Dunkerque. Joshua LEVINE - Film de Christopher NOLAN - 2017 (Livre + Film)

Publié le 30 Juillet 2017

Dunkerque

Le livre officiel du film événement

 

Joshua LEVINE

Editions HarperCollins, 5 juillet 2017

384 pages

 

Thèmes : Documentaire, Histoire, Deuxième Guerre Mondial, Angleterre, France, Allemagne, Victoire ou défaite ?, amitié, coulisse d’un film.

 

Le 19 juillet 2017 est sorti sur nos écrans le dernier long-métrage de Christopher Nolan, (entre autres le réalisateur de Batman ou Inception)

Affiches du film
Affiches du film

Affiches du film

Pour ce film, Nolan a souhaité reconstituer un épisode de la Deuxième Guerre mondiale, ambigu, dont les mémoires nationales s’en souviennent comme d’une défaite (France) ou comme d’une victoire (Angleterre), qui a ensuite créé « L’Esprit de Dunkerque ».

 

Oubliés, écartés ou célébrés, le film tend à nous raconter les événements passés à Dunkerque, entre le 26 mai et le 4 juin 1940, lors de ce qu’il fut appelé l’Opération Dynamo et qui permit à presque 340 000 soldats (britanniques, français et belges) de (re)gagner les côtes britanniques. Et ce, alors que le gouvernement britannique, conduit par Winston Churchill, ne pensait pouvoir en ramener que 40 000.

 

Si le film est resserré autour de ces quelques jours, le livre explore avec beaucoup de force et de minutie les événements, politiques, militaires, sociaux, ou encore sociétaux (en Angleterre, Allemagne et Etats-Unis) qui ont conduit à cette « drôle de guerre » et à cette opération d’évacuation (la plus grande jamais organisée, avant ou même ensuite), depuis la fin de la Première Guerre mondiale.

 

C’est une partie très riche et intéressante du livre, qui nous démontre, entre autres, l’émancipation des jeunes générations anglaises (14-24 ans) par rapport à celle de leurs parents. Une indépendance physique, morale, financière et aussi culturelle et intellectuelle. Ce, dans une société cosmopolite.

Leurs instincts étaient les mêmes, mais leurs comportements avait changé. Ils gardaient leur argent pour eux-mêmes et avaient leurs propres centres d’intérêt et passe-temps. Avant la Première Guerre mondiale, il y avait très peu de loisirs – pour ne pas dire aucun – exclusivement destins aux jeunes. Les music-halls et les théâtres bon marché étaient populaires auprès de tous les âges. Il est difficile de surestimer l’indépendance et l’importance croissante de la jeunesse à cette époque – et sans la Dépression, on imagine mal comment un tel changement aurait pu se produire.

L’importance de Dunkerque dépasse largement ceux qui l’ont vécu ou qui s’en souviennent. C’est aujourd’hui un événement culturel, une icône historique, dont la signification a évolué depuis soixante-dix ans, à l’image de la société. Nous approchons désormais du point où Dunkerque passe du souvenir à l’Historie. Bientôt, il ne restera plus personne pour nous en parler réellement. Les politiques, les historiens et les journalistes pourront évoquer ces événements pour les confirmer, leur donner une nouvelle signification, pousser leur carrière, ou les utiliser pour leurs propres intérêts.

Le livre, documentaire, historique, nous parle constamment du film mais sa première partie (Interview de Christopher Nolan) comme sa dernière s’attachent à nous reconstituer sa réalisation plus en détails et le souhait de l’authenticité voulu par Christopher Nolan : avoir des éléments d’époque (les détails sur le môle et sur les épaves sont très intéressants), créer avec peu de moyens financiers (j’ai l’impression de lire ça pour tous les films), et surtout peu d’effets spéciaux (réactions plus justes des acteurs, rendu plus réel pour les spectateurs), sans montrer l’ennemi. (une menace sourde, juxtaposable à tout endroit, toute temporalité).

Source: Secrets, anecdotes... le tournage de Dunkerque - France 3

 

Nolan se défend d’avoir fait un film de guerre, pour lui, il s’agit d’un « survival », dans la lignée de nombreux films, tel « Il faut sauver le Soldat Ryan » de Steven Spielberg (et l’un de mes préférés – CLIC).

