A Silent Voice. Tomes 1 et 2. Yoshitoki OIMA – 2015 (Manga)
Publié le 25 Avril 2018

A Silent Voice
Tomes 1 et 2
Yoshitoki OIMA
Traduit du japonai par Géraldine OUDIN
Editions Ki-oon, 2015
192 pages chacun
Thèmes : handicap, harcèlement, famille, amitié

J’avais entendu beaucoup de bien de ce manga shônen, aussi ai-je profité d’une offre pour découvrir les deux premiers tomes de cette série, terminée, qui en compte sept.
Sur les couvertures, les deux personnages principaux.
Lui, c’est Shoya Ishida.
Pitre et leader de sa classe de CM2, les cours ne l’intéressent pas et pour lutter contre l’ennui, il lance chaque jour un défi, un test de courage, que ses deux copains et lui s’amusent à relever.
Sa maman, célibataire, tient un salon de coiffure, tandis que sa grande sœur, dont on ne voit que les jambes, collectionne les petits copains.
Elle, c’est Shoko Nishimiya.
Sourde depuis sa naissance, appareillée sans qu’elle entende pour autant ou puisse suivre une conversation, elle est élevée par sa maman, car son père les a abandonnées.
Shoko arrive dans l’école et dans la classe de Shoya, en cours d’année, et communique grâce à un cahier.

Son intégration est difficile.
Ses « camarades » de classe, d’abord intrigués, se détournent vite, se moquent d'elle, l’aident encore moins, puis l’accusent de ralentir le rythme.
Le maître ne la soutient pas
Réservée, Shoko subit les brimades, les humiliations, les violences, psychologiques, puis physiques, quotidiennes, qui s’accentuent et dont Shoya est l’instigateur, galvanisé par le silence, complice voire amusé, du groupe-classe.
Il ne supporte pas Shoko, son comportement qui semble passif, sa générosité, ses sourires. Il voudrait la voir se rebeller, se révolter, et non se soumettre…
Et pire, il ne comprend pas qu’elle l’aide quand lui, se retrouve en difficulté.
Car il a été trop loin, l’ensemble des élèves s’est retourné contre lui et c’est à son tour de subir, d’avoir des insultes sur sa table, d’être isolé, rejeté, même par ses deux copains.

Et Shoya, qui nous apparaissait si détestable, ne l’est finalement plus tant que ça. Sans que je m'attache pour autant à lui.
Qu’importe la cible, ce qui écœure, ce sont bien les brutalités, morales et/ou physiques, subies, et qui vont crescendo, sans même que le maître de la classe puisse, ou cherche, à y mettre un terme.
Il semble même comprendre cet état de fait, encourageant implicitement Shoya à continuer.
Il n’explique pas la différence, ne fait rien pour favoriser l’intégration de Shoko, allant même jusqu’à se moquer de l’initiative d’une intervenante qui souhaite faire étudier à l’ensemble de la classe la langue des signes.
Et c’est ainsi que se passe la suite de la scolarité de Shoya. Seul. A l’écart. Exclu volontaire et banni par les autres.
Shoko a changé d’école et a pu s’épanouir, enfin autant que ce que sa timidité naturelle lui permettait.
Le premier tome commence en réalité par sa fin, lorsque Shoya, alors en terminale, décide d’aller (re)trouver Shoko.
Il a appris la langue des signes et souhaite s’excuser, se soulager d’un poids, avant de partir, d’en finir.
Pourtant, cela ne se passe pas comme il l’avait prévu et le tome 2 nous permet d’assister à leur rapprochement, bien qu’une personne fasse tout pour les séparer, pour protéger Shoko de celui qui l’a tant maltraitée, lui a fait tant de mal.
Shoya de son côté, a réussi à se lier d’amitié, non sans réticence, avec Tomohiro, un garçon enrobé de sa classe, esseulé aussi, mais intelligent, et qui l’aide bien plus qu’il ne voudrait l’admettre.
Le tome 2 se finit en miroir du premier : c’est Shoko qui esquisse un geste vers Shoya.
Shoko est une fille très douce, bienveillante, peut-être naïve, mais qui n’est pas préparée à l’adversité alors même que sa maman aimerait l’endurcir. Mais cette dernière est surtout dépassée.
Les thèmes de ce manga, le handicap (ici la surdité) et le harcèlement (dans le premier tome surtout), sont vraiment bien exploités même s’il y a des longueurs dont il pourrait se passer.
Le dessin est très expressif, oppressant même, faisant ressentir par des cadrages ou la non-réaction de Shoko, le poids du silence, de la surdité.
Le tome 2 voit les deux personnages commencer à parler la langue des signes, et je ne doute pas qu’elle prenne davantage de place dans les tomes à venir.
Il me reste maintenant à les découvrir!
Cette série, à la base un one-shot au Japon, y a connu un tel succès qu’il a été adapté en film d’animation en 2016.
Ce manga participe au au RDV « BD de la semaine » qui se passe aujourd’hui chez Mo’ (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC), au Challenge « Un mois au Japon » d’Hilde et Lou, ainsi qu’au « Petit Bac 2018 » d’Enna pour ma 3e ligne, catégorie Art.



Découvrez les avis sur le tome 1: d’Isabelle ; de Bouma ; de Lirado ;
Belles lectures et découvertes,
Blandine
