La guerre des Lulus – 1918 – Le der des ders. Régis HAUTIERE et Hardoc –2017 (BD)
Publié le 20 Mars 2019
La Guerre des Lulus
1918
Le der des ders
Scénario de Régis HAUTIERE
Dessin de Hardoc
Couleurs de David FRANÇOIS et Hardoc
Editions Casterman, novembre 2017
64 pages
Thèmes : Première guerre mondiale, orphelins, amitié, aventure, Histoire, transmission
Les Lulus, ce sont quatre garçons et une fille.
Lucien, Luigi, Ludwig et Lucas sont quatre orphelins inséparables, qui vivaient dans l’Abbaye de Valencourt jusqu’à ce que la guerre éclate et que l’orphelinat soit évacué par l’Armée Française… mais sans eux, partis en forêt construire leur cabane.
C’est en allant au village qu’ils ont découvert Luce, réfugiée belge séparée de ses parents.
Leur histoire nous est racontée par l’un des quatre garçons, sans que nous sachions lequel.
*
Après avoir vécu seuls dans leur cabane en 1914 (tome 1) et relativement en marge de la guerre, ils sont rejoints et aidés par Hans, un déserteur allemand, devenu leur ami (1915 -tome 2).
Mais après sa mort, ils se sont vus contraints de fuir la région et de se réfugier un temps à Guise dans son Familistère (1916- Tome 3), avant de prendre un mauvais train, direction l’Allemagne (ce qu’ils y vécurent est racontée dans le spin-off en deux tomes – La perspective Luigi) puis d’en fuir pour la Belgique et d’y laisser Luce (1917 -tome 4).
*****
Janvier 1918, dernière année de la guerre.
Trois mois que les Lulus ont quitté Luce et qu’ils espèrent toujours gagner la Suisse.
Nous les retrouvons au cœur d’une forêt des Ardennes, dans un grand relais de chasse et face à un dilemme.
Faits prisonniers par la Société des Gentils Hommes, une organisation résistante munis d’une TSF et d’une presse typographique, ils n’ont d’autre choix que d’accepter leur proposition.
« Les deux grands », Lucien et Luigi doivent partir travailler à Charleville au Centre du Commandement du Konprinz où leur relative compréhension de l’allemand devrait leur permettre de glaner des informations.
Tandis que Ludwig et Lucas restent sur place, comme garantie.
En échange, ils les aideront à quitter la zone occupée.
C’était la première fois depuis le début du conflit que notre groupe était séparé. Même avant la guerre, à l’orphelinat, il était rare que nous nous perdions de vue plus d’une heure.
Ça nous faisait tout drôle.
Nous pensions que cette séparation ne durerait que quelques jours, quelques semaines tout au plus.
Nous nous trompions lourdement.
Mais Lucien et Luigi sont démasqués et envoyés sur le Front.
Tandis que Lucas et Ludwig sont, comme promis, emmenés vers les Pays-Bas.
Mais une certaine retrouvaille leur fait craindre le pire… à raison…
****
C’est avec un pincement au cœur que j’ai commencé ce dernier tome, et c’est avec tristesse que je l’ai refermé.
Séparés, meurtris, dans de bien fâcheuses postures, que va-t-il advenir d’eux ?
Eh bien, je serai aussi le dernier !
T’entends, Lucien, je serai le der des ders !
Je serai ton copain jusqu’à la mort !
Et comme la Der des ders ne l’a pas été, la fin du Der des ders ne s'arrête pas là et nous promet des réponses dans un second cycle d’après-guerre.
Elle nous permet aussi de voir le visage de celui qui nous raconte leur histoire bien longtemps après ces évènements, aujourd’hui, sans que son nom ne soit prononcé autrement que par « Pépé Lulu » (j’ai ma petite idée).
Seuls moments lumineux avec quelques autres, comme avec le petit Albéric, ou comme Luigi et son addiction à la confiture ou les cabanes dans les arbres, fil rouge entre tous les tomes, qui apportent un peu de légèreté.
On n’est jamais trop vieux pour construire une cabane.
Ce tome est bien plus triste, grave, sombre que les précédents alors que le conflit est enfin terminé … mais sur quel bilan ! En trois cases, tout le désarroi qu’il a occasionné est retranscrit : tristesse, souffrances et pertes.
La guerre a rattrapé les Lulus avec son lot de sang, de blessures, d’horreurs et de trahisons.
Ils n’avaient pourtant pas été épargnés jusque-là, perdant toujours plus de leur innocence, grandissant assurément trop vite au fil des tomes et des épreuves.
Le dessin reflète cette intensité et cette tension latente.
Et il me tarde déjà de les retrouver pour, d’abord combler les zones d’ombre de leur passage en Allemagne et ensuite connaître les circonstances de leurs retrouvailles.
C'est en partie chose faite avec la présentation du premier tome de La Perspective Luigi 1916, avec Enna.
Les dernières pages, à la façon journal de l’époque sont toujours aussi belles, notamment avec les Lulus croqués ici par d’autres dessinateurs et/ou en compagnie d’autres héros.
Si vous n’avez pas encore fait connaissance avec les Lulus, il vous faut y remédier ! Ils ne pourront que vous plaire et vous émouvoir !
Cet album participe au RDV BD de la semaine qui se déroule aujourd’hui chez Stephie (CLIC) ; à mon Challenge dédié à la Première Guerre mondiale ; et au Challenge « Je termine ce que j’entreprends » de Pauline.
Découvrez aussi les avis de Jérôme, Saxaoul ;
Belles lectures et découvertes,
Blandine