Cours! Davide CALI et Maurizio A.C. QUARELLO – 2016 (Dès 8 ans)
Publié le 27 Février 2018
Cours!
Texte de Davide CALI
Illustrations de Maurizio A.C. QUARELLO
Editions Sarbacane, 2016
Dès 8 ans
Notions abordées : Colère, Etats-Unis, Sport, Boxe, Entraide, Métissage, confiance en soi
La personne qui a changé le cours de sa vie, Ray ne s’en souvient que trop bien !
Sans elle, sa vie aurait été mise en parenthèses, par ses allers-retours en prison, conditionnée par sa colère, le déterminisme social et les haines diverses, notamment celle des Blancs, celle contre les Blancs.
Mais c’est justement un Blanc qui un jour lui a dit de courir.
Cet homme, c’est Mr Chapman, le nouveau proviseur de son collège.
Il lui dit de courir pas pour s’enfuir, pas pour fuir, mais pour se canaliser, pour dépenser, évacuer, cette énergie décuplée par la colère et l’incompréhension, et qui ne lui cause que des ennuis. Ray le comprend petit à petit.
Courir, tous les jours mais sans obligation.
Courir pour se connaître, pour se faire confiance, pour se dépasser, pour le plaisir, puis courir pour un but.
Le sport, la discipline, la boxe, le marathon, un titre, des médailles, de l’argent.
Le 400 mètres est devenu ma spécialité. Mais je n’ai finalement pas démarré la boxe ! Je ne serais jamais un champion, comme Frazier ou Ali.
Dommage parce que Theodore Ray Lewis, c’était bien comme nom de boxeur. J’aurais aussi pu m’appeler Theo Ray Lewis, ou Ray T. Lewis.
Ray nous raconte donc cette rencontre, déterminante et toutes les étapes de sa vie qui ont suivi. Les heureuses, les douloureuses, les triomphantes, celles où l’on est fier de soi-même.
Ces petits tours que la vie nous fait lorsqu’on ne s’y attend pas ou plus, les personnes qu’elles nous font croiser, influençant nos choix, nos destins, le temps d’une « balade » ou d’une longue route.
Ray sera peut-être l’une de ces personnes pour ce gamin blond qui court à ses côtés.
Un gamin qui lui permet à nouveau, de s’accomplir, autrement, de transmettre, de sauver, de faire perdurer l’espoir.
Je savais rien qu’au duo d’auteurs que cet album me plairait !
Mais à sa couverture (sans la quatrième que je n’avais pas lue avant de l’ouvrir), je n’imaginais pas qu’il abordait des thèmes si forts. Ce fut donc une découverte totale, et heureuse !
Les mots de Davide Cali me vont toujours au cœur, j’aime ce qu’ils disent et ce qu’ils sous-entendent, les références et leurs multiples significations.
Quant au travail de Maurizio A.C. Quarello, il m’enchante toujours !
Ses dessins au crayonné apparent sont superbes, et très expressifs. Les couleurs choisies, au sépia très clair, parfois à la limite du noir et blanc, nous transportent dans l’époque d’alors.
Les couleurs se font plus présentes au fur et à mesure des pages, nous amenant peu à peu à « aujourd’hui ».
Le traitement graphique joue entre l’album et la BD, avec des pleines pages dessinées, faisant penser à des planches, des vignettes apposées de manière rectiligne ou « cassant » la page. Cela donne beaucoup de rythme au récit et nous invite aux côtés de Ray.
Bien que placée dans le contexte post-ségrégation aux Etats-Unis (abrogée officiellement en 1967), cette histoire ne l’aborde pas en termes négatifs, et se veut aussi universelle qu’intemporelle.
Oui bien sûr que l’entrée de jeunes Noirs dans un collège de Blancs n’est pas évidente et la pauvreté décrite par Ray n’arrange rien, pourtant cette histoire tend à montrer que la société américaine ne serait, d’une part pas si manichéenne, et aussi qu’elle serait forte de son métissage, passé et actuel.
Au collège, d’autres Noirs sont arrivés, mis ça n’a pas changé grand-chose.
On se battait pour un oui ou pour un non, avec n’importe qui.
Je découvris que ce n’était pas qu’une question de couleur. Dans la vie, il y a toujours quelqu’un pour t’embêter. Et il faut se battre. Ou baisser la tête. Comme un mouton.
Cet album participe au Prix des Incorruptibles 2017-2018, sélection CM2/6e, aux Challenges de Sophie Hérisson « Je lis aussi des albums 2018 » (12/60), à l' « African American History Month » d’Enna eu à celui de Martine "Il viaggio".
De Davide Cali, je vous ai déjà présenté sur le blog :
- Marlène Baleine, album illustré par Sonja Bougaeva
- Le grand livre de la bagarre, album illustré par Serge Bloch
- La revanche des aubergines, album illustré par Eric Heliot
- La vérité sur mes incroyables vacances, album illustré par Benjamin Chaud
- Roman jeunesse : 3 tyrans + 1 boloss = Quelle vie !
De Maurizio A.C. Quarello, l’album Barbe Bleue d’après Charles Perrault
Et du duo : le magnifique album Papa Pirate. <3
Levant la tête, j’aperçus alors les photos qu’il avait affichées au mur.
Joe Louis, Sonny Liston, Je Frazier, Geoge Foreman – les grands champions de boxe, et le plus grand de tous les temps, Mohamed Ali.
Je les connaissais tous. J’avais vu leurs matchs.
C’étaient les seuls Noirs qui n’étaient pas pauvres comme nous.
D’autres présentations sur la boxe sur le blog :
- Rocky – Le livre des films
- Film : Creed – L’héritage de Rocky
- Roman Jeunesse : Barracuda for ever de Pascal Ruter
- Roman ado : Uppercut d’Ahmed Kalouaz
- Roman : Sur cette terre comme au ciel de Davide Enia
- BD + film documentaire : Victor »Young » Perez
- Album + film sur Mohamed Ali
Belles lectures et découvertes,
Blandine