Tache d'encre. Stéphane MILLEROU et Quitterie LABORDE – 2014 (Dès 6 ans)
Publié le 4 Novembre 2017
Tache d'encre
Texte de Stéphane MILLEROU
Illustrations de Quitterie LABORDE
Editions Les P'tits Bérets, collection « à grands pas », 2014
Dès 6 ans
Notions abordées : Première Guerre mondiale, famille, école, Mort
La couverture de cet album est superbe !
D’emblée, nous savons qu’il nous emmène à une époque passée, mais non révolue, aux côtés d’enfants et à l’école.
La belle écriture de la rédaction, sa date, son sujet, une tache d’encre comme on n’en voit quasi plus aujourd’hui.
Avec François, Auguste, Henri, mais surtout Emile et Marius, nous sommes transportés en 1914, puis tout au long de la Première Guerre mondiale.
Nous les voyons « jouer » aux soldats lors des bataillons scolaires ; nous sommes dans leur salle de classe, écoutons leurs leçons, la propagande de leur maître, Gustin Leroux…
Bientôt, lui aussi partira faire son devoir.
D’après ce que j’avais compris, un boche ça ressemblait un peu à un loup, sauf qu’il ne vivait pas dans les forêts mais en Allemagne. Le maître, il ne les portait pas dans son cœur les boches. Je ne sais pas ce qu’ils lui avaient fait personnellement.
Il a juste dit qu’ils avaient volé Alsace et Lorraine à la France.
Moi, je ne les connaissais pas ces deux-là. Je ne les avais jamais croisés à l’église. Mais ce qui était sûr, c’est qu’il fallait faire attention, parce que nous aussi, on pouvait y passer.
Nous sommes dehors à écouter et voir les nouvelles, bonnes et mauvaises, à espérer la victoire grâce aux Américains, à attendre le retour des hommes, des pères, des frères…
Nous voyons leur imagination courir suite à ce qu’ils entendent, à ce qu’ils craignent…
L'émotion est palpable à chaque page.
Dans les mots, à hauteur d’enfants ou dans les lettres envoyées par leur maître.
Dans les dessins, magnifiques.
Réalisés à la mine de plomb pour la plupart, ils sont parfois colorisés (comme les vieux films d’archives), ou ne sont que des silhouettes derrière une écriture désuète, et si belle. Parfum d’un passé presque disparu.
Dans certains se cachent des images en trompe-l’œil. C’est beau, c’est doux, c’est triste…
La Guerre et cette époque nous sont racontées sous plusieurs angles: Revanche, discours, exercices scolaires et patriotiques, absence des hommes, blessures, deuils et espoirs multiples, le courrier, fusillés pour l’exemple...
Il y a quelques anachronismes (les bataillons scolaires n’avaient plus cours en 1914) mais ils servent à nous montrer combien les enfants étaient conditionnés dès leur plus jeune âge à l’idée de la guerre, surtout contre l’Allemagne, inévitable, dans la haine du Boche, pour l’effort de guerre, comme soutien et potentiellement futurs soldats.
La fin de cet album est à mon sens un plaidoyer pour la réhabilitation des soldats fusillés pour l’exemple et les déserteurs.
La date de 1917 associée étant un fort symbole.
Cet album participe au Challenge "Je lis aussi des albums 2017" de Sophie Hérisson (69/100) et à mon Challenge autour de la Première Guerre mondiale.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.