et semble (trop) facile. De fait, il y a de grandes ellipses et certains passages ou difficultés sont survolés, quand ils ne sont pas réduits ou même tus. Quant aux dialogues, pour beaucoup, ils semblent bien convenus.
Par contre, même si les cadrages restent classiques, j’ai été saisie par le dessin.
Uniquement en noir et blanc, vif et nerveux, rendant les visages très expressifs, il se suffit à lui-même, notamment lors des scènes de boxe, entraînements comme combats.
L’humanité qui réside en nous, en chacune de nos familles, cette humanité s’est remise en place…
Cet album participe au RDV « BD de la semaine » qui se passe aujourd’hui chez Noukette (CLIC) et au Challenge « African American History Month » d’Enna.
Belles lectures et découvertes !
Blandine.