Et toujours les Forêts. Sandrine COLLETTE - 2020

Publié le 15 Mars 2020

Et toujours les forêts Blog Vivrelivre

Et toujours les Forêts

 

Sandrine COLLETTE

 

Editions JC Lattès, janvier 2020

336 pages

 

Thèmes : Post-Apocalypse, Survie, Humanité/Animalité, Nature

Grand Prix des Lectrices Elle Blog Vivrelivre

 

Corentin est venu au monde sans qu'il ne soit désiré.

Sa naissance, son rejet, son exclusion sont les prémices de sa vie, des conditions de sa vie.

Peut-être le refus qu’ailleurs, l’enfant puisse être aimé, avoir une belle existence. Et elle – elle ne voulait pas qu’il soit heureux.
De fait, chaque fois qu’il essaierait de l’être, Marie s’appliquerait à détruire l’univers qu’il s’était inventé.

Sa mère, Marie, qui ne sait même pas qui est le père lorsqu'elle découvre sa grossesse mais qui le retrouve dans les traits de l'enfant, l'abandonne dès qu'elle le peut à qui veut bien le garder... Jusqu'à ce que plus personne ne le veuille.

 

C'est ainsi qu'elle l'emmène aux Forêts, dans la campagne française, quelque part dans le sud-ouest. Et c'est avec un "File, merde!" qu'elle l'abandonne à l'arrière-grand-mère du gamin, la grand-mère du père, mort.

 

Habitué à être rejeté, avec plus ou moins de force, Corentin ne s'attendait pas à trouver de l'amour avec la vieille. Augustine qu'elle s'appelle. Son amour ne se manifeste pas par des gestes ou des baisers mais il est là, présent, rassurant, l'aidant à grandir, à se construire, à s'émanciper... Jusqu'à son départ pour la Grande Ville pour ses études, et pour les autres, ceux qui deviendront ses amis, la bande des Douze. Revenir aux Forêts, il en a le temps, emmener Augustine à la mer, on verra plus tard...

 

Mais le plus tard est arrivé tôt, si tôt, trop tôt.

Il s'est manifesté avec fracas, un soir, alors que la bande d'amis festoyait dans les catacombes, à la lueur de bougies et s'empiffrait de chips. Un son, un tremblement, inconnus, effrayants, épouvantables...

Subir sans voir, ni savoir, entendre seulement.

Et puis, lorsque certains ont voulu aller voir, la mort, instantanée, immédiate pour ceux qui ont passé le corps ou juste la tête au-dehors, s'écroulant sur les autres, qui se sont tapis dans les méandres du sol.

Attente, guet, économie des provisions et des gestes, le temps qui s'écoule lentement, puis oser sortir. Panique, terreur, effroi pour soi puis ceux qu'on aime.

La Bande n'est plus. Tous se sont dispersés pour tenter de retrouver des proches, la famille, ceux qui comptent. Corentin est seul, une fois de plus.

Lui aussi, il avait quelqu’un à aimer.
C’était venu tout seul, c’était si évident, et si immense.

Certains survivants se manifestent violemment, il n'a d'autre choix que de partir aussi. Un seul endroit où aller: aux Forêts, pour voir si Augustine est vivante, si là-bas, le Feu, le Souffle destructeur, l'Apocalypse, la Chose est passée.

Un but et un espoir.

Plusieurs centaines de kilomètres, des morts auxquels il ne fait plus attention, les forces qui l'abandonnent, l’absence de couleurs, ce ciel bas si gris, le soleil qui ne perce plus, le silence trop pesant, la pluie acide, la persévérance, jusqu'à la trouver...

Car dorénavant, c’était sûr, il y avait un avenir.
Et au fond, c’était peut-être cela, la pire des choses.

Sandrine Collette nous live un récit post-apocalyptique dont elle ne fait qu'esquisser les causes.

On les connaît. Et ce silence les accuse davantage.

Ce qui compte, ce sont les conséquences, et après, ce qu'on en fait.

Ce que deviennent la Terre, les végétaux, les animaux et les humains. Surtout eux, les humains, ceux qui par une chance, ou une malédiction, incroyable, ont réchappé au chaos, ont survécu. Comment ils réagissent puis agissent.

Des animaux, il n’y en a pas, plus, eux aussi sont morts, décimés, seuls leurs cadavres pourrissent.

Tous, ou presque… Car Corentin trouvera des chiots, dont un seul restera avec lui et qu’il nommera l’Aveugle en raison de ses yeux blancs.

 

Corentin passe par plusieurs états physiques et d'âme, nous invitant à réfléchir sur les notions d'humanité et d'animalité, sur ce que nous sommes, sur ce que nous avons fait et sur ce que nous faisons et ferions si...

 

L'écriture est belle, mais dure, à distance, sans pathos, sans émotions mais elle en donne pourtant. Terribles de réalisme.

Les phrases sont courtes, comme les chapitres, les retours à la ligne nombreux. On avance comme Corentin, petit à petit, sans savoir où l'on va ni comment.

 

Roman sombre, gris, au ciel bas, au soleil absent ou qui brûle, à la pluie acide, il se lit bien, paradoxalement trop bien.

Sa fin est ouverte…

Sandrine Collette nous décrit comment on survit, vit, commence, recommence, entre ce qui a été et ce qui est, entre les souvenirs, les regrets, les peurs, et l'espoir.

Car toujours il demeure.

Ce roman participe au « Petit Bac 2020 » d’Enna, pour ma 1e ligne, catégorie Mot au pluriel.

Petit Bac 2020 Blog Vivrelivre

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

Retrouvez-moi sur FacebookTwitterPinterestInstagramBabelio et Livraddict

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
J'en entends beaucoup parler, mais ne suis pas certaine d'avoir envie de le lire en ce moment ;-)<br /> Il me semble pourtant que c'est un roman nécessaire pour une prise de conscience encore plus grande.<br /> À bientôt, Blandine.
Répondre
B
En effet, le moment coïncide peut-être de trop avec ce que nous vivons... J'ai programmé mon article il y a quelques semaine,s bien sûr sans imaginer cette résonance... <br /> Belle journée à vous Nancy!