La Solitude des méduses. Iria COLLAZO LOPEZ - 2018
Publié le 22 Octobre 2018
La Solitude des méduses
Iria COLLAZO LOPEZ
Traduit du galicien par Vincent OZANAM
Editions Solanhets, février 2018
Publié en Espagne en novembre 2016 sous le titre A soidade das medusas
96 pages
Thèmes : Nouvelles, solitude, folie, rêve, symboles
La Solitude des méduses est un recueil de six nouvelles qui explorent toutes la notion de solitude, la manière de la vivre, de la ressentir, de la désirer ou de la fuir, ce qu’elle permet ou présage.
Toutes se répondent et entremêlent leurs personnages et leurs histoires.
Ils se croisent, se rejoignent ou s’observent, assistent aux mêmes événements mais selon différents points de vue.
Ainsi rencontrons-nous :
Naufragé :
Un écrivain angoissé par la page blanche qui sombre dans la folie, tente de faire fuir une araignée, d’écrire un SOS.
Oiseau de passage :
Une vieille dame alitée qui observe le comportement atypique d'une jeune femme depuis le cadre de sa fenêtre alors que se trouve au pied de son lit le cadavre de son aide-soignante, foudroyée par une crise cardiaque
Tête d’affiche :
Un personnage de roman qui perd consistance car son auteur ne l’écrit plus… Alors elle s’abandonne dans son art, le piano.
Toc :
Une jeune fille qui nous raconte son attirance pour le bizarre, la nécessité de ses TOC jusqu’à l’impensable délivrance par la course d’une fillette.
Le grand-père :
L’attente d’un gendre au chevet de son beau-père, plongé dans le coma suite au jet d’une montre venue de nulle part, et qui se remémore les souvenirs de sa relation avec celui-ci.
Sweet child of mine :
L’arrivée d’une mère et de sa fille, fuyant la violence d’un mari et père, et arrivant en ville, où la jeune adolescente voit une méduse dans un aquarium.
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C’est le titre qui m’a attirée vers ce recueil.
J’aime les méduses, leur danse fascinante presque hypnotique, leur apparente indifférence laissant penser qu’elles se laissent flotter, porter.
Et puis, la solitude…
Ce recueil nous permet donc d’aborder six manières de vivre la solitude.
Des façons subies pour la plupart même si les personnages ne les ressentent pas forcément ainsi.
L’écriture d’Iria Collazo López est pleine d’images, de symboles, de métaphores, qu’il n’est pas toujours simple de suivre ou de se représenter. Elle est à la fois belle et insaisissable, conférant de la lenteur à chaque nouvelle (sauf la dernière).
Un recueil qu’il m’a plu de lire, bien que je lise les nouvelles très lentement – car je n’aime pas les enchaîner, même si elles sont liées - mais dont je crains qu’il ne me reste pas grand-chose.
Extraits choisis :
Blanchissant délicatement l'atmosphère humide de la chambre, un éclair solitaire dessinait des fils de lumière méridienne, sur lesquels la clarté avançait comme une funambule intrépide vers les yeux de la fille. Elle léchait les creux des murs de ma petite pièce pour aller se déposer sur les objets avec douceur, avec déférence, en s'excusant presque de sa majestueuse et implacable irruption ; elle voguait dans l'espace avec la maîtrise experte du loup de mer conquérant l'océan réduit de la chambre.
C’étaient des légions de lettres évanouies qui dégoulinaient sur sa peau, comme les vestiges de mots qui n’avaient jamais été écrits.
J’avais toujours été terrifiée de ce qui aurait pu m’arriver. C’est étrange car, après tant d’années, c’est la première fois en fait que je n’ai éprouvé aucune peur. Et c’est à cet instant qu’a cessé de m’être interdit le franchissement de tous les déserts, de toutes les rivières foisonnantes, de toutes les contrées inexplorées.
Si elle avait pu échafauder une quelconque hypothèse dans sa tête, Milena Rose aurait trouvé des réponses dans la mort, dan le malheur, dans la barbarie. Si elle l’avait pu, elel aurait rendu grâce de ne pas avoir la faculté d’abstraction, d’intuition, qui conduit les êtres humains à vivre en tirant d’une main sur la corde du passé pour tenter qu’elle rejoigne, toujours, encore et encore et d’infructueuse manière, le fil de l’avenir.
Merci à Masse Critique de Babelio ainsi qu’aux Editions Solanhets
Ce recueil participe au Challenge « Petit Bac 2018 » d’Enna pour ma 11e ligne, catégorie Animal.