84, Charing Cross Road. Helene HANFF - 2001
Publié le 3 Juin 2018
84, Charing Cross Road
Helene HANFF
Traduit de l'anglais par Marie-Anne DE KISCH
Postface de Thomas SIMONNET
Le Livre de Poche, 2001
160 pages
Thèmes : relation épistolaire, livres, Etats-Unis/Angleterre, l’après deuxième guerre mondiale, amitié
En 1949, Helene Hanff a 33 ans, a écrit quelques pièces de théâtre mais sans grand succès, d’autant que la guerre est passée par là.
Elle décide de s’auto-instruire pour acquérir une vraie culture classique et certains ouvrages lui apparaissent indispensables pour cela, mais ils sont introuvables sur le marché américain ou publiés dans des éditions qu’elle exècre.
Elle repère une petite annonce d’une librairie londonienne, Marks & Co, située au 84, rue Charing Cross Road et leur adresse aussitôt une missive pour qu’ils résolvent, à moindre coût ses « problèmes ».
C’est ainsi qu’une correspondance longue de vingt ans naquit, mettant à l’honneur les livres, le monde de l’édition et le métier de libraire, comme l’amitié.
QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE SINISTRE BIBLE PROTESTANTE QUE VOUS M’AVEZ ENVOYÉE ?
Pourriez-vous avoir l’amabilité de faire savoir aux gens de l’Eglise d’Angleterre (qui que ce soit qui leur ait donné envie de tripatouiller la Vulgate) qu’ils ont bousillé une des plus belles proses jamais écrites ? Ils brûleront en enfer pour ça, vous pouvez me croire !
(…)
Je joins 4 dollars pour payer les 3,88 dollars que je vous dois, offrez-vous un café avec les 12 cents restants. Il n’y a pas de bureau de poste près de chez moi et je ne vais pas courir au diable vauvert, jusqu’à Rockefeller Plaza, et faire la queue pour faire un mandat de 3 dollars et 88 cents. Si j’attends d’avoir un autre motif pour y aller, je n’aurai plus les 3,88 dollars. J’ai une confiance absolue dans la poste américaine et dans le service postal de Sa Majesté.
Au gré des demandes, des réponses et des expéditions, une relation amicale se noue entre son principal interlocuteur, Franck Doel et sa famille, les autres employés de la librairie.
Le quotidien d'après -guerre tient une place importante dans cette correspondance nous décrivant les rationnements alimentaires, le prix de la vie, les loisirs culturels, la possibilité d'avoir une voiture et à quel prix, la santé des uns et des autres, leurs nouvelles.
On propose à Helene d’écrire pour les enfants ainsi que des scénarii pour la télévision, ce qu’elle accepte.
Bien vite, ce ne sont plus seulement des livres, des lettres et des mandats qui circulent entre eux, mais aussi des denrées, des tissus, des cadeaux.
Chère Mademoiselle [Hanff] :
Je ne sais pas du tout comment vous exprimer ma gratitude pour le superbe paquet contenant toutes sortes de bonnes choses à manger que vous m’avez envoyé et qui est arrivé aujourd’hui. C’est la première fois de ma vie que je reçois un colis.
Le ton de Franck (ou de ses collègues, famille ou amis) est toujours courtois, posé, affable mais tout de même teinté de sympathie puis d’emphase, quand celui d'Hélène est toujours spontané, parfois colérique ou autoritaire, souvent humoristique ou cynique...
La postface du livre nous apprend comment ces lettres ont été publiées (en 1969), assurant à l'auteure une renommée, qui l’emmène à Londres en 1971 (mais trop tard pour rencontrer Franck Doel et visiter la librairie). Un téléfilm, une pièce de théâtre, un film confirment le succès de cette correspondance mais cela ne l'empêche pas de mourir dans la misère.
A bien des égards, cette correspondance m'a fait penser au, superbe, roman Le cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Anne Barrows.
Merci à Nathalie (à nouveau) pour la découverte de ce livre – découvrez son avis ici.
Il participe à notre Challenge « Cette année, je (re)lis des classiques » (5/6), au « Mois anglais » de Lou et Cryssilda, et avec un peu de retard, au Challenge des Douze Thèmes du Salon des Précieuses.
Grâce à Pauline du blog Entre Les Pages, je découvre qu'il existe une suite - lorsqu'Helene a enfin pu prendre des vacacnes et se rendre en Angleterre: La duchesse de Bloomsbury Street. Son billet ICI.
Belles lectures et découvertes,
Blandine
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