King Richard. Max VIER – 2013 (BD)
Publié le 12 Juin 2019
King Richard
Scénario et dessin de Max VIER
Couleur d’Andres J. MOSSA
Editions Paquet, octobre 2013
106 pages
Thèmes : Début XXe siècle, Technique, Aviation, Passion, Rivalité, Rêve, Angleterre
Tel Icare, Richard De Winter a toujours rêvé de tutoyer les cieux.
Adolescent, depuis les côtes anglaises, il s’élançait à fond sur son vélo, muni d’ailes de plumes et de mécanique.
Son rêve l’a rendu paraplégique mais n’a pas entaché sa passion, qui, il le sait, a sa place à prendre dans l’Histoire.
Plus qu’un simple tour de force technique, les consciences collectives sont secouées par la preuve pure et simple que rien n’est impossible.
Depuis le succès en 1903 des frères américains Wright, qui ont su faire des vols motorisés et contrôlés avec des « plus lourds que l’air », nombreux sont ceux à vouloir voler.
En 1908, à Paris, le salon de l’automobile ouvre même avec une toute nouvelle section dédiée à l’aéronautique.
Malheureusement, cette ferveur ne gagne pas les Etats européens, alors que leurs liens se distendent et qu’une guerre se profile.
En Angleterre, l’atout militaire de l’aviation n’est pas envisagé, aucun crédit ne lui est donc accordé.
Au grand dam de De Winter.
A trop vouloir franchir les limites, épater et chercher les exploits, il amène quasi systématiquement son avion, qui est un prototype et non un biplan, au crash.
Ce qui entraîne défiance et tout son argent dépensé en réparations, jusqu‘à l’endettement.
Il se console comme il peut avec un challenge démonstratif : la traversée de la Manche.
Il doit faire équipe, mais chacun dans son avion, avec Gabriel L. Montaigue, espoir sportif anglais, à qui tout semble réussir et qu’il jalouse profondément.
Surtout lorsqu’une femme, française et pilote également – à son grand étonnement-, l’accompagne.
Rivalité, rancœur et passion amèneront Richard De Winter à faire un choix peu patriotique.
Ceci n’est pas une fiction.
Du moins pas complètement.
Cet album entremêle judicieusement fiction et réalité historique pour nous raconter les débuts de l’aviation, le courage de ses pionniers, la violence de leur passion, l’engouement du public, la frilosité des autorités, avant la course à l’armement.
Les personnages principaux, anglais, Richard De Winter et Gabriel L. Montaigue, sont inventés mais inspirés de plusieurs figures réelles (Clément Ader, les frères Voisin, Alberto Santos-Dumont, Henri Farman, Hubert Latham, Louis Paulhan, etc.).
D’ailleurs, on croise brièvement Louis Blériot.
Quant à la pilote, son nom dans l’album est la Baronne Elise d’Astarac, mais il s’agit sans nul doute d’Elise Deroche (1882-1919), qui s’est renommée Baronne Raymonde de Laroche, artiste, novelliste et première femme au monde à avoir obtenu son brevet de pilote (le 8 mars 1910)
Mais cet album nous délivre aussi une leçon de courage et de persévérance qui va au-delà de son contexte historique et qui est transposable à bien des situations : c’est la volonté de réussir malgré l’handicap / les handicaps.
De fait, le scénario est riche, bien que parfois confus, d’autant que les visages de De Winter et Montaigue se ressemblent de trop.
Les récitatifs retranscrivent les pensées de De Winter.
Les planches sont riches de détails et nombreuses sont celles sans paroles.
Elles entremêlent flash-back, espoirs, utopies, peurs, prouesses et nous offrent de superbes scènes et courses aériennes, que les angles de vues et les découpages renforcent.
Un très beau (premier) album à découvrir !
Il participe au RDV « BD de la semaine », aujourd’hui chez Stephie (CLIC) ; au « Mois anglais » de Lou et Titine ; au « Petit Bac 2019 » d’Enna, pour ma 7e ligne, catégorie Métier/Fonction ; ainsi qu’à l’Objectif PAL d’Antigone.
Belles lectures et découvertes,
Blandine