Film : La Voie de la Justice - 2020

Publié le 29 Février 2020

La Voie de la Justice Blog Vivrelivre

La Voie de la Justice

 

Titre original : Just Mercy

 

Réalisé par : Destin Daniel CRETTON

Scénario : Destin Daniel CRETTON et Andrew LANHAM

 

Adaptation du livre de Bryan Stevenson : Just Mercy – A story of Justice and Redemption (2014)

En français : Et la justice égale pour tous. Un avocat dans l’enfer des prisons américaines (2017)

 

Avec Michael B. Jordan, Jamie Foxx, Brie Larson, Tim Blake Nelson, Rafe Spall….

 

Genre : Biopic, Drame

Nationalité Américain

 

Sortie américaine (en deux fois) : 25 décembre 2019 et 10 janvier 2020.

Sortie française : 29 janvier 2020

 

Durée : 136 minutes

 

Film vu en VF

 

Thèmes : Etats-Unis, Système judiciaire, Peine de mort, Racisme, Préjugés, Amitié

 

« Inspiré d’une histoire vraie »

 

Bande annonce en VF

Michael B. Jordan incarne Bryan Stevenson, un jeune avocat tout juste diplômé d’Harvard.

Il décide de se rendre en Alabama, d’abord dans le cadre d’un stage, pour se consacrer à la défense des droits civiques de ceux qui sont condamnés à tort.

 

Là bas, il fonde « Equal Justice Initiative » avec une militante locale, Eva Ansley. Et dès son arrivée, il se heurte à un racisme latent et séculaire.

L’homme qui devait leur louer des locaux refuse lorsqu’il découvre que le patron est Bryan Stevenson, le Noir, et non pas Eva Ansley, la Blanche.

En attendant, il s’installe chez Eva.

 

Et très vite, il s’en va rencontrer les prisonniers du Couloir de la Mort, en grande majorité noirs.

Si ce sont des prisonniers, des criminels, pour Bryan, ce sont surtout des hommes.

Ce qui l’anime, l’humanité.

Il les rencontre et discute avec (partage de souvenirs d’enfance par exemple), et pour certains, persuade de pouvoir les représenter.

Car ces hommes sont majoritairement des laissés-pour-compte de la justice.

 

Souvent issus d’une classe sociale pauvre ou fragile, leurs avocats n’étaient pas investis, lorsqu’ils s’en présentaient, et disparaissaient une fois que l’argent venait à manquer.

Non défendus, abandonnés à leur sort, sans espoir, ils n’ont plus qu’à attendre, amers et résignés, l’exécution de la sentence.

Le contraire de la pauvreté, ce n’est pas la richesse, c’est la justice.

Voici le credo de Bryan Stevenson qui découvre l’ampleur de la tâche à accomplir.

C’est dans ce cadre qu’il rencontre Walter McMillian (Jamie Foxx).

 

 

Walter McMillian est incarcéré pour le meurtre de Ronda Morrison, une jeune fille blanche de 18 ans, tuée le 1er novembre 1986 dans la teinturerie où elle travaillait.

Emprisonné en juin 1987, il a de suite été placé dans le Couloir de la Mort, avant même la tenue de son procès, qui a eu lieu un an plus tard.

 

Aussi, quand Bryan Stevenson se propose de le représenter, gratuitement, est-il réticent.

Bryan se rend chez sa famille, chose qu’aucun autre avocat n’avait fait, leur parle et les convainc d’accepter son offre.

 

 

Le film nous montre alors les complexités des manœuvres juridiques et politiques dans un Etat où le racisme est institutionnalisé, perdurant malgré le changement des générations et des personnes.

 

Le Shérif, nommé Tate, a dit au moment de l’arrestation de Walter : « Je me fiche de ce que tu dis ou ce que tu fais. Je me fiche de ce que vos gens disent aussi. Je vais mettre douze personnes dans un jury qui vont juger ton bordel de cul noir coupable. » Source – Wikipédia

 

 

Bryan, aidé d’Eva et de leur assistante, noire, vont revoir toutes les preuves, qui attestent de l’innocence de Walter (plusieurs personnes peuvent attester de sa présence à plusieurs kilomètres du meurtre), réécouter les témoignages, dont un seul, controversé et provenant d’un criminel blanc, a suffit à l’emprisonner, et en récolter un nouveau, qui peut tout faire changer.

 

Mais les menaces planent (notamment sur Eva, sa famille et sa maison).

