C'est lundi, que lisez-vous? #287

Publié le 24 Février 2020

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

ALBUMS

Roi montagne hiver Blog Vivrelivre

Le Roi de la montagne en hiver.Texte de Sylvie DELOM et illustrations d'Aurélia FRONTY. Editions Didier Jeunese, collection "Contes du monde", 2013

Il était une fois une mère, veuve, et ses deux filles. Elle aimait la première, qui lui ressemblait, autant qu’elle détestait la deuxième, qui tenait trop de son père. Douce, aimante,joyeuse et belle... Le temps passait et ses qualités se confirmaient, alimentant la haine maternelle.

Un soir de janvier, l'aînée fit un caprice. Elle voulait des violettes. La mère ordonna à sa cadette d'aller en trouver. Sinon, elle deviendrait l'épouse du Grand Gel.

Frémissant à cette idée, la petite se mit en route, dans le brouillard enneigé, luttant jusqu'à apercevoir un feu autour duquel douze hommes sans visage étaient rassemblés. Douze hommes pour quatre couleurs, les mois de l'année dans leur habit de saison. Janvie, tout de blanc vêtu lui demanda ce qu'elle voulait. Elle répondit, et Mars lui accorda ce qu'elle souhaitait.

Mais bien sûr, les violettes ne durèrent qu'un temps, et surtout faute de soins. La cadette eut d'autres caprices et à nouveau, la cadette dut retourner dans le froid et rencontrer les Douze hommes pour satisfaire les désirs de sa soeur.

Mais lorsque sa mère exigea qu'elle ramène la richesse, elle s'effondra. L'argent n'est pas l'affaire des saisons ni de la nature, mais du travail des hommes...

Voici une très belle adaptation, fruit d'un croisement entre deux contes, l'un britannique et l'autre russe, dans lequel la jeune héroïne triomphe de la méchanceté grâce à sa connaissance et au respect de la nature, et de la montagne en particulier. Les deux soeurs représentent deux parts indissociables: l'ombre et la lumière, le Bien et le Mal. Pour que l'une existe, il faut l'autre. Un conte dont j'ai beaucoup aimé la fin, que je n'attendais pas ainsi, et cela m'a plu!

Jacominus Blog Vivrelivre

Les Riches Heures de Jacominus Gainsborough. Texte et illustrations de Rebecca DAUTREMER. Editions Sarbacane, octobre 2018

Ouvrir dans un album de Rebecca Dautremer, c'est plonger dans une histoire pleine de délicatesse, de charme suranné, de poésie, de clins d’œil, de métaphores et de symboliques et un peu de facétie.

Cet album nous décrit et montre donc "les riches heures" de Jacominus Gainsborouh, c'est-à-dire sa vie. Quelque chose d'aussi simple et d'aussi précieux que la vie, quelque chose d'aussi banal et unique que la vie. Avec ses joies, ses peines, ses rencontres, ses voyages, ses amours, ses doutes, ses accomplissements ou échecs, et ce qui fait sa valeur. Car il n'est pas besoin d'avoir accompli de "grandes" choses au regard du monde pour qu'une vie ait de la valeur. Aimer et être aimé est le plus important. Les perceptions, les angles de vue, les perspectives, les couleurs choisis par l'autrice pour nous le montrer est magnifique, intime, plein de douceur. Superbe!

THRILLER

Santa Muerte Blog Vivrelivre

Santa Muerte. Gabino IGLESIAS. Editions Sonatine, 20 février 2020

Austin, Texas, USA.
Fernando prie la Santa Muerte...
Clandestin, videur et dealer, il a dû transmettre un message.
Mais celui qui l'a reçu n'en accepte pas les conditions.
Le Russe refuse d'agir.
La huesuda a encore frappé.
Il ne reste que peu de choix à Nando...

Dans ce "barrio" noir, la violence de la survie concurrence celle de l'exil, les cultures se confrontent, l'humour se combine au mysticisme pour nous livrer un récit aux chapitres courts, tendu et haletant.

C'est dur, violent, parfois rebutant, mais prenant. Ça se lit vite, très vite, et bien. Et derrière cet aspect premier de violence familière des zones frontalières entre États-Unis et Mexique (qui n'est pas épargné), Gabino Iglesias décrit le déracinement, la misère sociale, la force des traditions, la peur, un visage peu amène d'Austin où se côtoient toutes sortes de personnages, la cohabitation.

Et quelle magnifique couverture!

Je vous l'ai présenté ICI.

BD

The Wendy Project Blog Vivrelivre

The Wendy Project. Osborne & Fish. Editiosn Ankama, mai 2019

C'est la couverture de ce petit roman graphique qu ia attiré mon regard et attisé ma curiosité. J'aime beaucoup lorsque différentes images s'entremêlent pour en créer une autre. Ici le profil de Wendy donc.

Il s'agit d'une adolescente qui par une nuit, a eu un accident de voiture. Le véhicule a fait un plongeon dans la rivière, emportant le corps de son plus jeune frère, Michael, et rendant mutique son autre frère, John. Wendy est persuadée que Michael n'est pas mort. La preuve, son corps n'a pas été retrouvé. Elle l'a vu s'éloigner dans une sorte de halo lumineux... Elle suit une thérapie et sa psy l'encourage à dessiner ses émotions dans un carnet. Et c'est lui que nous tenons.

Ainsi découvrons-nous son entrée dans un nouveau lycée, les nouveaux amis (?), la famille, les hauts et les bas, son deuil impossible et ses visions, réelles, imaginées, son aventure à Neverland... endroit qu'aimait tant Michael... Difficile de faire la distinction entre le réel et le rêve, mais l'on ressent de plein fouet les émotions trop fortes, l'urgence de vivre et la difficulté à vivre, et la culpabilité.

