Leda Rafanelli – La gitane anarchiste. Francesco SATTA, Luca de SANTIS et Sara COLAONE – 2018 (BD)
Publié le 21 Février 2018

Leda Rafanelli
La gitane anarchiste
Scenario de Francesco SATTA et Luca de SANTIS
Dessin de Sara COLAONE
Traduit de l’italien par Marie GUDICELLI
Editions Steinkis, janvier 2018
216 pages
Thèmes : Italie, anarchie, amours, biographie, livres, Histoire
Les biographies classiques, conventionnelles… « né à…, le…, a vécu…, a écrit…, mort le… », me sont insupportables, je les déteste.
La vie est un roman, c’est donc ainsi qu’elle doit être racontée.
Ma vie, mes vies sont un roman dont je suis la seule auteure.
Laissez-moi donc vous en faire le récit.
Leda Rafanelli
Ces quelques mots, placés en exergue, nous permettent de situer le personnage : A caractère bien trempé, roman graphique particulier !
Il nous raconte donc Leda Rafanelli au-travers d’un cheminement aussi foisonnant et rocambolesque que son héroïne, nous faisant passer d’un endroit à un autre, sans qu’il soit toujours facile de s’y retrouver. La chronologie est entrecoupée, faites d’allers-retours thématiques entre sa dernière année de vie et les grands moments de son existence. Heureusement, il y a quelques dates apposées.
Une petite relecture s’impose parfois…
Leda Rafanelli était féministe, énergique, cultivée, anarchiste individualiste, éditrice, militante, mariée, romancière, divorcée, amoureuse de l’Egypte, libre, concubine, passionnée, amante, musulmane, muse, poétesse, cartomancienne (d’où son surnom de « gitane »), mère…
Bref, pas à un paradoxe près !

Leda Rafanelli a eu plusieurs identités, a vécu plusieurs vies en une, des vies hautes en couleurs qui nous sont dévoilées en noir et blanc, comme pour les mettre en valeur (nous savons tous que le noir et blanc sublime !), et je trouve d’ailleurs que les dessins à l’intérieur sont plus beaux que celui de la couverture.
Les pages très denses, très chargées en dessins, en bulles qui rentranscrivent certains de ses écrits ou de livres particulièrement aimés (tel Notre-Dame de Paris de Victor Hugo) laissent aussi la place à des pages quasi vierges, muettes ou presque, et dans certaines, un dromadaire passe…
Le style graphique suit donc ce mouvement trépidant, passant de la description au rêve, du souvenir à l’effervescence, de la douceur au combat, de la passion à l’angoisse, de la solitude à la sérénité…
Si son engagement politique est le fil conducteur de sa vie, ici l’accent est tout de même mis sur ses frasques sentimentales et ses nombreuses conquêtes (dont un certain Benito Mussolini)…
Ce roman graphique se termine par quelques pages documentaires (j’aime !) sur le mouvement anarchiste italien, ses mouvances internes, l’Art en vogue (ici le futurisme) dans un contexte international et national tendu (l’Italie est un tout jeune pays, né en 1861) et présentation avec photographies de ses personnages principaux.
Il m’a donné envie d’en savoir plus sur elle, car je ne la connaissais pas, et les présentations que j'ai lues adoptent un cheminement qu’elle aurait abhorré!!
Je vous dirai juste qu’elle est née en 1880 à Pistoia, qu’elle travailla à 14 ans chez un typographe, lui donnant ainsi accès à l’écrit, à la lecture et à la culture pour se forger une opinion, ce que sa condition modeste ne pouvait lui permettre. Elle a voyagé dans une grande partie de l'Italie, et même en Egypte.
Elle est morte à Gênes en 1971, après s’être « assagie » politiquement à la fin des années 1930.
Leda, mon aimée, il y a dans tes yeux une lumière, un point si lumineux qu’il me force à baisser les yeux pour éviter d’en être ébloui.
Même la Lune ne semblerait qu’une pâle étoile comparée à lui. Il a aveuglé toux ceux qui ont été à tes côtés.
Merci aux Editions Steinkis

Cet album participe au RDV BD de la semaine qui se passe aujourd’hui chez Stéphie (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ainsi qu’au Challenge « Il viaggio » de Martine.


Découvrez aussi l’avis de Mo’ ;
Luca de Santis et Sara Colaone ont déjà œuvré ensemble avec En Italie, il n’y a que de vrais hommes. Un album qui se trouve encore dans ma PAL (mais plus pour longtemps !).
Belles lectures et découvertes,
Blandine