Cheval de bois Cheval de vent. Lupano et Smudja –2017 (BD)
Publié le 22 Janvier 2020
Cheval de bois
Cheval de vent
Scénario de Wildrid LUPANO
Dessin et couleur de Gradimir SMUDJA
Editions Delcourt, collection « Les Enfants gâtés », novembre 2017
24 pages
Thèmes : Conte, fantastique, pauvreté, partage, solidarité
Aujourd’hui est un jour spécial.
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire du Roi.
Aujourd’hui est aussi le jour où deux enfants crève-la-faim ont décidé de réussir.
Sa Majesté bedonnante est réveillée, apprêtée, habillée par ses zélés serviteurs, au son de leurs « joyeux anniversaires » qui résonnent. Son chambellan lui déclame les nombreux, futiles, inutiles et farfelus présents que ses sujets lui ont fait parvenir des « quatre coins du monde », mais le Sire n’en a que faire.
Capricieux, il enfourche son destrier de bois à bascule, Sultan, fièrement porté par quatre de ses gens pour aller vers le seul objet de son désir : le gâteau !
Un gâteau magnifique, à plusieurs étages, pompeusement nommé « Vertige crémeux aux fruits exotiques ».
Chanson, attente, mine déconfite, impatience, bougies et…
…Voilà le gâteau qui s’envole, emporté par un cheval de vent, fougueux, majestueux, inattrapable et pourtant monté par les deux enfants.
Un frère et une sœur, aux masques de loups, qui le chevauchent et descendent du palais, s’engouffrent dans la ville, conviant les sujets du « Bon Roi » à se régaler du « vertige crémeux » en ce jour festif.
Les gardes affluent, le Roi est porté toujours plus haut, lancé à la poursuite des garnements qu’il menace des pires maux, dignes d’un gamin trop gâté aux trop grands pouvoirs.
Je vous préviens que si mon gâteau ne m’est pas rendu immédiatement...
….Il y aura la guerre…
… mondiale !
Dégusté, raboté de toutes parts, le gâteau est réduit jusqu’à son essentiel qui comble de joie leur grand-mère, dont c’est aussi l’anniversaire.
Lupano et Smudja ont fait une merveille.
Ce conte, rocambolesque, facétieux, aux allures de Robin des Bois, dénonce les inégalités sociales et la pauvreté enfantine.
Il oppose un Roi joufflu et trop gâté, immobilisé ridicule sur son cheval de bois, et au langage enfantin, à deux enfants, si jeunes mais déjà si adultes, plein de vie et de générosité malgré leur dénuement.
Il montre combien un Roi n’est rien sans ses sujets, qui sont ici imagés par ces gardes toujours plus nombreux pour venir le soutenir, à tous points de vue, malgré les remontrances de leurs épouses.
Il instille un vent de révolte et de liberté.
Destiné aux enfants (dès 8 ans), les adultes aussi se régalent grâce aux nombreux jeux de mots et références glissés ça et là.
J’adore !
Graphiquement, c’est superbe. D’autant que le format est plus grand que la « normale ».
C’est foisonnant de mouvements, de cadrages et de détails.
L’album se referme sur un jeu cartonné aux allures de Jeu de l’Oie qui reprend cette course effrénée. Génial !
Il participe au RDV « BD de la semaine », aujourd’hui chez Noukette (CLIC) ; au « Petit Bac 2020 » d’Enna, pour ma première ligne, catégorie Animal ; ainsi qu’à l’Objectif PAL d’Antigone.
Retrouvez aussi l’avis de Mo’ ; Caro ;
D'autres albums de Lupano sur le blog:
- Le singe de Hartlepool, dessiné par Jérémie Moreau
- Le Loup en slip 1, avec Cauuet et Mayana Itoïz
Et un de Gradimir Smudja:
- Mausart - Tome 1. Avec Thierry Joor.
Belles lectures et découvertes,
Blandine