Whaligoë. Tomes 1 et 2. Yann, Virginie AUGUSTIN et Fabien ALQUIER – 2013 et 2014 (BD)
Publié le 13 Mars 2019
Whaligoë
Tomes 1 et 2
Scénario de Yann
Dessin de Virginie AUGUSTIN
Couleurs de Fabien ALQUIER
Editions Casterman, 2013 et 2014
48 pages chacun
Thèmes : Ecosse, monde littéraire, références littéraires, huis-clos, Mort, Mystères
Deuxième moitié du XIXe siècle, Ecosse.
Landes, pluies et vent.
Une calèche fait halte dans un village paumé et peu accueillant du nom de Whaligoë.
En descend un couple que tout semble opposer aux habitants de ce lieu miséreux.
Sir Douglas Dogson est un dandy déchu, ex-poète à l’inspiration tarie, qui s’est enfui de Londres avec sa muse décatie et toxicomane, Speranza, suite à une sombre affaire de mœurs.
Voulant en finir à la lueur de la Lune, il est arrêté sur le fil du rasoir par une apparition féminine et spectrale dans le cimetière en contrebas.
Se pourrait-il que ce séjour inopiné s’avère finalement fertile en évènements inattendus ?
Tome 1 - 2 photos
Le lendemain, Speranza lui fait une incroyable annonce.
C'est ici que résiderait le célèbre écrivain Ellis Bell à l’œuvre unique et dont tous les salons littéraires londoniens murmurent le nom sans l’avoir jamais vu.
C’est ainsi que le couple est amené à rencontrer Branwell, le tyran local, vaniteux et amateur de combats de coqs, et sa sœur Emily.
Mais qui est Ellis Bell ?
Plusieurs personnes s'en réclament.
Et qui est cette femme ou cette apparition fantomatique du cimetière ?
Personne n’en parle.
C’est ainsi que Douglas et Speranza, chacun à leur manière liée à leur condition masculine ou féminine, en viennent à vouloir éclaircir ces mystères, condamnés qu’ils sont à rester dans ce village, suite au sabotage d’une roue et au meurtre de leur cocher.
On prétend que l’inspiration est l’ombre lumineuse de la démence… Je serais bien sot de ne pas tenter de le vérifier.
***
C’est grâce à la belle couverture du premier tome que j’ai découvert ce diptyque, son histoire et ses mystères idéalement répartis sur deux volumes. Juste assez pour maintenir le suspense, juste assez pour n’avoir pas le temps de se lasser.
Les ténèbres complices frémissent à l’unisson en ce béni jour de deuil, car tous ont perçu l’exquise rumeur, le soc joyeux du fossoyeur, le signal annonciateur d’un nouveau compagnon, d’un ami qu’on enterre…
Tome 2 - 2 photos
Ce récit, en deux temps inégaux, est placé sous le patronage d’éminentes figures littéraires du XIXe siècle qui plantent de suite un décor romantique et gothique.
Edgar Allan Poe, Mary Shelley, Oscar Wilde, Charles Baudelaire, et surtout, surtout, les Brontë (frère et sœurs) dont les noms, caractères et œuvres s’entremêlent, tant dans les mots que les dessins.
À l’image des couvertures, qui instaurent directement les ambiances, ils participent aux mystères littéraires, familiaux, et des lieux
Fins, ils expriment à merveille l’expressivité des visages et l’évanescence de l’apparition.
Les dialogues, empreints de sarcasmes, de snobisme et d’humour grinçant sont un régal à lire.
Même si je trouve que le personnage de Branwell, dans toute sa rudesse grossière campagnarde, ne saurait, ne pourrait, être si fin dans ses mots. Il s’essaye d’ailleurs à la poésie, sans convaincre ni conviction.
Nonsense ! Lorsque la plèbe prétend accéder au sublime, c’est généralement dû à une imposture…
Dans le cas contraire c’est, hélas, l’annonce du déclin d’une civilisation !
Ce diptyque savoureux participe au RDV BD de la semaine, aujourd’hui chez Noukette (CLIC); ainsi qu’au Challenge « Bristish Mysteries » de Lou.
Belles lectures et découvertes,
Blandine