 

Bryan se démène pour rouvrir le dossier, obtenir un nouveau procès et n’hésite pas user des moyens modernes, comme le passage à la télévision dans l’émission de CBS News, 60 minutes.

 

Dans le même temps, il défend un ancien soldat de l’armée, Herbert Richardson, victime de SSPT (dont on ne parlait pas à l’époque) qui lui a valu de commettre un acte criminel et meurtrier.

Son exécution est un passage très difficile du film.

 

 

La solidarité entre les détenus du Couloir est très forte et empathique.

 

Quelques dates de cette Affaire :

Meurtre en 1986

Incarcération en 1987

Procès en 1988

Entre 1990 et 1993 : rejet de quatre recours

1992 : présentation de l’Affaire sur CBS News.

1993 : Libération.

Michael B. Jordan, je le connaissais pour avoir interprété Adonis Creed, dans Creed I et II, la « suite » de la saga Rocky.

Il a aussi joué le rôle du méchant dans Black Panther, un Marvel qui n’a rien à voir avec le mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine. Film que j’ai pas vu.

C’est donc dans un tout autre rôle que l’acteur s’est lancé.

Si j’ai reconnu bien des attitudes et gestuelles vues dans Creed (qui sont donc plus du fait de l’acteur que du personnage), je trouve que le changement est réussi.

 

Malgré de nombreuses ellipses, nous sommes immergées dans sa quête de vérité et de justice.

Nous sommes indignés par certains propos ou décisions, par la résignation ou la fatalité dont beaucoup font preuve, devant les évidences écartées, devant les manipulations pratiquées, devant ce racisme affiché, décomplexé et auquel Bryan Stevenson se heurte plus d’une fois.

 

Il y a un ou deux passages qui m’ont semblés faciles ou survolés, notamment concernant un maton, blanc. La première fois que Bryan vient à la prison, il lui intime une fouille intégrale, à nu, manifestation gratuite de son statut.

Puis, sans qu’on l’ait vu évoluer, ce gardien éprouve de l’empathie, voire même de la sympathie à l’égard de Walter ou d’Herbert… C’est anecdotique, ou peut-être pas, mais cela m’a gênée.

 

Ce film pointe les erreurs et inégalités judiciaires mais va plus loin. Il est un plaidoyer contre la peine de mort.

Les chiffres évoqués sont édifiants.

En Alabama, un condamné à mort sur neuf est innocenté.

Christine Taubira en a dit : «Même si le taux d'erreur est dérisoire, il est insupportable». Source Slate

 

Ce film est d’autant plus nécessaire que la culture visuelle devient dominante.

Elle permet de connaître des faits passés, de transmettre des valeurs, de forger de nouvelles images et représentations, d’une manière facile et accessible (même si le cinéma a tendance à l’être de moins en moins – autre débat).

L’article de Slate l’explique très bien – CLIC.

 

Pour ma part, je ne peux que vous encourager à voir ce film, qui a aussi ses moments d’humour. Cela contrebalance la dureté de ce que l’on voit/vit.

Parce qu’il est issu d’une histoire vraie, qu’un homme (et sa famille, et ses amis) a été victime de discriminations et préjugés et que toute sa vie en a été impactée ; qu’il décrit le combat d’un autre pour la justice la vérité, l’humanité pour tous, et parce que cette histoire, au-delà d’elle-même, perdure toujours, malheureusement.

 

Point important : il FAUT rester jusqu’à la fin dans la salle, même pendant la diffusion du générique car de nombreuses informations y sont données.

Ce billet participe à l’African American History Month d’Enna.

 

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

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N
J'ai bien envie de le voir. Mais j'attendrais qu'il passe à la TV ou qu'il sorte en DVD. Plus de 2h dans un fauteuil sans bouger... C'est trop long !
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B
On ne les voit pas passer ;-)
E
C'est un film que j'avais repéré mais que je n'ai pas pu voir mais je surveillerai son passage à la télé!
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B
J'espère qu'il sera diffusé!!
D
Bonjour Blandine, dommage que tu racontes trop le film. Il faut laisser la surprise aux spectateurs. Je confirme que c'est un film à voir rien que pour constater les dysfonctionnements de la justice(?) américaine dans un pays où il vaut toujours mieux être Blanc que Noir surtout en Alabama. Bonne journée.
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B
Bonjour Dasola. Tu as peut-être raison - la faute à mon entrain^^ J'adore les films tirés d'histoires vraies et qui résonnent toujours, même si là, c'est malheureux...