L’Etranger. D’après le roman d’Albert Camus. Par Jacques FERRANDEZ – 2013 (BD)
Publié le 17 Janvier 2018
L’Etranger
D’après le roman d’Albert Camus paru en novembre 1942 chez Gallimard
Jacques FERRANDEZ
Editions Gallimard, collection « Fétiches », avril 2013
138 pages
Thèmes : Indifférence, absurde, Société, Famille, Amitié, Mort, Philosophie
Je ne me rappelle que vaguement de cette lecture, scolaire, obligatoire donc rebutante et au souvenir désagréable, hormis son incipit (l’un des plus célèbres de la littérature française soit dit en passant).
Aujourd’hui, Maman est morte…
Ou peut-être hier, je ne sais pas…
Lecture exécrée donc, et certainement incomprise alors, à laquelle j’ai tout de même souhaité donner une autre « chance »… après bon nombre d’années…
Et quoi de mieux qu’une adaptation BD pour ce faire ?!
Voici pour l’histoire :
Le roman se compose de deux parties, allant d’une mort certaine à une mort annoncée.
Le personnage principal, et narrateur, s’appelle Meursault.
Il vit à Alger, en Algérie Française, à la fin des années 1930, est Blanc et blond, plutôt beau garçon et d’une petite trentaine d’années.
Cet incipit fait suite au télégramme reçu de l’asile de Marengo où vient de mourir sa mère (quand exactement, il ne le sait pas et il regrette cette imprécision).
Il s’y rend donc mais ne manifeste aucune tristesse, aucun accablement, seulement un long ennui.
Le lendemain de l’enterrement, il entame une liaison avec une ancienne collègue, Marie, qui lui demande s’il l’aime (ce qu’il ne sait pas), s’il veut l’épouser (ce qui ne le dérange pas).
Dans le même temps, il se lie d’amitié avec son voisin Raymond Sintès, un proxénète notoire, qui lui demande de se porter garant pour lui auprès de la police.
En parallèle, il y a aussi le vieux Salamano et son chien, et son ami Céleste, gérant d’un bar/restaurant.
Pour le remercier, Raymond convie Meursault, avec Marie, à un déjeuner sur la plage, au cabanon de son ami Masson.
Mais Raymond est suivi par des Arabes, dont l’un le blesse.
Soigné, il souhaite en découdre, les menaçant d’un revolver, mais Meursault l’en dissuade et réussit à lui enlever l’arme des mains.
Pourtant, il revient peu après, seul, tombe nez-à-nez avec l’un des Arabes qu’il abat d’un coup de feu, suivi de quatre.
Pourquoi ? Il ne le sait pas et invoquera à son procès, le soleil et l’éblouissement.
La deuxième partie voit la tenue de son procès, dans lequel il semble plus spectateur qu’acteur, ce qui l’ennuie.
J’ai l’impression qu’on traite cette affaire en dehors de moi…
Mon sort se règle sans qu’on prenne mon avis.
Mais tout de même, qui est l’accusé ?...
C’est important d’être l’accusé…
Et j’ai quelque chose à dire…
Ses derniers actes, sa vie, l’enterrement de sa mère compris, sont passés au crible et interprétés.
Jusqu’à l’annonce de sa condamnation à mort.
Meursault a une personnalité vraiment très singulière.
Il n’a aucun avis, aucune préférence pour rien, et par ricochet aucun déplaisir. Tout lui va, tout lui sied, rien ne le dérange, quand il ne s’ennuie pas tout simplement.
Tout l’indiffère en somme.
Cette absence de sentiments ne s’encombre donc d’aucun embarras, d’aucun tact et sa franchise est à la fois désarmante, intrigante (pour Marie), arrangeante (pour Raymond) ou encore coupable, (pour la Cour).
Etranger à lui-même et au monde, ce désintéressement, cette absence d’émotions, gênent, indisposent, vont à l’encontre des codes de la société civile, morale et religieuse : pleurer sa mère, avoir un mobile pour le meurtre (qui n’a même pas été commis par racisme ou curiosité malsaine) ; comme ne pas se tourner vers Dieu à l’aune de sa mort.
C’est ce qui le condamne ! Plus que le meurtre en lui-même.
Avec ce roman, Albert Camus a ouvert son « cycle de l’Absurde » (composé de quatre romans), sur la condition humaine. Son but : l’analyser pour la comprendre et ainsi la dépasser afin d’arriver à un humanisme fraternel.
Mon avis :
J’ai davantage apprécié cette lecture que lors de ma première (ce n’était pas bien difficile) et le format BD y est pour beaucoup !
Je ne me souviens pas trop de la forme narrative utilisée dans le roman (que je ne souhaite pas relire pour autant - même si je garde mon exemplaire), mais ici, l’histoire est uniquement contenue dans les dialogues et même monologues de Meursault (j’aime !).
Mais surtout, les dessins me plaisent énormément.
Ils sont de deux sortes.
Les plus nombreux ont une facture « classique », trait fin et coloré, décors travaillés ou absents pour bien centrer l’attention sur les visages et leurs expressions, les gestes, l’action. Ils sont dans des cases bien alignées.
Et il y a ces grandes et belles aquarelles qui embrassent des vues plus larges de paysages, de la mer, de la ville, bouleversant l’ordre des cases.
Elles permettent des respirations dans cette narration dense et complexe et nous immergent dans l’époque, nous transmettent la luminosité du soleil méditerranéen et sa chaleur écrasante, étouffante.
Ce roman graphique participe au RDV « BD de la semaine » qui se passe aujourd’hui chez Stephie (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ainsi qu’à notre Challenge « Cette année, je (re)lis des classiques » de Nathalie et moi, et à mon Challenge des RE.
Retrouvez aussi l’avis de Jérôme, Noukette (qui a aussi préféré l’adaptation BD), Hélène
Belles lectures et découvertes,
Blandine
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