Sous les eaux noires. Lori ROY – 2019
Publié le 10 Novembre 2019
Sous les eaux noires
Lori ROY
Editions JC - Lattès / Le Masque, 6 novembre 2019
320 pages
Thèmes : Famille, Mort, Mémoire, Transmission, Rumeur
Waddell, Floride.
Lane Fielding s’était juré, vingt ans plus tôt, de ne jamais y remettre les pieds.
Mais, suite à son divorce, la voici contrainte de revenir, accompagnée de ses deux filles, Talley (13 ans) et Annalee (17 ans).
Toutes trois s’installent dans la maison familiale, une grande bâtisse avec dépendances, qui a une histoire terrible remontant aux temps de l'esclavage.
Son père, Neil, ancien directeur de la maison de correction pour garçons attenante et qui a fermé depuis, est l'objet de rumeurs et d'accusations horribles qui font venir sans cesse et par vagues, des journalistes venus de plus ou moins loin.
Lane travaille dans un bar, celui de Rowland Jansen, et ne rentre pas toujours sobre, créant des zones d’ombre dans sa mémoire déjà malmenée.
Une jeune étudiante, blonde et avenante, Susannah, a disparu depuis peu et c'est au tour d'Annalee de disparaître aussi (elle aussi est blonde).
Le jour de la disparition d’Annalee, la mémoire de Lane est si embrouillée qu’elle ne sait même plus si elle a vu le pick-up de sa fille… que sa sœur, Talley, a vu partir depuis sa cachette du grenier.
Talley, une jeune fille discrète qui aimerait tant être intégrée mais que le passé familial relègue. Alors, elle se crée des amitiés comme elle peut…
Et tout cela remue en Lane des souvenirs bien désagréables, quand vingt-sept ans plus tôt, c’est elle que l’on recherchait…
Et il y a ce garçon qui travaille à l'église, que tout le monde connaît sans connaître, dont personne ne se souvient du nom, si discret malgré ses agissements bizarres...
Une course contre la montre s’engage.
Qui pourrait en avoir contre Annalee ? A moins qu’on en ait après Lane, après son père ? Et qu’on lui, leur, fasse payer la cruauté de ce dernier ?
Parfois, les femmes marquent une pause à ce moment-là. Elles se disent qu’une porte s’est peut-être ouverte quelque part à proximité, elles distinguent un bruit ou grattent un endroit qui les démange dans la nuque. Elles marquent une pause, et, parce que je suis attentif, je sais qu’elles retiennent leur souffle. Je retiens le mien aussi en me demandant ce qui se passerait si elles s’apercevaient de ma présence. Puis elles finissent par soupirer, rient en général doucement en se moquant d’elles-mêmes et tournent les talons. Moi aussi je soupire, et parfois je ferme les yeux pour mieux me souvenir d’elles.
Histoires de famille et recherche de vérité, secrets enfouis et silences choisis, rumeurs et réputations, suspicions et révélations, paysages marécageux un brin glauques, confèrent à ce roman une ambiance lourde, sombre, et même oppressante.
L’autrice aime créer des attentes, maintenir en haleine, faire des circonvolutions, et flouter les perceptions, notamment temporelles.
Chaque chapitre se focalise sur un personnage et ainsi nous remontons ou avançons dans le temps.
Et il faut s'accrocher pour bien suivre et ne pas être perdu(e) dans les évènements et les moments où ils se sont produits (passé ou présent).
Certains chapitres se passent au présent, quand d'autres font remonter les évènements, sans compter les souvenirs, révélés par petites touches. Ces dévoilements sont parfois si longs à nous être donnés que j’ai douté plusieurs fois de les connaître… Ce qui a parfois été exaspérant.
Je ne me suis pas attachée aux personnages, à peine à Talley .Le personnage du père, qui n’a pas un beau rôle, m’a semblé bien fade, alors qu’il y aurait eu matière…
In fine, le présent ne se déroule "que" sur trois jours, quand j'ai cru que davantage de temps s'était écoulé.
En contraste, la fin, presque trop rapide, en est presque trop lumineuse.
Pour conclure, malgré des thématiques intéressantes (et qui me touchent), Sous les eaux noires n’a pas su me (re)tenir.
Belles lectures et découvertes,
Blandine