C'est lundi, que lisez-vous? #281
Publié le 14 Janvier 2020
Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)
1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?
ALBUMS
Il n'y a pas de dragon dans cette histoire. Texte de Lou CARTER et illustrations de Deborah ALLWRIGHT. Editions Circonflexe, avril 2018
Le dragon de notre histoire est embêté et même agacé. Il en a assez du rôle qu'on lui attribue dans les histoires, ou plutôt dans la seule histoire qu'il ait, toujours la même et pas le beau rôle en plus. Kidnapper une princesse et se faire ligoter par un preux chevalier, on a vu mieux! Il rêve de mieux! Il veut être LE héros !
Aussi part-il sur les chemins pour tenter d'intégrer d'autres histoires... Mais voilà, il n'y a pas de place du tout pour lui. Et les héros des contes que nous connaissons fort bien l'évincent par cette vérité: "il n'y a pas de dragon dans cette histoire." A force de refus, le voilà déprimé... Et si finalement, c'était un hasard de circonstances qui lui permettrait d'être le héros de SON histoire?! Encore mieux non?!
Voici une histoire rigolote pour une quête d'identité et de reconnaissance, un détournement qui entremêle plusieurs contes (j'adore), des illustrations vives et colorées qui en rappellent d'autres et une fin ouverte!
L'ourse bleue. Texte de Nancy GUILBERT et Emmanuelle HALGAND. Editions Des Ronds dans l'O Jeunesse, mars 2018
Au coeur de l'hiver, protégée par la nuit, en lisière de forêt, l'ourse bleue se déplace, seule, lentement. Elle fascine autant qu'elle terrifie. Elle est la créature d'histoires qui font frémir les hommes du village qui, il fut un temps, ont tenté de la capturer. Puissante et sauvage, elle leur a échappé... pour mieux les retrouver.... par le biais d'un enfant fugueur. A la fois dangereux et inoffensif. Un enfant qu'elle rendra à sa mère transformant les récits sombres en une légende lumineuse de paix, à admirer depuis la terre glacée vers la nuit étoilée...
Quel doux et bel album! Des illustrations sobres et pourtant très travaillées, délicates et multiples, peu de couleurs pour des images saisissantes, effrayantes comme délicates, pour nous narrer une histoire de courage, d'amitié, et de lien entre l'humain et l'animal. Forcément, j'aime!
Le Joueur de Flûte de Hamelin. Kochka d'après les Frères Grimm. Illustrations d'Aline BUREAU. Editions Flammarion Jeunesse / Père Castor, octobre 2015
Il est certain que vous connaissez ce conte dans lequel une ville, envahie par les rats, en est délivrée par un mystérieux inconnu qui, au son de sa flûte, les emmena se noyer dans la rivière non loin. Réclamant son dû, négocié auparavant, il est chassé par le Maire et les habitants. Plein de rancœur, le Joueur émet alors de sa flûte une autre mélodie qui envoûtent les enfants qui le suivent docilement jusqu'aux entrailles d'une montagne. Tous sauf un, boiteux. Des enfants, plus personne n'eut de nouvelles.
Il existe plusieurs versions et plusieurs origines possibles à ce conte, triste, voire même cruel, et pourtant hypnotisant. J'en ai parlé ICI et LA.
Ici, Kochka a été à l'essentiel. Nous savons dès le premiers mots que les habitants de ce village sont pingres, à tel point qu'ils ont chassé les chats pour ne pas avoir à les nourrir, favorisant l'apparition des rats. Cette avarice, que l'on devine longue, préfigure la suite dont l'action se situe dans dans un temps très court. La prolifération des rats, et surtout ce qu'il en advint. Tout se déroule sur une même journée: rencontre, négociation, délivrance et vengeance.
Les peintures d'Aline Bureau accompagnent à merveille les pots de Kochka, soulignant le caractère mauvais des adultes, les sentiments contraires du Joueur, l'innocence des enfants dans un paysage hivernal, enneigé, froid, avec si peu de couleurs.