Cette histoire remue. Elle est belle, elle est triste, elle résonne.

Graphiquement, c'est superbe. Le dessin est surtout en noir et blanc, réalisé à l'encre et ou bic noir, avec des touches de couleurs, plus ou moins prononcées, quelques traits de bic bleu aux pleines pages aquarellées, aux couleurs diffuses et qui s'entremêlent... La vie, la réalité est en noir et blanc quand le passé, les souvenirs, la nostalgie, la mélancolie, le voyage sont en jaune, bleu, mauve, rose, vert...mélangés.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

Le Bureau de Mariage de M. Ali. Farahad ZAMA. Editions France Loisirs, collection "Piment", mars 2011

M. Ali est à la retraite et se lance dans une activité pour occuper son temps, et accessoirement ne plus embêter sa femme. Il ouvre une agence matrimoniale.

Ainsi, au fil de la création, des rencontres avec les clients, de la gestion de l'affaire et de son succès, mais aussi des personnages qui entourent M. Ali, un portrait social et sociétal de l'Inde se dessine: la condition féminine, la famille, la cuisine, les traditions, le progrès, des manifestations contre le gouvernement, la ou plutôt les religions qui cohabitent, les castes, les métiers nouveaux et anciens avec quelques données météorologiques.

C'est très riche, pourtant je trouve que c'est assez plat. le défilé des familles cherchant un mari ou une épouse fait un peu catalogue. Pourtant, cela nous montre la variété des conditions et désirs des familles dans une société en mutation. M. Ali a un caractère assez doux, sage, philosophe parfois, il est assez blagueur,  ce qui met parfois mal à l'aise sa femme ou sa jeune assistante, Aruna. Sa femme est plutôt du genre très actif, elle est quasi toujours dans la cuisine et elle s'inquiète beaucoup pour son fils unique, Rehmann, qui a choisi de lutter aux côtés de paysans opprimés, comme pour le "quad dira-t-on".

Aruna est une jeune fille qui a dû abandonner ses études pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle est douce mais volontaire et très efficace. Elle cache une blessure secrète: un mariage avorté.

Il y a beaucoup d'évocations de mets ou d’aliments, ce qui rehausse un peu le roman. 

Néanmoins, la lecture est agréable, fluide, les personnages attachants. 

3/ Que vais-je lire ensuite?

Le consentement Blog Vivrelivre

Le consentement. Vanessa SPRINGORA. Editions Grasset, janvier 2020

Présentation de l'éditeur:

Au milieu des années 80, élevée par une mère divorcée, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. À treize ans, dans un dîner, elle rencontre G., un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. Dès le premier regard, elle est happée par le charisme de cet homme de cinquante ans aux faux airs de bonze, par ses œillades énamourées et l’attention qu’il lui porte. Plus tard, elle reçoit une lettre où il lui déclare son besoin «  impérieux  » de la revoir. Omniprésent, passionné, G. parvient à la rassurer : il l’aime et ne lui fera aucun mal. Alors qu’elle vient d’avoir quatorze ans, V. s’offre à lui corps et âme. Les menaces de la brigade des mineurs renforcent cette idylle dangereusement romanesque. Mais la désillusion est terrible quand V. comprend que G. collectionne depuis toujours les amours avec des adolescentes, et pratique le tourisme sexuel dans des pays où les mineurs sont vulnérables. Derrière les apparences flatteuses de l’homme de lettres, se cache un prédateur, couvert par une partie du milieu littéraire. V. tente de s’arracher à l’emprise qu’il exerce sur elle, tandis qu’il s’apprête à raconter leur histoire dans un roman. Après leur rupture, le calvaire continue, car l’écrivain ne cesse de réactiver la souffrance de V. à coup de publications et de harcèlement.
«  Depuis tant d’années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance. Jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence  : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre  », écrit-elle en préambule de ce récit libérateur.

Plus de trente ans après les faits, Vanessa Springora livre ce texte fulgurant, d’une sidérante lucidité, écrit dans une langue remarquable. Elle y dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l’ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante, amoureuse. Mais au-delà de son histoire individuelle, elle questionne aussi les dérives d’une époque, et la complaisance d’un milieu aveuglé par le talent et la célébrité.

19 février et le thème est Nuit

Et de présenter le préféré de mon trio Nuit Noire de Dorothée de Monfreid et celui de mon 10 ans, Valentin la terreur de Mario Ramos.

Pour finir, je vous mets le lien de l'article publié la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!

Blandine

 

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Rédigé par Blandine

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N
Les illustrations d'Aurélia Fronty est de Rébecca Dautremer sont sublimes <3<br /> J'ai beaucoup entendu parler du Consentement, il faudra que je le feuillette en librairie pour découvrir la plume de l'autrice.<br /> Beau week-end, Blandine !
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B
Je découvre Vanessa Springora avec ce titre, pas le plus facile et qui a bien des échos avec ce qu'il se passe en ce moment, même si la personne est autre. Paradoxalement, son livre se lit très bien. <br /> Avez-vous lu Jacominus? Il est certain que cet album ne pourra que vous ravir ;-)<br /> Bon dimanche à vous Nancy!
N
Le premier album que tu présentes à l'air très beau... Tu m'as mis l'eau à la bouche ! D'ailleurs, aussitôt dit, aussitôt fait, il est réservé ! Quand à Jacominus, il m'attend à la maison...
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B
J'ai beaucoup aimé et j'aime bien le travail d'Aurélia Fronty. Et comme tu le verras, c'est un grand format, ce qui est encore mieux ;-) Et Jacominus... juste sublime <3