Gustave Eiffel et les Âmes de fer. Flore VESCO – 2018 (Dès 12 ans)
Publié le 30 Août 2018
Gustave Eiffel et les Âmes de fer
Flore VESCO
Illustration de couverture par Rémi SAILLARD
Editions Didier Jeunesse, mai 2018
224 pages
Dès 12 ans
Thèmes : Histoire, Fantastique, Mystère, Amour
Bien sûr, vous connaissez Gustave Eiffel et ses réalisations, avec en premier lieu, la Dame de Fer.
Et pourtant… Savez-vous qui il était vraiment, dans sa jeunesse notamment ?
Non ?! Alors laissez Flore Vesco vous le conter…
Dans un récit mené tambour battant, au sein d’un décor historique avéré (la Révolution industrielle), auprès de personnages ayant réellement existé, et auxquels elle confère une double destinée, Flore Vesco nous transporte dans une intrigue fantastique et tout à fait crédible.
Ce roman est la suite de Louis Pasteur contre les loups-garous, mais il peut se lire tout à fait indépendamment – comme je l’ai fait.
Paris, 1855.
Gustave Eiffel, jeune homme de 23 ans sans le sou, découvre dans le journal une petite annonce tournée bizarrement mais qui l’attire irrémédiablement: des cordonnées de longitude et latitude, une hauteur, une date, et un horaire.
Il la déchiffre et se retrouve dans un immeuble délabré, parmi d'autres jeunes hommes (dont Alfred Nobel avec qui il se liera d'amitié).
Là, il participe à plusieurs épreuves (logique, calcul, concentration et force), dirigées par un homme qu’il a mis du temps à reconnaître : Louis Pasteur.
A l'issue de celles-ci, ce dernier l'emmène dans une cave voir un Nain, qui se fait appeler l'ordinal, puis Gustave les suit sous une statue du Jardin du Luxembourg, avant de découvrir une société secrète, la S.S.S.S.S.S. (Société Super Secrète des Savants en Sciences Surnaturelles).
Nulle créature surnaturelle n’a provoqué la Révolution Française. Mais dans les années qui ont suivi, la France s’est retrouvée plongée dans un chaos politique, ajouta-t-il. Or, pendant des siècles, la royauté avait surveillé en secret les phénomènes paranormaux, et caché leur existence au peuple. Après la Révolution, le pouvoir en place s’est trouvé débordé. Aujourd’hui, la situation n’a pas changé. Les gouvernements se succèdent. La menace surnaturelle n’est plus, de loin, leur priorité. C’est pourquoi j’ai fondé cette Société.
Je suis persuadé que la science est notre meilleure arme pour observer et affronter les créatures fantastiques. Nous recrutons de jeunes esprits scientifiques, et les formons à devenir des savanturiers : des combattant-chercheurs, à l’aise aussi bien dans un laboratoire que sur le champ de bataille.
En choisissant de l’intégrer, il subit (le mot est juste !) un intense entraînement physique avant de se retrouver investi de sa première mission: localiser un mystérieux phénix dans la manufacture de métallurgie Aldinni & Cie, basée à Levallois-Perret.
Sa couverture: la place de contremaître.
En parallèle de ses recherches menées non sans danger, Gustave n'en oublie pas pour autant son "métier" et change plusieurs choses dans l'usine, en faveur des manœuvres et en augmentant la productivité, nous faisant ainsi connaître le langage (fascinant) de cette industrie.
L’oreille était assaillie par mille bruits discordants : partout on clouait, vissait, rivait, écrouissait, sciait, escapoulait, calorisait, rabotait, corroyait, étampait, décottait, corrodait, mazéait, grenaillait, ébrondait, dolait, dulcifiait, emboutissait, laminait, crampait, ébarbait, burinait, pilonnait, cinglait, brasait et brocardait.
Mal à l’aise en société, Gustave est un garçon peu sûr de lui, qui calcule tout, perfectionniste mais adepte de calembours douteux autour du métal.
Très vite, il ressent dans l’usine une atmosphère étrange, des secrets, qui émanent des machines comme des hommes, jusqu’au patron lui-même.
Des évènements mystérieux l’interpellent, alors qu’une jeune fille fait chavirer son cœur…
Une nuit particulière, et unique, lui apportera toutes ses réponses.
J’ai adoré ce roman qui m’a tenue en haleine quasi tout du long.
Il se divise en deux temps.
Le premier, entre l’annonce et le début de la mission, est relativement court. C’est dans la seconde partie, celle de la mission, que Flore Vesco m’a littéralement happée, me transportant dans cette usine, parmi ses bruits, fumées, odeurs, attitudes. Ses précisions de vocabulaire technique m’ont réjouie.
J’ai adoré le nom des chapitres, exemple : Alliage du chapitre 6 : 40% de zinc / 60% de première rencontre / 1 crochetage de serrure
Et je suis admirative de l'imagination déployée par l'autrice pour construire son intrigue, nous faisant « réellement » côtoyer Gustave et frémir pour lui, d’autant qu’on s’y attache très vite. Impossible de lâcher le livre avant de l’avoir terminé !
Le récit insère de-ci delà des évènements et réalisations de sa vie future... ainsi vous saurez pourquoi il a réalisé la Dame de Fer^^
La dernière partie du roman est documentaire, pour en savoir plus sur Eiffel, Nobel, Pasteur, la Première Exposition universelle, la Fée Electricité, etc. . Elle est rédigée avec beaucoup d'humour et de malice. Elle est un régal à lire !
En marchant, Gustave s’autorisa à rêver un peu. Il imagina que dans plusieurs années, de nouvelles générations de recrues trouveraient son rapport dans les archives de la S.S.S.S.S.S. Peut-être même que l’une d’elles, qui serait un peu écrivain en herbe, aurait envie de s’inspirer de ce compte-rendu pour écrire un roman. Cet écrivain s’écarterait un peu de la réalité, il imaginerait un récit épique, survolté, et ainsi Gustave verrait son nom associé à des aventures merveilleuses.
Par jeu, Gustave chercha un titre à ce roman. Bien sûr, il faudrait un jeu de mots. Une référence au métal. En fer et damnation ? Non, ce n’était pas satisfaisant. Soudain, seul, au milieu de la rue, il s’exclama :
-Les Zincroyables aventures de Gustave Eiffel !
Voilà un récit qu’on aurait eu envie de lire.
Et Flore Vesco l’a fait !
Pour conclure, Gustave Eiffel et les âmes de fer est intrigue historico-fantastique haletante une quête initiatique haletante, aux rebondissements multiples, et qui ne demande qu’à être poursuivie.
Y aura-t-il une suite ? Je l’espère !
Merci aux Éditions Didier Jeunesse.
Ce roman participe au « Petit Bac 2018 » d’Enna, pour ma 9e ligne, catégorie Prénom