Ameline. Joueuse de flûte. Texte de Clémentine BEAUVAIS et illustrations d'Antoine DEPREZ. Editions Alice Jeunesse, 2018
Bien sûr, le titre nous dit quelque chose, nous rappelle un conte... Un conte qui sent l'autrefois... Impression renforcée par ces couleurs passées de la couverture, les vêtements désuets de l'enfant et cette flûte dont les notes sont figurées en bulles....
Ameline, 10 ans, déjà orpheline de ses parents, vient de perdre son Popi, son grand-père, celui qui aimait tant lui conter des histoires et une en particulier. Il a désiré être inhumé dans un petit village nommé Hamelin. Ameline est laissé aux bons soins de Catherine et de Fernand, qui ne peuvent avoir d'enfants.
Le jour de son arrivée, elle est très vite entourée. De chats, de nombreux chats de toutes les couleurs, et d'enfants aux pieds mouillés, mais si gais.
Ainsi passent trois jours entre les délicieux soupers à la maison et les journées passées à gambader, rire et jouer avec cette grande bande d'enfants, un rien étragnes... D'autant que Catherine et Fernand ne les connaissent pas. C'est que des efnantsdans le village, cela fait longtemps qu'il n'y en a pas....
C'est sur la rivière, dans une barque, qu'Ameline va découvrir, comprendre, leur histoire, incroyable, et qui les lie et les unit au son de la flûte héritée de son Popi.
Comme j'ai aimé cet album, son ambiance, ses couleurs, sa poésie des mots, l'histoire qu'ils prolongent, la sérénité qui s'en dégage.
Et au fil des versions et détournements lus, en apprendre toujours davantage sur ce conte, car chacun privilégie un aspect, un angle de vue. J'aime!
ROMANS JEUNESSE
Extra-doux - Super-résistant. Christine BEIGEL. Editions Motus, 2007
Jules s'en va. Pour toujours. C'est la fin du monde, c'est la fin de leur monde. Il doit faire sa valise mais ne sait pas quoi mettre dedans. elle se propose elle, elle propose son amour. Mais il est trop grand. Alors elle trouve un stratagème pour pouvoir être emportée, et lui pour qu'ils puissent se retrouver.
Voici une histoire aussi forte que douce, aussi triste que belle sur un amour, un premier amour, un amour d'enfant, un amour pour toujours, qui se souvient et qui espère d'autres lendemains. Texte poétique, minimalisme des illustrations, en images-objet, grâce à celui qui est confié entre les pages de ce petit, mais grand, roman.
Coup de coeur et coup au coeur!
Vraiment pas de bol! Hubert BEN KEMOUN. Editions Thierry Magnier, collection "Petite Poche", septembre 2006
Les réactions en chaîne, l'effet boule de neige, la gaffe, la bêtise presque innocente qui vire à la catastrophe, je suis sûre que vous vous représentez très bien ce que je veux dire. On a tous connu ça. A des degrés divers, mais tous. Mais heureusement, pas à l'échelle de Dino qui se retrouve au commissariat devant les conséquences de son petit geste, anodin, en apparence.
Une fête foraine, une attraction à sensations fortes, mais à la longue file d'attente, une canette de soda jetée d'en haut, qui aurait dû atterrir quelque part, n'importe où mais pas là où elle a été... et là, malheureux concours de circonstances, enchaînements, tragédies, l'horreur quoi...
Un petit roman, quelques pages, un aspect comique pour une grande réflexion. Chaque geste, aussi anodin soit-il a une conséquence. Si Dino avait jeté sa canette à la poubelle, comme il aurait dû, rien de tout cela ne serait arrivé... Une histoire à transposer à l'échelle de la planète pour une réflexion écologique.
