Les Misérables - Fantine. D'après Victor HUGO. Maxe L'HERMENIER, Looky et Siamh 2019 (BD)
Publié le 13 Novembre 2019
Les Misérables
Tome 1
Fantine
D'après l'œuvre de Victor HUGO (1862)
Adaptation de Maxe L'HERMENIER
Dessin de Looky et Siamh
Couleurs de Parada
Editions Jungle, collection "Pépites", 23 octobre 2019
72 pages
Thèmes : Adaptation, Classiques, France, XIXe siècle, Chronique sociale, Histoire, Famille
Qui ne connaît pas cette œuvre de Victor Hugo ?
Fresque historique, sociale et philosophique dans lequel l’auteur s’est attaché à décrire la vie des gens du peuple du XIXe siècle.
Pourtant, je n’ai pas souvenir de l’avoir lue dans son entier, seulement par petits bouts, des textes sûrement lus en classe ou ici ou là… Et ce malgré les très nombreuses adaptations, tous genres confondus.
Aussi ai-je été ravie de découvrir cette BD, d’autant que j’adore les adaptations BD des classiques.
Pour l’histoire :
1815
Après dix-neuf ans passés au bagne de Toulon, Jean Valjean, émondeur à Faverolles, est enfin libre.
Impassible et sombre, il va son chemin, est repoussé, repoussant, précédé par son apparence, écarté des auberges, en raison de son passé rappelé par son passeport jaune.
Seule une porte accepte de s’ouvrir.
C’est celle de Monseigneur Myriel, évêque de Digne, chez qui Jean Valjean dîne, dort et vole l‘argenterie au matin… Avant d’être rattrapé par la gendarmerie qui le confronte à Monseigneur Myriel. Ce dernier, loin de l’accabler, l’innocente, lui offrant même deux magnifiques chandeliers.
Jean Valjean, mon frère, vous n’appartenez plus au Mal, mais au Bien.
C’est votre âme que je vous achète ; je la retire aux pensées noires et à l’esprit de perdition.
Quiet mais toujours hanté par ses démons, c’est le vol à un enfant, Petit Gervais, d’une pièce de quarante sous, qui lance la police à ses trousses comme le transforme.
Désormais, il va s’employer à être honnête, mais surtout à faire le Bien autour de lui, à venir en aide aux plus nécessiteux.
Traversant la France, il arrive à Montreuil-sur-mer, ancienne ville prospère spécialisée dans la verrerie noire mais désormais en proie au chômage et à la misère.
En trois ans, il permet à la ville d’arborer un visage neuf et florissant.
Son statut comme son nom ont évolué, changé, et de vagabond, il est devenu le Père Madeleine, puis Monsieur le Maire.
En parallèle, nous découvrons Fantine.
Une jeune et jolie fille blonde de quinze ans, sans famille mais vive et joyeuse, venue à Paris chercher la fortune, amoureuse de Tholomyès, étudiant, qui retourne après une bonne blague dans sa ville d’origine, laissant Fantine esseulée, triste et … enceinte.
Ne pouvant subvenir à leurs besoins dans la capitale, d’autant que personne n’embauche une fille-mère, Fantine décide de retourner dans sa ville natale, Montreuil-sur-mer, alors que sa petite, Cosette, va sur ses trois ans.
En chemin, elle s’arrête au seuil d’une auberge, et charmée par les petites filles qui jouent devant, demande à leur maman, la tenancière, de garder son enfant moyennant finances.
Le marché est conclu.
Cosette est laissée avec ses robes de soie aux (mauvais) soins des Thénardier, qui ont bien su voir en Fantine une proie à escroquer.
Elle gagne Montreuil-sur-mer, travaille dur mais sa patronne apprend qu’elle a une enfant, et sans plus de manières, la renvoie.
Nous ne pouvons pas garder une femme aux mœurs douteuses comme les vôtres.
Ainsi, suivons-nous en parallèle, deux trajectoires de vie.
Alors que celle de Jean Valjean tend vers le Bien, celle de Fantine chute toujours plus bas dans la misère et la déchéance, tenue par les Thénardier, toujours plus demandeurs au nom de Cosette.
Trahi, reconnu, Jean Valjean, devenu homme de parole, s’en retourne sur les chemins non sans avoir tout perdu.
Cette adaptation est aussi belle que fidèle au texte de Victor Hugo, même si elle en simplifie quelques personnages (Jabert par exemple) ou passages.
Mais elle n’édulcore en rien l’injustice et violence sociales de l’époque.
Trouver un travail, se nourrir, subvenir aux besoins de sa famille.
De la difficulté, voire de l’impossibilité de se réinsérer après être allé au bagne.
L’importance de la réputation et les préjugés qui enferment.
La manipulation des plus faibles, des plus précaires et le trafic qui en découle.
L’enrichissement sur leur dos par ceux qui sont censés les aider, tout en arrivant à se dédouaner.
C’est terrible et toujours d’actualité.
Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d'une fatalité humaine la fatalité, qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle : la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l'asphyxie sociale sera possible ; en d'autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu'il y aura ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci ne seront pas inutiles.
Quant aux dessins (Siamh, autodidacte, signe là sa première BD) et malgré quelques corps qui apparaissent tassés ou des âges indéfinissables (Cosette), ou encore des couleurs un peu trop lumineuses au vu des situations, je les ai trouvés beaux et prenants.
Ils nous immergent dans l’époque et les douleurs, créant des visages anguleux, devenant au fil des planches toujours plus durs.
L’album est soigné, avec un ruban signet jaune, et en toute fin, six pages documentaires « pour aller plus loin », et découvrir qui fut Victor Hugo, le contexte historique de son œuvre, et un petit quiz rédigé et validé par des enseignants.
Ce premier tome des Misérables est à découvrir, comme, je n’en doute pas, les quatre autres à venir !
Il participe au RDV « BD de la semaine », aujourd’hui chez Stéphie (CLIC) ; et à notre Challenge avec Nathalie « Cette année, je (re)lis des classiques 2019 ».
De Maxe l'Hermenier, découvrez aussi sur le blog l'adaptation de La Rivière à l'envers - Tomek.
Belles lectures et découvertes,
Blandine