Un hiver de glace. Daniel WOODRELL - 2016
Publié le 28 Janvier 2018

Un hiver de glace
Daniel WOODRELL
Traduit de l'américain par Frank REICHERT
Editions Rivages, collection "Noir, février 2016
Paru aux USA en 2006 sous le titre Winter's Bone.
224 pages
Thèmes : Etats-Unis, violence, précarité, féminité, initiatique
Quelque part dans le sud des Etats-Unis, dans les monts Ozarks (CLIC), au milieu d'une nature hostile et enneigée, au cœur de l'hiver glacial, les Dolly vivent les uns à proximité des autres, souvent en consanguinité, et toujours dans l’hostilité.
Tous fabriquent, consomment et trafiquent de la coke.
Parmi eux, Ree, une jeune ado fière et déterminée de 14 ans. Elle rêve de partir et de s’engager dans l’armée.
Elle s'occupe seule de sa mère, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, de ses deux jeunes frères, Harold et Sonny.
Leur père, Jessup, est encore parti elle ne sait où et doit elle doit faire face à une terrible nouvelle. Pour payer sa caution dans l’attente de son procès, son père a hypothéqué sa maison et tous ses biens. Mais il doit se présenter dans une semaine...
Ree a sept jours pour le retrouver sans quoi, elle et ceux dont elle s'occupe n'auront plus de toit, ni rien…
Autour d’elle, peu de monde pour l’aider, Gail sa meilleure amie (et dont Ree semble amoureuse) mariée à celui qui l’a engrossée et dont le fils est tout son univers, son oncle Larme, Megan mais qui lui dit plus de rester tranquille que de s’agiter, Sonya qui lui apporte de quoi manger car ils n’ont plus rien ou presque.
Ce roman est extrêmement dur, violent.
De par son histoire, les conditions de vie de cette famille, comme de ceux qu’elle côtoie, mais aussi de par sa narration, les mots choisis et ce qu’ils induisent.
Bien que contemporain, j’ai maintes fois été tentée de croire qu’il nous décrivait une situation du siècle passé, voire de la fin XIXe siècle tant la précarité de cette famille est cinglante.
Ree qui apprend à ses frères à se servir d’un fusil pour tuer les écureuils car ils n’ont plus rien à manger, elle qui rince les cheveux de sa mère au vinaigre ou se fait sévèrement bastonner par des femmes, la loi du silence, la vulgarité, ces coutumes d’un temps archaïque…
Les mentions de camion, télévision, frigo me ramenaient, toujours avec étonnement, à aujourd’hui.
Ce sont les femmes qui font ce roman, la manière dont elles vivent, se battent, co-existent.
Leur situation, à aucune, n’est enviable.
Et pourtant, c’est aussi un roman d’amour filial et familial.
J’ai bien failli le lâcher, mais je m’y suis accrochée.
A bien des égards, ce roman m’a fait penser à Orphelins de Dieu de Marc Biancarelli.
Le lieu et l'époque ne sont pas les mêmes, mais l'on ressent dans tous les deux le côté sombre du récit et le poids oppressant du déterminisme social.
Faut que tu sois prête à mourir tous les jours... alors là, t'as peut-être une chance.
Ce roman a été adapté en BD dessinée par Romain Renard chez Casterman en 2011 ainsi qu’au cinéma en 2010 par Debra Granik avec Jennifer Lawrence dans le rôle titre.
Il ne faut se fier à la couverture du roman qui représente l'une des affiches du film avec une jeune fille en jean (Ree ne porte que des jupes ou robes) avec un petit garçon et une petite fille.


Il participe au « Petit Bac 2018 » d’Enna, pour ma 2e ligne, catégorie Passage du temps.

Belles lectures et découvertes,
Blandine