THRILLER
Une famille presque normale. Matthias EDVARDSSON. Editiosn Sonatine, octobre 2019
Que ne ferait-on pas pour protéger sa famille? Pour protéger la normalité de sa famille? Pour se soulager aussi soi-même de ses propres démons, de sa culpabilité (ressentie et/ou réelle)? Voilà à quoi se trouve confrontée la famille Sandell. Stella, 19 ans, est accusée de meurtre et emprisonnée, en attente de son procès. Ainsi la découvrons-nous au début de ce thriller psychologique, découpé en trois parties pour trois perspectives. Le père, la fille, la mère. Et de nous permettre d'entrer dans leur famille, dans leur intimité, dans leurs secrets. De découvrir leur caractère, leurs désirs, illusions, peurs, Passés et présents. D'avancer progressivement dans la reconstitution des faits. D'analyser par ce multiple prisme chacun des personnages et de tenter de reconstituer ce qu'il s'est réellement passé mais aussi comment ils en sont arrivés là.
Tout m'a plu! La forme comme le fond. C'est haletant, c'est riche, c'est remarquablement écrit, c'est immersif, ça résonne en soi, c'est addictif et cela questionne sur notre monde, la société, le rapport aux victimes/criminels (et quelque soi le délit finalement).
Je vous en parle davantage bientôt!
BD
Quatre soeurs - Tome 3 - Bettina. Scénario de Malika FERDJOUKH et Cati BAUR. Dessin de Cati BAUR. Editions Rue de Sèvres, janvier 2017
Les quatre soeurs sont en réalité cinq: Enid, Hortense, Bettina, Geneviève et Charlie. Leurs parents (Lucie et Fred) sont morts il y a presque deux ans mois dans un terrible accident de voiture, et leurs fantômes apparaissent de temps à autre à leurs filles, mais jamais lorsqu'elles sont ensemble. Ce qui fait que chacune croit avoir cette faculté. Chacune a son caractère, son jardin secret, chacune a une occupation bien spécifique dans la maison (ou en-dehors, ce qui est secret), toutes se serrent les coudes.
Après avoir découvert Enid et le regard qu'elle porte sur ses soeurs, puis Hortense (11 ans) dont la timidité et solitude sont bousculées par Muguette,venue un été se ressourcer à la Vill'Hervé car terriblement malade.
Voici le tour de Bettina, 14 ans, la coquette et fringante. Tombée amoureuse de Merlin mais qu'elle a éconduit dans le tome 2, Bettina aimerait le revoir là où il a déménagé et achète un billet de train. Dans le même temps, la situation financière à la Vill'Hervé est critique et Charlie décide de mettre en location une partie de la maison, c'est-à-dire la chambre des parents, la salle de bains attenante et une autre pièce. Elles trouvent vie un locataire... qui va bouleverser leur quotidien....
A nouveau, j'ai adoré lire la vie de ces cinq soeurs, mais je regrette pour ce tome que l'angle de vue n'ait pas davantage privilégié celui de Bettina. A l'inverse, elle paraît même extérieure à tout ce qu'il se passe dans la maison - et il s'en passe des choses!
J'ai adoré découvrir la vie de ces soeurs, ceux qui les accompagnent avec plus ou moins d'amitié/bienveillance/amour, l'ambiance chaleureuse ou peste (selon la soeur) qui se dégage de leur famille et des pages. Leur histoire est attachante, émouvante, à certains moments drôle ou difficile, et il me tarde de lire la suite!
Le Cœur des Batailles - Tome 2 - Verdun. Jean-David MORVAN. Igor KORDEY. Walter. Editiosn Delcourt, mai 2008
Le Cœur des Batailles est un Journal des Tranchées (fictif), né dans la boue de la Première Guerre Mondiale, par Blaise Boforlant. Vingt ans plus tard, à Strasbourg, en 1940 et alors que la France de Pétain s'incline, il est interviewé par Marvin Selcap, journaliste new-yorkais, qui souhaite en apprendre davantage sur un mystérieux soldat, Amaréo Zamaï, dont le portrait figure dans Le Cœur des batailles.
