Frères d'exil. Kochka – 2016 (Dès 10 ans)
Publié le 10 Mai 2018
Frères d'exil
Texte de Kochka
Illustrations de Tom HAUGOMAT
Editions Flammarion Jeunesse, septembre 2016
150 pages
Dès 10 ans
Thèmes : Ecologie, climat, Réfugiés, Immigration, amitié, relation épistolaire, souvenirs, entraide, Tolérance
Il faut fuir. Le choix n’est plus possible.
Il faut partir et laisser derrière cet écrin de nature paisible, fleurs et eaux turquoise.
L’Île sombre, les eaux montent, les sacs sont prêts, il faut vite gagner la côte dans l’espoir d’embarquer rapidement sur un paquebot.
Après, on verra, l’essentiel pour le moment est de partir, de quitter l’île.
Nani, huit ans et demi, peine à suivre ses parents.
Portée par l’urgence, elle n’a pas le temps de réfléchir, de pleurer, mais arrivés près du rivage, au milieu de tous ces gens hagards, pressés, désespérés, dans l’attente du navire salvateur, elle ne peut que penser à Ipa et Moo, laissés derrière eux.
Ipa ne peut venir avec eux. Handicapé, il ne pouvait fuir et Moo a décidé de rester à ses côtés.
Pour transcender l’absence, la perte, et le deuil, Ipa a fait un présent précieux à Nani : des lettres.
Des lettres dans lesquelles il lui parle de son île, de ses/leurs souvenirs ; des lettres du passé pour l’avenir ; des lettres pour savoir comment aller vers l’avant.
Dans l’attente, la famille recueille un jeune orphelin du même âge que Nani, Semeio.
Pour l’aider, s’aider, à surmonter la douleur du départ et de la perte, Nani découvre ses lettres en lisant comme si Ipa s’adressait aux deux enfants.
Elle lit, durant le voyage, en attente du pays d’accueil, jusqu’à l’installation, l’acceptation… en France.
Si les gens du continent peinent à nous accueillir parce qu’ils craignent nos différences ou qu’ils ont peur de partager leur espace ou leur nourriture, montrons-leur que nous avons autant à leur apporter qu’à recevoir d’eux. Montrons-leur que nous leur ressemblons. Nous arrivons démunis parce que le ciel nous a tout pris, mais nous ne sommes pas des mendiants. Nous arrivons en frères libres et dignes, riches de tout ce que nous avons vécu jusqu’ici et riches d’être encore vivants.
Quel magnifique roman!
Sa lecture, très forte, émouvante et malheureusement si actuelle, m'a donné plusieurs fois les larmes aux yeux.
Le récit, sensible et universel (l’île n’est pas nommée), alterne entre narration et forme épistolaire, pour offrir une réflexion sur la mémoire, la transmission, la fraternité pour qui que nous soyons, d’où que nous venions. Ainsi que sur notre relation à l'écrit, aux traces que l'on laisse.
Il est mis en lumière par les dessins poétiques en trois tons de Tom Haugomat, où le bleu, couleur de l’espoir, prédomine.
Un roman qui invite au partage, à l’entraide, à l’espoir d’un monde meilleur, plus humain.
"Alors, des hommes, des femmes et des enfants se déplaceront sur la terre, comme ils s'y déplacent déjà aujourd’hui pour des raisons économiques ou de guerres, et comme par le passé ils s'y sont déjà déplacés. Fasse alors que les mieux lotis aient toujours la sagesse d'accueillir leurs frères, sous peine de voir leur humanité se réduire et leur cœur ressembler à une peau de chagrin."
Ce roman est sélectionné au Prix des Incorruptibles 2017-2018, pour les CM2-6e et participe au « Petit Bac 2018 » d’Enna pour ma 7e ligne, catégorie Déplacement.
Découvrez aussi les avis de Mo’ ; Moka ; Noukette ; Jérôme ; Lirado ; Mirontaine
Je vous ai déjà présenté d’autres livres de Kochka sur le blog :
- Album : Bambi, illustré par Sophie Lebot
Belles lectures et découvertes,
Blandine
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