Un mariage américain. Tayari JONES - 2019

Publié le 28 Septembre 2019

Un mariage américain

 

Tayari JONES

Traduit de l’américain par Karine LALECHERE

 

Editions Plon, 29 août 2019

 

432 pages

 

Thèmes : Etats-Unis, Couple, Amour, Racisme, rêve américain

 

 

Celestial et Roy sont jeunes trentenaires, amoureux, mariés depuis dix-huit mois (elle préfère compter en mois) et ils vivent à Atlanta.

L’avenir s’ouvre à eux et avec lui plein de promesses, notamment familiales et professionnelles.

 

A l’occasion d’une visite chez les parents de Roy, à Eloe en Louisiane, et alors qu’ils dorment à l’hôtel, leur vie bascule.

Roy est accusé de viol sur une dame qui pourrait être sa mère, Celestial a beau dire qu’il se trouvait près d’elle, rien n’y fait et un procès bâclé le condamne à douze ans de prison.

La raison : sa/leur couleur de peau.

 

Dès lors, il va leur falloir apprendre à rester ensemble, unis, même si séparés et éloignés par plusieurs centaines de kilomètres, à affronter l’absence de l’autre, de celui/celle avec qui elle/il a vécu moins longtemps que la peine annoncée.

Dormir seule ne m’a pas tuée alors et ça ne me tuera pas aujourd’hui. Mais en te perdant j’ai appris une chose au sujet de l’amour. Notre maison n’est pas simplement vide. Elle a été vidée.
L’amour se crée une place dans ta vie, il se crée une place dans ton lit. A ton insu, il se crée une place dans ton corps, détourne tes vaisseaux sanguins, bat juste à côté de ton cœur. Et quand il part, il laisse un trou.

Il leur faut se faire à leur nouvel environnement, à leur nouvelle condition, affronter les difficultés qui leur sont propres, en un mot, vivre.

Bien vite, les mots, les lettres remplacent la voix et les visites.

L’espoir de retrouver le « comme avant » est teinté d’amertume et de rancœur pour Roy.

Celestial ressent le besoin d’avancer, de créer, de contact, et c’est vers son ami de toujours, Andre, qu’elle se tourne.

 

Bien sûr, l’oncle Banks, avocat, fait tout pour le sortir de là. Et c’est au bout de cinq ans qu’il y parviendra finalement.

Mais à quel prix pour Celestial et Roy ?

On dit qu’une balle ne porte pas le nom de sa victime. Eh bien, je pense qu’on peut en dire autant de la vengeance. Et peut-être de l’amour. C’est une tornade mortelle qui frappe au hasard.

Un mariage américain, comme le rêve américain.

Auquel on veut croire mais dont on sait qu’il n’est pas plus réel qu’un fantasme, qu’un lointain et vague souvenir.

Ce roman est le récit introspectif d’un couple face à la jeunesse de leur union, à la difficulté de l’éloignement, aux rêves et espoirs approchés et brisés, aux injustices du système judiciaire américain, au racisme latent et ordinaire.

A l’image de sa (belle) couverture, c’est aussi une histoire de racines, mais dont il faut se détacher ou s’accrocher ?

 

Tayari Jones a fait le choix du roman choral (j’adore ce procédé), assorti d’un peu d’épistolaire (dans une autre graphie), pour nous retranscrire la psychologie, l’histoire, la famille, les envies, les ressentis et sentiments de chacun de ses personnages.

 

Pourtant, malgré une écriture fluide et tendre, et des thématiques qui me plaisent, j’ai eu le sentiment de rester en surface, à distance.

 

Les parents de Celestial et Roy sont appelés par leur prénom par leurs enfants, cela m’a fait bizarre.

La narration comprend de grandes ellipses et les lettres ne sont pas datées. Leur lecture permet de comprendre que le temps a passé mais pas toujours dans quelles proportions.

L’agression est à peine évoquée et le procès à peine détaillé, tout comme les procédures judiciaires (échouées comme réussie) ou la vie en prison. Pourtant, ces points sont d’importance car ils dénotent combien, même encore aujourd’hui, les Noirs sont susceptibles d’être plus stigmatisés que les Blancs.

D’ailleurs, les personnages évoquent à de nombreuses reprises le passé familial (jusqu’aux champs de coton), le fait d’habiter dans un Etat du Sud (la Géorgie), le soutien entre « frères et sœurs », la défiance qui règne toujours à l’égard de leur couleur de peau, et même entre les Noirs qui vont jusqu’à en inspecter la clarté.

A présent que j’avais quitté la voie rapide, je conduisais avec autant de prudence que si je passais mon permis. Je n’avais aucune envie d’attirer l’attention de la police, en particulier sur les petites routes de Louisiane. Si c’était arrivé à Roy, ça pouvait m’arriver à moi. En plus, non content d’avoir la mauvaise couleur de peau, j’avais une belle voiture. (…)
Apparemment, la marque plus le modèle plus la couleur de peau, ça ne pouvait que signifier qu’une chose : dealer.

Pour conclure, Un rêve américain est un bon roman mais qui m’a laissée de côté.

Peut-être en avais-je « trop » attendu au regard de sa quatrième de couverture.

 

"Avec ce portrait de la classe moyenne noire du sud des États-Unis, Tayari Jones radiographie le couple et signe une histoire d'amour tragique et contemporaine qui explore les thèmes de la famille, de la loyauté, du racisme. Caustique et rigoureuse observatrice de son temps, cette auteure reconnue outre-Atlantique s'attaque en femme de lettres aux maux qui rongent la société américaine, et parvient à donner à ce texte fulgurant et âpre tous les atours d'un grand roman."

 

 

Il participe au Challenge de Sophie Hérisson « 1% Rentrée Littéraire 2019 » et au « Mois Américain » de Martine.

 

 

 

 

 

 

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

 

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N
Oh je suis déçue aussi de vous lire car ce roman m'attirait énormément. Je vis la même chose avec un roman jeunesse dont j'attendais beaucoup (le tome 5 d'une série, vous devinerez laquelle), et je n'aime pas ce sentiment de passer à côté, d'attendre tout au long du livre...<br /> Bon week-end Blandine!
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B
La déception est malheureusement d'autant plus grande. Mais est-ce nous qui attendons quelque chose parce qu'on a cru que cela y serait (donc nous nous sommes fourvoyés) ou est-ce le livre qui ne tient pas "ses promesses"?<br /> Bref cela arrive de passer à côté (et je pense avoir deviné, oui ;-) )<br /> Bon dimanche à vous Nancy!
N
Ah zut ! Dommage ça commençait bien. ..
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B
Voilà! Après, peut-être en attendais-je trop sur des thèmes sous-jacents mais que l'autrice ne souhaitait pas développer outre mesure, préférant l'intimité à la "'cause"...