La guerre des Lulus – 1914 – La maison des enfants trouvés. Régis HAUTIERE et Hardoc –2013 (BD)
Publié le 8 Novembre 2017
La guerre des Lulus
1914
La maison des enfants trouvés
Scénario de Régis HAUTIERE
Dessin de Hardoc
Couleurs de David FRANçOIS et Hardoc
Editions Casterman, janvier 2013
64 pages
Thèmes : Première guerre mondiale, orphelins, amitié, aventure, entraide
Les Lulus, c’est une bande de quatre copains.
Du plus petit au plus grand : Lucas, Ludwig Luigi, et Lucien.
Sans parents, ils habitent dans l’abbaye-orphelinat de Valencourt, en Picardie.
Ensemble, ils font les 400 coups, s’échappent dans la forêt mitoyenne pour se construire une cabane, se chamaillent constamment pour mieux être unis la nuit, lorsque l’obscurité se prête aux peurs et aux confidences.
Bien longtemps après, l’un d’entre eux se souvient et raconte…
Août 1914
Il fait beau, il fait chaud, la guerre est déclarée mais aucun des enfants de l’orphelinat ne le sait. Leur instituteur est parti au front, mais leur a dit un « pieux » mensonge, pour les préserver. D’ailleurs, cette guerre n’est-elle pas annoncée comme étant déjà gagnée ?
La bande des quatre est comme à l’accoutumée en vadrouille dans la forêt lorsque des soldats français ordonnent d’évacuer les lieux.
Dans la confusion et la précipitation, les quatre ne sont pas recherchés immédiatement et lorsqu’ils rentrent, tout est silence.
Ce n’est que le lendemain et après une nuit de fracas, qu’ils comprennent que l’abbaye, comme le village, ont été désertés.
L’arrivée d’une fillette, Luce, réfugiée belge ayant perdu ses parents pour son chat, le passage d’une troupe allemande et leur installation à l’orphelinat les poussent à comprendre que la guerre est là, vraiment là et que désormais, ils se retrouvent à l’arrière des lignes ennemies.
-Tu vois tes parents ?
-Ben non. Mes parents ne sont pas des soldats.
-C’est des Français, vous croyez ?
-Non… D’après les uniformes, ce serait plutôt des Allemands.
-Regardez, il y a un dessin dans le journal.
-Ben merde, alors…
-Ils rentrent chez eux ?
-M’est avis plutôt qu’ils arrivent.
-Mais… T’avais dit que la guerre, elle était finie.
-ET ALORS ?! C’EST MA FAUTE SI LES ALLEMANDS SONT PAS D’ACCORD,§
-Chuuuuttt ! Crie pas ! On va se faire repérer.
Dès lors, il leur faut s’organiser pour vivre dans la cabane, pour trouver de quoi manger, pour y dormir.
Mais lorsque les premiers frimas arrivent, il s’agit maintenant de survivre.
Les Allemands sont partis mais n’ont rien laissé pour leurs ventres affamés, mais, surtout, il leur faut trouver de l’aide car Luce est malade…
Et elle se présente sous une forme des plus inattendues…
Ainsi s’achève ce premier tome qui nous tient littéralement en haleine malgré son contexte.
Le point de vue de l’enfant qui vit la guerre a déjà été exploité, mais dans le cadre d’une salle de classe (exemple avec l’album Tache d’encre), par l’absence (exemple avec le roman jeunesse Mon père soldat de 14-18) ou encore la transmission (exemple avec les romans jeunesse/ado Il s’appelait comme moi ou Soldat Peaceful).
Dans cet album, premier tome d’une série de cinq - dont le dernier paraît ce 15 novembre 2017 (1918- la der des ders) - et où chacun aborde une année du conflit – la guerre est à la fois centrale et reléguée.
Elle détermine et conditionne la (nouvelle) vie de ces cinq enfants, victimes collatérales, qui ne manquent pas de débrouillardise, d’inventivité, de frayeurs bien sûr mais aussi d’humour.
Leurs réparties, empreintes d’innocence et même de naïveté, contrastent fortement avec leurs visages, leur forme comme leurs expressions, voire même leur corps.
Leurs représentations à la gavroche, casquette sur la tête, corps maigrichons (sauf pour Luigi) leur confère un aspect à la fois enfantin mais aussi adulte- surtout pour Luigi.
Chaque caractère est distinctement représenté. Lucien, le plus grand et âgé, a naturellement une aura de chef ; Luigi d’aspect rondouillard, tient le rôle de second ; quand Ludwig (ce prénom à consonance germanique interpelle forcément – j’espère en savoir plus par la suite) est très réfléchi ; et Lucas est le petit dernier (à la fois effrayé et blagueur). Entre eux quatre, un lien fraternel s'est tissé.
Quant à Luce, elle est encore entre-deux ; elle en sait forcément plus que les garçons, ayant été contrainte de fuir face à l’avancée des Allemands mais est encore réservée. Sa maladie l’enferme dans le silence.
Les couleurs employées sont tout à fait conformes à celles que je m’imagine pour l’époque et le lieu : nuances de verts, bleus et marrons, quelques rouges.
Le froid décrit des dernières pages s’en dégage même.
En bref, un premier tome (découvert grâce aux 48h de la BD) qui happe et dont j’ai hâte de connaître la suite.
D’autant qu’il se termine par les deux premières pages du suivant et quelques croquis façon Journal Illustré de l’époque, j’adore !
Je ne suis pas la seule à avoir aimé ce tome / la série ! Retrouvez les avis de Nathalie (qui le présente en LC avec moi - retrouvez sur son billet une vidéo onterview des auteurs), Lasardine (1/1-2-4), Noukette (1-2), Jérôme (1-2-4), Natiora (1-2), Moka (1-2-3), Bouma (1-2-3-4).
Il me faut dire que son scénario m’a beaucoup fait penser aux albums (et à l’adaptation en série télévisée – Bande-annonce) aux Grandes grandes vacances, mais qui se déroulent durant la Deuxième Guerre mondiale : quelqu’un qui se souvient, contexte de guerre, des enfants débrouillards, une forêt à proximité, des amitiés inattendues…
Cet album participe au RDV au RDV BD de la semaine qui se passe aujourd’hui chez Noukette (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ainsi qu’à mon Challenge dédié à la Première Guerre mondiale et au « Petit Bac 2017 » d’Enna, pour ma 6e ligne, catégorie Sphère Familiale.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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