Virginia - Tomes 1-2-3. Séverine GAUTHIER et Benoît BLARY -2013 à 2015 (BD)
Publié le 27 Février 2019



Virginia
Tome 1 – Morphée – Janvier 1863, Lake Providence
Tome 2 – Delirium tremens – Février 1863, Lake Providence
Tome 3 – Providence – Mars 1863, Lake Providence
Scénario de Séverine GAUTHIER
Dessin et couleurs de Benoît BLARY
Editions Casterman, 2013 à 2015
56 pages chacun
Thèmes : Etats-Unis, Guerre de Sécession, Western psychologique, Esclavage, Culpabilité, Fantastique

Résumé des trois tomes :
Guerre de Sécession, 1863, Etat de Louisiane.
Doyle est un soldat Confédéré (= Sudiste) en fuite.
Alcoolique et camé, il pille les cliniques et cabinets médicaux des villes qu’il ne fait que traverser pour se procurer de la morphine.
Sans but, il souhaite seulement ne plus voir le fantôme d’une fillette au trou béant et rouge sur la poitrine.
A Tallulah, il sauve bien malgré lui une fillette noire de la pendaison en tuant ses ravisseurs blancs.
Ce n’est pas son corps à elle qu’il voit et qui le supplie de l’épargner, mais celui de cette petite fille blanche.
Emprisonné, tabassé par ses geôliers qui ont découvert son carnet de dessins et son statut militaire, en manque et donc en plein délire, il est sauvé par le père de la fillette, Sam, qui mène tout un groupe d’esclaves qui se sont auto-affranchis et réfugiés dans le Bayou de Steele.
Mais les troupes Yankees, menées par le général Grant, et celles des Confédérés (mal en point) convergent vers le Bayou, devenu un enjeu crucial de la Guerre.
Nous sommes des hommes libres, Doyle.
Beaucoup d’entre nous ont dû tuer pour ça.
Nous ne nous soumettrons pas à un nouveau maître blanc. Nous ne combattrons pas dans l’armée de Grant. Cette guerre n’est pas la nôtre. Ils ne se battent pas pour notre liberté. C’est illusoire de le penser.
Bien qu’indifférent à leur cause, Doyle consent à rester avec les Noirs, à les assister dans leur dernière expédition dans une plantation non loin pour délivrer les esclaves qui pourraient l’être encore. Mais ce qu’ils découvrent sur place est effroyable.
Il accepte aussi de les aider à sortir indemnes du Bayou, dont les eaux sont brusquement montées.
Malheureusement, les choses tournent mal…
Tome 1 - 2 photos
Voici pour la partie historique de ce récit, plutôt fidèle à ce qu’il s’est réellement passé, bien que certains noms et dates aient été transformés/changés et que j’aie eu quelques interrogations quant aux uniformes.
En soi, cela est très intéressant !
Mais ce qui fait toute l’originalité et l’intérêt de ce triptyque tient à son côté fantastique et psychologique magnifiquement dessiné par Benoît Blary (son style me renvoie à celui de Grazia La Padula, sauf pour les visages), dont les couvertures sont de magnifiques prémices !
Chaque tome s’ouvre sur un portrait de Doyle à différentes époques et qui présage de la suite.
Tome 2 - 2 photos
Entre chaque phase narrative relatée au-dessus et mise en images par un dessin à l’encre et au lavis dont les couleurs retranscrivent parfaitement leurs atmosphères sales, glauques et oppressantes, s’intercalent des flashbacks qui nous permettent de reconstituer et mieux comprendre l’homme et le soldat Doyle.
Dans le tome 1, ces flashbacks sont dessinés aux crayons de couleurs et nous montrent l’origine de sa dérive.
Caporal et sharpshooter (tireur délite), il avait pour mission de tuer le Général Yankee Bedgwick mais étant pressé par les ordres, sa balle le tue mais aussi sa petite fille qu’il tient dans ses bras.
Dans le tome 2, alors que le sevrage le malmène, nous voyons un peu de son enfance et ce qu’il a découvert quant à sa femme, dans des planches sans cases, au dessin à l’encre et aux couleurs appuyées.
Dans le tome 3, retour aux crayons de couleurs, aux teintes de plus en plus rouges, pour nous montrer comment et pourquoi il a fui l’armée avec son meilleur ami Parks, et ce qui leur est arrivé.
Tome 3 - 2 photos
L’alternance des époques permet d’entrelacer ces différents styles graphiques parfaitement maîtrisés, rendant ainsi inutiles tout dialogue ou récitatif. De fait, nombreuses sont les planches sans aucun texte.
Elle permet aussi de mettre à la suite des évènements du passé comme du présent dans une parfaite continuité visuelle et narrative.
Quant au « Virginia » du titre, il revêt différentes significations que je vous laisse le soin de découvrir !
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Cet album participe au RDV « BD de la semaine », aujourd’hui chez Stéphie (CLIC); à l’ « African American History Month » d’Enna ainsi qu’à son « Petit Bac 2019 » d’Enna, pour ma 5e ligne, catégorie Prénom.



Belles lectures et découvertes,
Blandine
