Une famille presque normale. M.T. EDVARDSSON - 2019

Publié le 31 Janvier 2020

Une famille presque normale Blog Vivrelivre

Une famille presque normale

 

M.T. EDVARDSSON

Traduit du suédois par Rémi CASSAIGNE

 

Editions Sonatine, octobre 2019

544 pages

 

Thèmes : Famille, Thriller psychologique, Roman choral

 

Grand Prix des Lectrices Elle 2020 Blog Vivrelivre

 

La famille Sandell semble être une famille tout à fait normale.

 

Le père, Adam, est pasteur.

Une profession atypique, peut-être, mais qui ne l’empêche pas de vivre « normalement ».

Elle lui confère cependant un statut particulier quant au conformisme, à la rigueur et à l’honnêteté.

 

Ulrika, la mère, est avocate. Un métier qui l’a tant accaparée par le passé qu’elle a décidé de lever le pied en travaillant depuis la maison, ce qui ne lui laisse finalement que peu de temps libre.

 

Et il y a Stella, 19 ans, fille unique et rebelle, qui rêve de faire un long voyage à travers l’Asie.

Pour cela, elle travaille chez H&M mais aime aussi sortir avec ses collègues et ses amis (sans jamais trop boire) et notamment avec Amina, sa meilleure amie depuis la maternelle.

 

Une famille banale, ordinaire.

Comme tant d’autres finalement.

 

Pourtant leur vie, leur quotidien, leur famille vont être chamboulés, bouleversés, exposés et leur intimité, secrets, illusions, désirs, travers, révélés et décortiqués.

 

Car Stella est accusée de meurtre.

 

La victime s’appelle Christopher Olsen, il a 32 ans et est un riche homme d’affaires.

Son corps a été trouvé au petit matin sur une aire de jeux par une mère de famille.

Tout semble accuser Stella qui est emprisonnée dans l’attente de son procès, sans qu’elle ne puisse voir ses parents, sa famille. Seuls sont autorisés à la voir les matons, la psychologue, le professeur de suédois qu’elle surnomme « Nounours » et qui lui fait lire toutes sortes de livres, notamment des classiques, dont ils discutent ensuite.

 

Mais est-ce la vérité ? Stella a-t-elle tué cet homme ? Et si oui, pourquoi ?

 

Pour répondre à ces questions, trois parties.

Chacune se consacre à l’un des personnages, pour trois perspectives.

Les chapitres voient s’alterner le et leur présent et le passé/leurs souvenirs, selon leur angle de vue. Ainsi des zones d'ombre s'éclairent, des comportements prennent sens, des mensonges/cachotteries sont découverts.

 

Il y a d’abord le père, Adam.

Il nous apparaît comme un homme bon, patient, altruiste et généreux. Tant dans sa profession que dans son foyer.

Vis-à-vis de Stella, il semble attentionné, désireux du meilleur pour elle, tout en regrettant ses premières années où ils étaient si complices, où elle était si douce. Avant qu’elle ne grandisse et ne « s’échappe ».

Ces années avant qu’elle ne se mette à affabuler, tromper, constamment, pour rien, pour tout, leur faisant courir les spécialistes et les examens.

Pour elle, face à ce qui lui arrive, à elle, à lui, à la famille, il ne va pas hésiter à mentir.

 

Puis vient la partie consacrée à Stella.

Depuis la cellule de sa prison, nous découvrons une fille sensible mais impulsive et volontaire, éprise de liberté. Son besoin d’émancipation et d’affranchissement du carcan paternel est tel qu’elle s’est engouffrée dans le mensonge et la manipulation sans vergogne, ayant compris que cela lui conférait un pouvoir.

J’avais réussi à éveiller le doute chez lui. Un philosophe a dit que le savoir, c’était le pouvoir. C’est décidément vrai. L’ignorance chez autrui est une puissante source de pouvoir.

Et enfin, la mère, Ulrika.

Une femme forte, brillante, déterminée, mais qui cache en son cœur un très lourd secret. Elle a le sentiment d’avoir échoué en tant que mère (de Stella !) et elle culpabilise. De n’avoir pas été assez présente, certainement, mais surtout d’avoir donné naissance à un enfant dans ce monde.

C’est l’un de ses amis, Michael Blomberg qui assure la défense de Stella. Elle a toute confiance en lui.

Avec elle, nous suivons le procès, la stratégie mise en place, nous écoutons les différents témoignages, nous ressentons la tension qui monte…

Evidemment, il y a une différence entre prendre une décision objectivement bonne, et une décision dont on pense qu’elle est la meilleure.

Et voilà le sujet du livre :

Que ne ferait-on pas pour protéger son enfant, sa famille?

Pour protéger la normalité de sa famille? Quand bien même on ne puisse définir cette normalité et qu’il n’en existe aucune de normalité. Car qu'est-ce qu'une famille normale? Existe-t-il des familles normales?

Toutes ont leurs particularités, leurs secrets, leurs histoires, leur fonctionnement. Toutes ont des points communs, des similitudes...

Peut-être faudrait-il dire ordinaires plutôt que normales? Et si certaines sont normales, d’autres seraient-elles anormales alors ?

Donc, jusqu’où irait-on pour protéger sa famille et ce qui la fait et ce qui la soude ?

Et pour se soulager aussi soi-même de ses propres démons, de sa culpabilité (ressentie et/ou réelle)?

 

Ce thriller psychologique m’a d’emblée plu, sans que je n’aie à lire la quatrième de couverture.

Sa couverture et son titre d’abord.

Ses thématiques ensuite.

Et enfin la forme comme le fond.

La construction, grâce à sa narration chorale (procédé que j’adore) et ses chapitres courts, est rythmée et addictive. Elle favorise les interrogations et le suspense. Nous sommes acteurs de notre lecture, nous représentant très bien les personnages (jusqu’aux secondaires), leurs caractères et leur passé, comme les évènements que l’on analyse et reconstitue progressivement.

J’ai aimé retrouver quelques références (suédoises notamment) littéraires, musicales.

Et l’écriture bien sûr !

 

Au-delà de cette thématique première et centrale de la famille, M.T. Edvardsson dénonce les violences, physiques, émotionnelles, psychologiques, tues ou criées, révélées ou étouffées, brute ou détournées. Et notamment celles à l’encontre des femmes. Violences qui les enferment, qui les stigmatisent, qui les excluent.

Il nous questionne sur notre monde, sur notre société, sur nos mensonges et nos paraîtres.

 

Un livre à lire et un auteur à suivre !

Une famille presque normale est son premier roman publié en France.

Il participe au « Challenge 1% Rentrée Littéraire 2019 » de Sophie Hérisson, ainsi qu'au "Petit Bac 2020" d'Enna pour ma 2e ligne, catégorie Amour.

Rentrée Littéraire 2019 Blog Vivrelivre
Petit Bac 2020 Blog Vivrelivre

 

 

 

 

Belles lectures et découvertes !

Blandine.

 

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N
Je suis conquise par votre chronique, le thème, le procédé choral <3 (il faut toutefois que le style d'écriture me plaise) !<br /> Merci pour la découverte !
Répondre
B
Merci à vous Nancy <3 et bonne soirée!