En empruntant cet album à la bibliothèque, je n'ai pas vu qu'il s'agissait d'un deuxième tome (et qui est suivi d'un troisième). Heureusement, un court résumé du premier nous est offert au début nous permettant de situer les faits. Et même si j'ai raté des choses, je me suis bien retrouvée dans cette histoire, qui nous emmène donc à Verdun, auprès de Boforlant et Zamaï, dans les tranchées prises entre les feux allemands (qui visent si bien) et français (qui tirent trop court) et jusque dans le Fort de Vaux, finalement pris par les Allemands. Zamaï est un soldat "issu des colonies" qui vit à son propre tempo, qui à chaque assaut voit la mort comme une certitude et qui n'en a donc pas peur. Agile, discret, solitaire, son comportement fascine. Aussi bien dans le camp français que dans le camp ennemi, qui trouve un exemplaire du Cœur des batailles... ce qui crée une légende et une envie de capture... Boforlant, après coup, se sent terriblement coupable. De par sa manière de faire, Zamaï différencie le soldat du guerrier, conserve sa part d'humanité dans cette barbarie.
J'ai tout aimé dans cet album: l'histoire, le dessin, les couleurs, la reproduction du journal entre les planches, les pointes d'humour. Il me faut donc lire la suite (et mettre la main sur le premier aussi tant qu'à faire!)
2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?
Girl. Edna O'BRIEN. Editiosn Sabine WESPIESER, 5 septembre 2019
Présentation de l'éditeur:
Le nouveau roman d’Edna O’Brien laisse pantois. S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » – finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d’avoir souillé le sang de la communauté.
Girl bouleverse par son rythme et sa fureur à dire, à son extrême, le destin des femmes bafouées. Dans son obstination à s’en sortir et son inaltérable foi en la vie face à l’horreur, l’héroïne de ce roman magistral s’inscrit dans la lignée des figures féminines nourries par l’expérience de la jeune Edna O’Brien, mise au ban de son pays pour délit de liberté alors qu’elle avait à peine trente ans.
Soixante ans plus tard, celle qui est devenue l’un des plus grands écrivains de ce siècle nous offre un livre d’une sombre splendeur avec, malgré tout, au bout du tunnel, la tendresse et la beauté pour viatiques.
« Par un extraordinaire acte d’imagination, nous voici transportés dans l’univers intérieur d’une jeune fille violée et réduite en esclavage par les djihadistes nigérians. Elle leur échappe et, avec acharnement et ténacité, entreprend de reconstruire sa vie brisée. Girl est un livre courageux sur une âme courageuse. » J. M. Coetzee.
J'ai tourné les premières pages de ce roman qui nosu racotnent l'enlèvement des filles et leurs premiers jours dans le camp où elles ont été emmenées.
Terrible.
3/ Que vais-je lire ensuite?
Mytho. Pascal BRISSY et Yaël HSSAN. Editiosn Auzou, août 2019
Présentation de l'éditeur:
"Il paraît que je suis une mytho. Je m'invente un chauffeur privé, des maladies, des parents agents secrets... En même temps, dire que je vis avec ma grand-mère dans l'annexe d'une grande maison vide, ça manque de classe ! Sauf que le retour de la propriétaire, la mystérieuse Madame Mathilde, risque bien de chambouler ma vie et de me forcer à affronter des vérités auxquelles je ne m'attends pas..." "Après des années d'absence, je reviens enfin dans cette maison. Déterminée à déterrer les secrets qui y sont enfouis, à affronter mon passé, enfin. Pas si simple, surtout quand la cohabitation avec la jeune Maëlle et sa tendance à mentir sans relâche m'obligent à faire face à mes démons..."
Dans cette histoire, qui sont les vrais mythos ?
8 janvier et le thème est La Naissance
Et de parler de l'album Le Nid de Sandra Le Guen et Coralie Saudo pour la naissance d'une famille- Mais aussi, en story, d'Alma n'est pas encore là pour une naissance à venir; Le Petit Prince pour la naissance d'une amitié; Comment un livre vient au monde pour ... le processus de création et d'édition d'un livre.
***
Premier thème: Bleu
et
Nuances de bleu et cadavre exquis pour dire sa symbolique: rêve, sérénité, espoir mais aussi mélancolie.
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(La) Prisonnière du temps
J'ai du rêver trop fort
Dévorer le ciel
Pensez à nous dans vos fêtes du cœur
Une prière à la mer
How to stop tome
Barracuda for ever
(Mon) Ambre
Pour finir, je vous mets le lien de l'article publié la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!
Blandine