Marcinelle 1956. Sergio SALMA – 2012 (BD)

Publié le 2 Mai 2018

Marcinelle

1956

 

Scénario et dessins de Sergio SALMA

Editions Casterman, collection « Ecritures », octobre 2012

 

256 pages

 

Thèmes : Italie, Belgique, charbon, pénibilité, nostalgie, catastrophe, immigration

 

Marcinelle est une ville de Belgique, située en Wallonie, non loin de Charleroi.

Son histoire est intimement liée à l’industrie de la houille.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le pays est exsangue, et le gouvernement se lance avec force dans le développement de l’industrie de l’énergie. C’est la « Bataille du charbon ».

 

Afin de l’extraire de ses entrailles, la Belgique fait appel à de la main d’œuvre étrangère (les Belges ne voulant pas être mineurs) - dans la lignée de la CECA -  à grand renfort de plans sociaux attractifs, pour une durée de cinq ans : salaires, jours de congés supplémentaires, billets de trains gratuits…

 

C’est ainsi que de nombreux Italiens, sans emploi, quittèrent leur pays pour le nord…

Mais la Belgique, si elle avait mis les moyens pour les attirer, n’avait anticipé ni leur installation pérenne, avec la venue de leur famille, ni la modernisation des infrastructures.

Source

Le 8 août 1956, au charbonnage du Bois du Cazier de Marcinelle, un wagonnet mal placé et une incompréhension (de travail mais aussi langagière) entre le sous-sol et la surface entraînent un important incendie et la mort de 262 hommes, dont de nombreux Italiens.

 

Mais si l’album s’ouvre et se clôt sur ce drame, il se centre en réalité sur la vie des Italiens, les « Macaronis », sous le ciel gris et pluvieux de Marcinelle.

Et par extrapolation à tous les immigrés de par le monde, et les époques. 

 

L’Italie perdure en eux et elle n’a de cesse de se rappeler dans leurs conversations quotidiennes ou sur leur retour (pour les congés ou définitivement – mais quand ?), dans les familles, les fêtes, quelques objets…

Sergio Salma, lui-même fils d’un immigré italien, et né en 1960 en Belgique, axe son récit sur Pietro Bellofiore, son quotidien et sa désillusion.

On le suit durant sept mois, de janvier à ce fameux jour d’août 1956.

Levé à cinq heures, trajet jusqu’à la mine dans la nuit, la « salle des pendus », la descente, le repas dans la mine, la remontée, la douche, le retour dans la nuit.

Sergio Salma fait défiler les jours, tous similaires, avec juste un nouvel aspect pour nous lecteurs, dans des cases silencieuses, mais assourdissantes de bruit et oppressantes de crasse.

Mais un jour de pluie, le train-train de Pietro s’enraye.

Sa Vespa glisse sur les pavés mouillés et une dame se penche au-dessus de lui.

Françoise est blonde, jolie, avenante, bavarde, le salue lorsqu’il passe devant chez elle, l’invite à prendre un café…

Très vite, elle occupe ses pensées, cassant la morosité des jours et des gestes… et les racontars enflent.

 

C’est une triste histoire, empreinte de réalité, que nous offre Sergio Salma.

Ses dessins, en noir et blanc, au trait épais, nous immergent dans cette atmosphère lourde, sale, à l’air vicié par la houille. On a le sentiment de l’inhaler. Le sort des chevaux de trait condamnés à mourir sous terre est glauque. Des reproductions d'affiche, censées encourager au labeur, jalonnent les mois.

La dureté des conditions de travail, la nostalgie qui embellit le pays natal, la communauté soudée mais aussi enfermante, l’indicible, tout est retranscrit et transposable, à ailleurs, à aujourd'hui.

 

Le dossier de quelques pages, fermant l’album, est très intéressant pour bien nous transporter dans l’époque, les lieux, la genèse de ce projet, qui rend hommage à tous les mineurs du Bois du Cazier.

Ce roman graphique participe au RDV BD de la semaine qui se passe aujourd’hui chez Moka (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC), au « Mois italien 2018 » chez Martine et au « Petit Bac 2018 » d’Enna, pour ma 5e ligne, Catégorie Passage du temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est avec le magnifique album « Mon papa pirate » de Davide Cali et Maurizio A.C. Quarello (Sarbacane) que j’ai découvert que des Italiens étaient partis travailler dans les mines de charbon de Belgique.

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

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N
Une collection que j'aime beaucoup ! Et l'histoire me tente bien, je note !
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B
J'en suis ravie :-) Oui cette collection recèle de très beaux albums!
A
Très tentée, pour le thème, le côté documentaire, et cette collection qui décidément regorge de trouvailles.
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B
Oh que oui!
C
Lu il y a longtemps, mais je m'en rappelle bien, j'avais découvert la vie des Italiens en Belgique, la catastrophe de Marcinelle... Beaucoup aimé ce récit hélas si réel...
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B
Voilà...
B
Intéressant !
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B
Très!
S
Tu me donnes envie de le découvrir ! J'aime bien tout ce qui a un lien avec l'histoire.
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B
Nous sommes pareilles (nous avons déjà pu le voir avec des BD précédemment présentées ;-) )
A
Voilà qui semble très intéressant !! ;) Merci pour la découverte.
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B
Oh oui, il l'est vraiment! Merci à toi!
M
Tu m'as donné envie de découvrir la BD, je note donc le titre.
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B
Merci à toi!
M
Une découverte qui donne envie d'aller feuilleter ces pages.
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B
Merci, je t'y encourage!
B
désolé, ça bugue, mes messages sont publié avant que j'ai eu le temps de les écrire T_T<br /> je voulais juste te remercier pour cette découverte, l'album a l'air très intéressant
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B
Oui il l'est :-)
B
cet
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B
cet album à l'
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N
Un album documentaire qui a l'air des plus intéressants... mais d'une grande dureté !
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B
Quand il est question du charbon, c'est généralement le cas :-(
H
Un album qui semble pesant !
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B
Pesant, mais beau, mais triste... tout ça à la fois, et un album à lire en tout cas!
M
J'ai déjà plusieurs fois hésité devant ce titre, appréhendant un peu la dureté du récit mais à te lire, j'ai bien envie de faire le pas de me le procurer
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B
Ce n'est pas moi qui vais te freiner, bien au contraire!