Secret de Polichinelle. Yonatan SAGIV - 2019

Publié le 24 Novembre 2019

Secret de Polichinelle

 

Yonatan SAGIV

Traduit de l’hébreu par Jean-Luc ALLOUCHE

 

Editions de l'Antilope, octobre 2019

480 pages

 

Thèmes : Policier, Israël, Enquête, Homosexualité, Famille

 

J'adore la couverture, le titre est très tentant, et le format parfait!

 

Pourtant, lorsque j'ai reçu ce livre pour Le Grand Prix des Lectrices Elle 2020, la quatrième de couverture ne m'a pas accrochée... C'est donc l'avant-dernier que je lis pour ma sélection (décembre).

Erreur! 

 

Dès les premières pages, j'ai été happée par l'atmosphère très particulière de ce roman policier et son non moins particulier personnage principal, Oded Héfer.

 

35 ans, homosexuel assumé, bedonnant, parlant de lui (et des autres) au féminin (on s'y fait très vite et cela apporte une touche cocasse) et souvent à la troisième personne, sarcastique et même cynique, Oded est quasi sans le sou, menacé de devoir rentrer au village natal. C'est donc à corps perdu qu'il se lance dans une nouvelle activité : détective privé (est-ce son surnom de "La Fouine" au lycée qui l'aurait incité ?!).

Bref, diplômes et carte falsifiés, nous le découvrons alors qu'il s'apprête à connaître sa première affaire.

 

Mira Tamir, professeure de Yoga, vient le voir lui (et pas la police ou un détective renommé) car elle est persuadée que la mort de sa sœur Smadar (une femme cheffe d'entreprise à la poigne de fer, la femme la plus riche d’Israël) n'est en rien accidentelle...

Sherlock Homes était capable d’identifier la provenance de chaque lettre collée sur les courriers anonymes une ses clients recevaient, mais il n’avait pas à se confronter à une imprimante individuelle. Certes, pour l’instant, je n’ai aucun moyen de repérer l’origine de cet écrit, mais s’il est une chose que la bimbo Jennifer Love Hewitt m’a apprise, c’est qu’une lettre de ce genre conduit tout droit à quelque chose qui a été refoulé puis enterré.

Oded a cinq jours pour résoudre l'affaire (son ami Ofer Ganor le menace de tout révéler à Mira sinon), conférant à l’enquête un rythme soutenu.

Oded est pris entre ses souvenirs, ceux des autres, les mensonges et dissimulations, la pression inhérente à la position de Smadar, ses sentiments qui prennent le dessus sur les faits, les révélations.

Il se retrouve à devoir collaborer avec un ancien "camarade" de lycée, Yaron Malka, devenu commissaire, ce qui provoque de savoureux dialogues.

 

Son enquête, pleine de suspense et de rebondissements, explore la famille et ses secrets, les jalousies, l’Amour, les Amours, la jalousie, la vengeance.

 

***

 

Ce roman policier, c'est une chouette découverte à tous points de vue.

 

La plume de l'auteur (premier roman) est très sympathique, colorée et pleine d'humour (j’ai ri à plusieurs passages).

Oded est un personnage principal très original qui contrebalance les personnages stéréotypés cabossés de policiers ou sérieux de détectives privés.

C’est sa première enquête et malgré quelques cafouillages, il progresse plutôt bien entre instinct et culot, en n’hésitant pas à donner de sa personne et avec un sans-gêne désinvolte savoureux.

Il utilise beaucoup de métaphores, et sait ne pas être atteint par les propos sexistes, sexuels, homophobes ou machistes qu’il reçoit, arrivant même à s’en servir pour son compte, adoptant des poses ou des tons virils ou au contraire en minaudant exagérément.

Je change de braquet et passe au glapissement femelle. « Je n’avais pas l’intention de vous espionner, mais j’étais assise là, déjà soûle avec mon verre, je vous ai entendus parler d’une fête, et dès que j’entends le mot fête, moi, je sui toute é-mous-ti-llée. »

Mais ce roman policier, c’est aussi la ville et la société de Tel-Aviv, une communauté bigarrée, cosmopolite, gay-friendly, le monde de l'immobilier israélien et ses magouilles inhérentes, des références juives (notamment ashkénazes), musicales, littéraires et culturelles, d’Israël mais aussi européennes, américaines, populaires ou plus classiques, qui nous permettent de nous immerger dans le décor avec aisance et délectation.

 

Je suis conquise, et me régale d’avance de la prochaine enquête d’Oded.

Ce roman policier participe au « Challenge 1% Rentrée Littéraire 2019 » de Sophie Hérisson (10).

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

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Commenter cet article
A
Tu as l'air d'avoir passé un très bon moment avec ce livre. Cela transparaît dans ton billet ;)
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B
Merci :-) Et oui, c'était un très bon moment :-)
N
C'est si rare, les livres qui font rire ! Mes deux derniers souvenirs sont Sauveur et fils tome 1 de MAM et Patients, de Grand Corps Malade (paradoxalement ! ).<br /> Merci pour la découverte de ce polar qui semble haut en couleur et un brin déjanté.<br /> Belle soirée Blandine.
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B
Vous avez trouvé les mots pour le décrire, c'est exactement ça, et ça fait du bien^^<br /> Je n'ai lu aucun de ces deux livres, Sauveur et fils ne me tente pas spécialement (malgré tout le bien lu ici et là) mais Patients, si, beaucoup!<br /> Belle soirée à vous Nancy!
N
Voilà un avis qui donne très envie ! !
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B
J'espère bien ;-) C'est un polar aussi original que prenant, un régal!