La forêt millénaire. Jirô TANIGUCHI – 2017 (BD)
Publié le 20 Décembre 2017
La forêt millénaire
Scénario et dessins de Jirô TANIGUCHI
Editions Rue de Sèvres, septembre 2017
78 pages
Thèmes : Nature, retour aux sources, enfance, famille, Japon
Posthume, inachevé et dans un format « à l’italienne », cet album occupe forcément une place à part dans la bibliographie de Jirô Taniguchi.
Pour moi, c’est (seulement) mon troisième et, de par ses thèmes, je trouve qu’il offre une belle continuité avec mes deux précédentes lectures.
La première a été Un zoo en hiver dans lequel Jirô Taniguchi se penche sur la création et production d’un manga ; une œuvre à plusieurs mains au format calibré. Un album en tout point nippon.
La seconde, plus « de jeunesse » et à l’influence occidentale, a été La Montagne magique explorant la relation de l’enfance à la nature (la forêt et l’animal), avant que celle-ci ne soit abîmée ou disparue avec les années et l’entrée dans l’âge adulte.
Il y est aussi question de la famille, de l’absence du père, de la maladie de la mère, de liens avec les grands-parents et du retour à la nature. Comme au passé.
Une manière pour Taniguchi d’entremêler à celle de ses personnages, des bouts de la sienne propre.
La couverture de cet album-ci ressemble d’ailleurs beaucoup à celle de La Montagne magique, avec ce garçon au centre et la forêt en arrière-plan.
L’histoire de ce dernier album pourrait être parallèle et (presque) continuité…
Années 1950.
Suite au divorce de ses parents, à la précarité puis maladie de sa mère, Wattaru Yamanobé est contraint de quitter Tokyo pour la province où vivent ses grands-parents.
Je te le promets.
Un jour viendra où tu comprendras…
… le sens de tout cela.
En attendant, Wattaru se tait et pleure.
Autour du village, la forêt est dense, majestueuse.
Alors que le changement bouleverse la vie de Wattaru, un important séisme laisse émerger une forêt millénaire issue des entrailles de la Terre, qui cachent en son sein des animaux fantastiques.
Wattaru sent une force, un appel surnaturel émaner d’elle… comme si elle s’adressait à lui. Mais pas seulement la forêt, son chien aussi…
Lorsqu’il s’aventure sous ses arbres, il est mis à l’épreuve par les autres enfants de l’école qui le mettent au défi de grimper sur leur « grand arbre ».
Il commence alors son ascension, guidé par une voix qui l’encourage, le pousse et monte, monte, toujours plus haut… Et cet exploit le fait entrer dans la bande du « grand arbre ».
Wataru… tu n’es pas seul… tu es notre fils…
C’est sur cette mystérieuse et prometteuse phrase que se tourne la dernière page de cette histoire pleine de sensibilité dont on ne peut qu’imaginer la suite…
La suivante s’ouvre sur un dossier riche et détaillé sur l’ambition de Taniguchi pour cette histoire, qu’il espérait développer en plusieurs tomes et sa transformation.
Ses planches, ses croquis, sa manière de travailler et le projet typiquement occidental de cet album nous sont dévoilés.
Fidèle à lui-même, il ne voulait pas que son récit prenne la forme d’un message militant. Il souhaitait plutôt, de façon suggestive, faire prendre conscience au lecteur de l’importance de sa relation avec son environnement naturel.
Il avait décidé de créer ce nouveau livre sans tenir compte des normes classiques du manga japonais, d’abord parce qu’il destinait ce livre à la France, mais aussi parce qu’il voulait ainsi faire de nouvelles propositions susceptibles d’être reprises ensuite dans le monde du manga japonais.
D’où ce format horizontal, ces planches au découpage changeant, aux dessins pleine page.
Des dessins vibrant de vert, qui nous happent et nous immergent. Qui se passent de mots…
Cet album participe au RDV « BD de la semaine » qui se passe aujourd’hui chez Stephie (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ainsi qu’au challenge « 1% Rentrée Littéraire 2017 » (32/6) de Sophie Hérisson et au « Petit Bac 2017 » d’Enna pour la 7e ligne catégorie Lieu.
Retrouvez la chronique de Moka;
Belles lectures et découvertes,
Blandine
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