Jamais je n’aurai 20 ans. Jaime MARTIN – 2016 (BD)

Publié le 5 Juillet 2017

Jamais je n’aurai 20 ans

L’histoire vraie d’une famille engagée dans la guerre civile espagnole

 

Scénario et dessins de Jaime MARTIN

Editions Dupuis, Collection « Aire Libre », octobre 2016.

120 pages

 

Thèmes : Guerre d’Espagne, idéaux, jeunesse, amour, famille, transmissions, secret

 

« Jamais je n’aurai 20 ans » retrace la vie des grands-parents maternels de l’auteur, Jaime Martin : Isabel et Jaime Benitez, de 1936 aux années 1970.

Ma grand-mère Isabel avait 20 ans quand Franco et les autres généraux putschistes ont piétiné la démocratie et débuté une guerre fratricide qui a détruit l’Espagne.
Les fascistes lui ont enlevé ses amis et ses proches, sa jeunesse aussi.
A coup de feu, à coup de baïonnette, en semant la terreur sous toutes ses formes. Plus de cinquante ans s’étaient écoulés et elle n’avait toujours pas séché ses larmes. La voir se souvenir de tout ça comme si c’était hier me déchirait le cœur.
Elle n’a jamais oublié les noms de ses amis ni les beaux moments qu’elle a vécu avec eux.
Cet album est dédié à la mémoire d’Isabel et Jaime, mes grands-parents, et toute cette génération à laquelle on a arraché la liberté. »

Dédicace et remerciements

« Jamais je n’aurai 20 ans » est le cri désespéré d’Isabel, alors couturière, lorsqu’elle apprend le 17 juillet 1936, veille de son anniversaire et jour du coup d’Etat de Franco, qu’elle doit fuir sa famille, ses parents, sa ville de Melilla en raison de ses amitiés avec des jeunes du syndicat anarchiste CNT.

En décembre 1936, Jaime Benitez, boxeur et artilleur dans la milice du camp républicain, va au chevet de sa mère mourante, à Barcelone, et y rencontre Isabel.

Leurs destins se lient.

D’abord par des lettres qu’il lui envoie et qu’elle fait lire, ne sachant le faire.

Durant trois ans, leurs mots mis en images nous dévoilent leurs quotidiens faits de peurs, de rencontres, de morts, de vengeances, de suspicion, d’exactions…

Lorsqu’en 1939, l’armée républicaine capitule au profit de Franco, ils sont mariés, bientôt parents.

Pour vivre, et même survivre en raison de leur passé de « malfaiteurs politiques », ils font du marché noir avant de centrer leur activité sur le ramassage de verre sous la houlette, volontaire, d’Isabel : bouteilles de vin, de champagne, de liqueur, de parfumerie, flacons…

Rien ne se jette, tout se revend.

C’est dans ces conditions difficiles que le couple et ses trois filles (Elvira, Encarna et Isabel) vivent, grandissent, évoluent, sous la menace permanente, dans le silence du passé, avec le monde en mouvement.

A côté de ce qui ne semble jamais devoir changer (misère sociale, contrôles, rigueur des mœurs), la famille prospère à force de travail et acquiert une radio, une voiture, les jeunes filles sortent mais ne peuvent comprendre les réticences parentales, notamment paternelles, jusqu’à ce que le secret se délivre.

En deux temps.

Ces révélations ouvrent et ferment ce roman graphique.

 

C’est par le biais de son histoire familiale, qui lui a été restituée par bribes, que Jaime Martin nous dresse le portrait de toute une génération. Celle de « vaincus » sous la coupe d’une dictature. Il leur en a fallu du courage et de l’amour pour avancer et y croire encore, malgré la perte des êtres chers, la peur et les idéaux abîmés.

Une histoire émouvante magnifiquement mise en images par des dessins aux traits appuyés, aux couleurs fortes, dont les fonds reprennent celles des drapeaux constitutionnels et espagnols.

Une ou deux citations ouvrent chacun des trois chapitres, et un dossier fait d’une chronologie, de photos et documents d’archives le clôt

Jaime a trouvé la guerre

« C’est en Espagne que ma génération a appris que l’on peut avoir raison et être vaincu, que la force peut détruire l’âme et que, parfois, le courage n’obtient pas de récompense. »
Albert Camus

C’est par l’article de Jérôme que j’ai découvert ce roman graphique, et qu’à mon tour, je ne peux que vous encourager à lire.

 

Il participe à mon Objectif de lecture du mois de juillet 2017, surtout dédié à l’Espagne, et au Challenge « 1% Rentrée Littéraire 2016 » de Sophie Hérisson (39/18).

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

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S
Il faisait partie de la sélection d'un prix de la BD historique auquel j'ai participé cette année et c'est dans ce cadre que j'ai découvert ce bel album.
Répondre
B
Il devait y avoir toute sa place, mais ne semble pas l'avoir remporté (tu l'aurais dit sinon je pense ;-) )
N
Ce roman graphique semble être une lecture coup de poing et vraiment émouvante sur ce pan dramatique de l'histoire espagnole.<br /> J'aimerais bien le découvrir, j'espère en avoir l'occasion un jour.<br /> Belle journée Blandine !
Répondre
B
Je vous le souhaite! <br /> Belle journée à vous Nancy!