Proies faciles. Miguelanxo PRADO – 2017 (BD)
Publié le 11 Juillet 2018
Proies faciles
Scénario et dessin de Miguelanxo PRADO
Traduction de Sophie HOFNUNG
Editions Rue de Sèvres, janvier 2017 (Espagne, 2016)
96 pages
Thèmes : Espagne, Vieillesse, Polar, Enquête, Crise économique, Chronique sociale
C’est grâce aux « bulleurs du mercredi » que j’ai découvert cet album.
Bien que la couverture ne me plaise pas spécialement, le fait qu’il se passe en Espagne comme son sujet (réel et contemporain) ne pouvaient que m’attirer.
Même si sa lecture et sa fin laissent un sentiment de tristesse et de gâchis, je ne regrette absolument pas de l’avoir acquis.
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Espagne, région de Galice, mars 2014.
Six jours, six morts.
Hommes et femmes, dans divers lieux, apparemment sans lien, des causes qui pourraient être naturelles, mais devant le nombre, qui sont forcément suspectes.
Tous appartiennent au milieu bancaire, tous sont des responsables, à différents échelons.
Qui en est l’auteur ? Un tueur en série, une organisation terroriste ?
Pour l’Inspectrice Olga Tabares et son adjoint, l’inspecteur Carlos Sotillo, il faut faire vite, ne pas alerter les médias et taire leurs convictions.
Au fil des pages et des cases en noir/gris et blanc réalisées aux crayon, craie et lavis, qui accentuent la dureté du récit, les interrogations et les fatigues des personnages, nous suivons leur enquête, leurs pistes, les pressions ou tensions, les interrogatoires, les motivations…
Le scénario fait quelques flashbacks pour éclairer d’une manière bien cruelle le présent, en rien fictif et très amer.
On sait très vite qui a tué et comment, mais là n’est pas l’important.
Le but de cet album est plus de dénoncer un scandale que de maintenir un suspense.
Il nous apporte un regard, une réflexion sur la notion de justice, notre système économique (politique et social) actuel, que ce soit en Espagne ou ailleurs, inversant les rôles entre coupables et victimes, suscitant une empathie, un attachement, pour ces « proies faciles », qui se fustigent tant et se retrouvent acculées « par leur faute ».
Et la prétendue morale de ce conte pervers, raconté par ceux qui battaient les cartes et les distribuaient, était que les responsables de cette regrettable situation n’étaient autres que les perdants eux-mêmes. C’est aussi simple que ça. Dans cette époque troublée pour plein d’autres raisons, nus savons que la stratégie, dans la dialectique du prédateur, repose sur un principe : convaincre la victime qu’elle est l’unique responsable de ce qui lui arrive. C’est l’aboutissement suprême, le coup de maître qui garantit l’impunité et la pérennité de la soumission.
Un grand sentiment de tristesse et de fatalité accompagne cet album engagé mais il ne se clôt pas sur cette note, offrant une action possible.
Cet album participe au "Challenge des 12 Thèmes" du Salon des Précieuses, ainsi qu’à l’ "Objectif PAL" d’Antigone.
Découvrez aussi les avis de Jérôme; Mo; Mylène;
Belles lectures et découvertes,
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