Dix nuits Dix rêves. Yôko KONDÔ. D'après le roman de SÔSEKI – 2018 (Manga)

Publié le 23 Août 2018

Dix nuits

Dix rêves

 

Yôko KONDÔ

D'après le roman de Natsume SÔSEKI (1908)

Traduit du japonais par Patrick HONNORÉ

Editions Philippe Picquier, 23 août 2018 (Japon, 2017 sous le titre Yume jûya)

 

160 pages

 

Thèmes : Japon, Nuit, Peurs, Confiance en soi, Transmission

 

C’est dans le journal Asahi, en 1908, que Sôseki a publié ce recueil de dix nouvelles.

Dix nouvelles pour dix nuits, dix rêves ou plutôt cauchemars.

Première nuit

Un mari veille son épouse qui se meurt.

Avant de s’éteindre, elle lui fait promettre de l’attendre au bord de sa tombe qu’il aura lui-même creusée.

Bien qu’abasourdi, il accepte et l’écoute lui décrire ce qu’il devra faire pour permettre leurs retrouvailles.

 

Deuxième nuit

Un homme, dont on ne voit pas le visage, mais dont on sait qu’il est issu d’une famille de samouraïs, rentre d’un entretien, stérile, avec un moine. Amer, assailli d’émotions et de visions contraires, il ressasse les paroles du moine, qu’il interprète comme des reproches et estime qu’il n’aura de repos qu’à une seule condition, funeste.

 

Troisième nuit

Un homme porte sur son dos un enfant qu’il ne connaît pas mais qu’il devine être son fils.

Le petit garçon, environ 6 ans, a le crâne rasé, les yeux crevés, la voix d’un enfant mais les mots et l’assurance d’un adulte.

Et c’est lui qui guide l’homme.

Seul ce gamin collé dans mon dos persistait à éclairer par sa seule existence mon passé,
mon présent,

mon futur…

Quatrième nuit

Un vieil homme peu causant part d’une auberge, joue un tour à des gamins, et l’un d’entre eux le suit, la tête plein de questions, vers la rivière, dans laquelle s’engouffre sans hésitation l’homme.

Cinquième nuit

Un guerrier vaincu choisi de mourir mais demande une dernière faveur : revoir son aimée.

Elle lui est accordée et la femme a jusqu’au chant du coq pour arriver…

Fourbe, le vainqueur ne lui en laisse pas le temps et les dupe, provoquant ainsi plus d’une mort.

 

Sixième nuit

Un promeneur voit un sculpteur édifier en pleine rue un Roi Céleste. Il est persuadé d’être en face d’un certain artiste mais sa rationalité s’y oppose.

Il est à la fois subjugué et envieux du talent de l’homme, persuadé qu’il peut faire de même, à plus petite échelle.

 

Septième nuit

Sur un paquebot, un homme se questionne. Des interrogations à la fois naïves et existentialistes l’assaillent. Il ne sait pas où il en est, ni où l va, au sens propre comme au figuré.

Ce qu’il sait, comprend, c’est son inadéquation au monde, son impression constante de non connaissance, de n’avoir pas de/sa place là où il est, avec ceux qui l’entourent, même s’ils sont inconnus.

Et ses doutes n’ont de cesse de l’assaillir…

Ma vie est comme l’onde sur laquelle je vogue…
La vie est un voyage sans rivage…
A la dérive… A la dérive…

 

Huitième nuit

Un homme entre chez un barbier, s’assoit et observe le monde qui évolue dans et devant le salon par le prisme du miroir qui lui fait face.

C’est à la fois un jeu fascinant et troublant. Il reconnaît des passants, observe des heurs, entend des potins, se fait des idées.

 

Neuvième nuit

Un homme, samouraï, mari et père, est parti à la guerre il y a bien longtemps déjà.

Sa femme et son jeune enfant l’attendent. Dans leurs paroles, dans leurs gestes.

Leur vie n’est plus qu’attente et espoir.

 

Dixième nuit

Deux hommes discutent d’un de leur ami commun, victime d’un accident peu banal, suite à sa rencontre avec une femme inconnue.

Depuis plongé dans un commun, leur intérêt, au-delà du potin, se centre sur le panama du jeune homme, que chacun convoite.

 

Le rythme de ces nouvelles est lent.

Le dessin très épuré, minimaliste, instaure une distance même si les visages sont très expressifs.

Et comme les rêves dont le réveil fait fuir les formes et les détails, il ne subsiste à leur lecture qu’une impression plus ou moins fugace à la fois dérangeante et poétique. Peu m’ont réellement touchée, mais deux ont imprimé leurs marques : la troisième et la septième.

 

Chacune a son atmosphère, aucune n’est vraiment liée, mais toutes sourdent une angoisse latente.

Réminiscences, souvenirs, Mort, peurs, insertions fantastiques, abandon, solitude, tristesse… Transmission

Chacun des dix personnages, tous masculins, mais de tout âge, sont autant d’hier que d’aujourd’hui… Leurs « rêves » sont très actuels et pourraient être vécus, ressentis par des contemporains car les thématiques abordées par Sôseki sont intemporelles, rapprochent les Hommes par-delà les temps et les frontières. Certaines font écho à des histoires, des légendes d'alors, mais que nous ne faisons qu'effleurer.

 

Le manga se clôt sur une postface de l’auteure qui raconte la genèse et la réalisation de ce projet.

Merci aux Editions Philippe Picquier

Ce manga participe à notre challenge avec Nathalie « Cette année, je (re)lis des classiques » ; au « Petit Bac 2018 » d’Enna, pour ma 8e ligne, catégorie Temps qui passe ; et au Challenge « 1% Rentrée Littéraire » de Sophie Hérisson.

 

 

 

 

 

 

 

De Sôseki, je vous ai présenté l’adaptation manga de son roman La Porte (Editions Philippe Picquier).

Pour en savoir davantage sur cet écrivain, CLIC

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

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B
ça y est, je viens de le terminer et je suis assez perplexe. Je ne sais pas trop quoi en penser. La plupart des histoire ne m'ont pas vraiment touché, je ne les ai même pas comprise. La seule qui me marque vraiment c'est la troisième avec l'homme qui porte un enfant sur son dos. En tout cas merci beaucoup pour cette découverte, j'avais envie de le lire et voilà que c'est chose faite grâce à toi :)
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B
Je suis heureuse de t'avoir permis de les découvrir. En effet, il ne me reste pas grand-chose de ces histoires (sauf la 3e et la 7e), hormis le sentiment d'être passée à côté ou de ne les avoir pas saisies.