Uppercut. Ahmed KALOUAZ – 2017 (Dès 12 ans)

Publié le 30 Janvier 2018

Uppercut

 

Ahmed KALOUAZ

Editions du Rouergue, collection « Doado », octobre 2017

128 pages

 

Dès 12 ans

 

Thèmes : Adolescence, Boxe, Collège, délinquance, racisme, Histoire, Racines/Transmission, Quête d’identité.

 

Quelle superbe couverture !

C’est elle qui m’a attirée vers ce roman au titre plus qu’évocateur.

Elle m’a aussitôt fait penser à Creed (l’« héritier » de Rocky – et j’adore Rocky) (Petite digression, Creed 2 sort en salles en novembre 2018 – j’ai hâââte !)

 

Erwan, 15 ans, fan de Rubin « Hurricane » Carter, boxeur américain, a la boxe facile.

Ce qui lui a valu une scolarité houleuse, faite d'ennui, de provocations, assortie de renvois successifs.

Et le voilà placé dans l’internat pour garçons difficiles de Nantizon, dans l’Isère.

 

C’est pour oublier et tuer le temps, qu’un matin, Erwan fugue avec Cédric, surnommé « La Bûche », dont l’oncle habite dans le village en contrebas.

Elle a été de courte durée, mais elle permet, contre toute attente, à Erwan de pouvoir sortir de l’internat pour aller travailler cinq jours au centre équestre du coin, dirigé par Gilbert. 

 

La rencontre entre l’homme rural et l’ado urbain n’est pas facile.

Il faut dire qu’Erwan, en plus d’être un solide gaillard, est noir, ce que son prénom n’indique pas. D’où la « surprise » pour Gilbert.

Le père d’Erwan est sénégalais, routier et du genre taiseux.

Sa mère est bretonne, douce, aimante, et dépassée.

 

Entre Gilbert et Erwan, il y a donc plus qu’un choc des générations et de lieux de vie.

Il y a aussi les mots, les expressions, d’apparence anodine et à connotation raciste, prononcés par Gilbert sans qu’il ne mesure le mal ni l’impact sur Erwan. Et ce dernier ravale sa colère et serre les poings, dans ses poches.

-Chez vous, la viande, vous la mangez crue, hein ?
Pas de répit, voilà qu’il revenait à la charge avec ses allusions. J’ai laissé dire, faisant semblant de m’intéresser à un fusil accroché au mur. Gilbert est parti au quart de tour.
-C’est celui de mon grand-père. Il l’a ramené de la guerre contre les Allemands.
-Où ça ?
-Là-haut, dans le Vercors, juste au-dessus du mont Anguille.
-Il était courageux.
Il a surtout eu de la chance de pas se faire descendre.
-Je crois que mon grand-père aussi a chassé les Allemands.
-Qu’est-ce que tu me racontes ?
-Tirailleur. Vous connaissez le mot ?
-Oui. Alors ça veut dire qu’il y en a des bons.
-Vous parlez des Noirs ?
-Non, enfin je veux dire…
-Si ma couleur ne vous revient pas, je me tire.

Au fil des jours et du travail accompli, les deux apprennent à se connaître, à échanger, à s’apprécier.

Malgré les remarques, grâce aux petites attentions, malgré les attitudes des autres, grâce à la confiance.

 

Et Erwan de mûrir, de ne pas se contenter de la baston facile, de relever la tête, de voir plus loin.

La boxe, c’est le seul sport où tu es obligé d’aller au bout de chaque entraînement, sans tricher.
Ne pas croire que tout est arrivé parce que trois gouttes de sueur perlent au front. Et inutile de se dire que c’est idiot de souffrir comme ça.
(…)
Pour tenir, il faut des endurcis, des durs au mal, des noyés qui ont envie de remonter à la surface, même si on leur tient la tête sous l’eau.

Ce roman est celui d’une seconde chance donnée à un ado en butte avec l’autorité mais conscient de ses errances et erreurs, sensible au racisme ordinaire et à sa condition de métis.

Son rythme est soutenu, tendu. Il y a des coups bas, plusieurs reprises, de la douleur, de l’espoir, du partage (notamment au moment des repas), de multiples portraits masculins.

 

Ahmed Kalouaz explore, et dégomme, les aprioris, les idées reçues, la peur de l’autre, de la différence que la couleur de peau inspire.

Il insuffle une réflexion sur les expressions : pas assez « d’ici », trop de « là-bas », du « chez nous »… Et donc sur l’identité.

Erwan se cherche même s’il sait d’où il vient. Et pour se raconter, il entremêle son histoire personnelle, celle de sa famille, à celle des Noirs extirpés d’Afrique, à celle d’un boxeur légendaire devenu son idole, à l’Histoire passée et actuelle.

J’aime !

 

PS : le film Hurricane Carter avec Denzel Washington (2000) est superbe !

PPS : Il y a une Blandine dans le roman ! – Totalement subjectif certes, mais j’aime aussi !

 

Ce roman participe au Challenge « 1% Rentrée Littéraire 2017 » de Sophie Hérisson (39/6)

 

Découvrez les avis d’A lire au Pays des Merveilles ; de Pépita ;

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine

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N
Je le note pour la bib. Moi, la boxe, j'aime pas. :(
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A
j'aime me promener sur votre blog. un bel univers très intéressant. vous pouvez visiter mon blog (cliquez sur pseudo) à bientôt.
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