Ce n’est pas une leçon d’histoire, mais une leçon de survie. « Quand on se retrouve au beau milieu de ce qui s’avère être l’histoire, on ne sait pas que c’est l’histoire. C’est beaucoup trop concret pour ça. C’est juste un autre jour. Un peu plus dangereux que d’habitude, sans doute, mais un autre jour quand même. Ensuite, on entend Winston Churchill parle de ce qui s’est passé, et là, on se rend compte qu’on y était ».
Christopher Nolan espère qu’en impliquant les spectateurs dans l’histoire via des expériences individuelles, le film jouera le même rôle qu’un test de Rorschach. Il refuse d’imposer un angle politique au public. Ça ne l’intéresse pas. Alors que Dunkerque s’éloigne peu à peu de nos mémoires, que les vétérans sont de moins en moins nombreux, il souhaitait faire un film universel qui nous place dans les pas des protagonistes. « Les gens y trouveront le Dunkerque qu’ils veulent y trouver », conclut-il.

Tous les détails de ces destins, de leurs exploits, de leurs aventures, de leurs tragédies forment la trame du film qui les a assemblés, fusionnés, condensés autour d’un groupe resserré de soldats.

 

Le livre, à son inverse, peut donc se permettre de s’étendre en détails sur ce qu’ils ont vécu : une réalité multiforme et contrastée, aussi diverse que leurs expériences à tous. D’autant que l’on s’y battait sur terre, dans les airs, et sur la mer (la « flotte » britannique s’est composée de tous les bateaux possibles et inimaginables – une porte a même été aperçue voguant vers l’Angleterre).

 

Il offre un point de vue plus nuancé, moins à la gloire des Britanniques, car, il faut l’avouer, même si Dunkerque a été une prouesse, sa réussite tient aussi au fait que les Anglais ont « lâché » les Français. Surtout après la reddition belge. Le livre nous le démontre clairement.

Le marasme était tel, que les Allemands en savaient même parfois plus que les Français ou Anglais eux-mêmes.

 

Source: Secrets, anecdotes... le tournage de Dunkerque - France 3

 

Les opérations militaires (surtout anglaises et allemandes) sont détaillées : de l’arrivée du corps expéditionnaire britannique à son évacuation, en passant par la non information ou la désinformation, les soucis de communication les couacs, les incidents, les exploits, les ordres contraires ou qui n’arrivent pas, les soucis politiques à Londres et l’arrivée de Churchill, ses prises de position, ses décisions.

 

Il nous révèle des anecdotes douloureuses, plus légères, terribles, effrayantes, inévitables, héroïques.

De nombreux noms sont cités : des célèbres, connus et surtout anonymes. Leurs histoires nous sont ainsi rendues plus proches, plus crédibles.

Le rendu est très vivant et visuel.

 

Mais cela le rend aussi très dense et oppressant.

Il y a peu de chapitres, il n’y a pas de sauts de lignes, juste des alinéas. Les paragraphes s’enchaînent les uns à la suite des autres. Et bien qu’il n’y ait « que » 384 pages, la lecture se fait lentement, pour s’imprégner. J’ai fait quantités de découvertes, j’ai pris de nombreuses notes, relevés plein de passages marquants.

Au milieu de l’ouvrage, se trouve quelques pages de papier glacé. On y voit des photos d’époque, et la même scène issue du film.

C’est très émouvant.

 

Christopher Nolan fait aussi un parallèle historique très juste en juxtaposant la fuite de ces soldats avec les migrants d'aujourd'hui qui fuient la guerre. Leurs motivations sont les mêmes assure-t-il..

 

EDIT du  27 août 2017

J'ai eu la possibilité d'avoir le film et voici donc mon ressenti: Je l'ai aimé!

Mais... Oui, il y a en a un.

Je pense que c'est parce que j'ai lu le livre avant que je lui trouve quelques (plusieurs?) lacunes. Paradoxalement, c'est aussi grâce à la lecture ce celui-ci que j'ai davantage eu envie d'aller le voir, bien que le sujet m'intéresse de base.

 

J'ai aimé les différents angles de vue d'un même événement: par les airs, par la mer, par la terre. 

J'ai trouvé le film un peu trop court (1h46), il aurait pu être plus long, notamment pour détailler davantage  la détresse ou les moyens de survie, les différents types de bateaux (et surtout civils) déployés pour aller chercher les soldats. 

Avec son personnage principal, idéalement baptisé Tommy, Christopher Nolan concentre tous les moyens de fuite. Il lui arrive quantités de revers dont il ressort indemne à chaque fois (se faire passer pour un ambulancier; survivre à deux bateaux coulés, l'un par un sous-marin, l'autre par un avion;  tenter d'embarquer dans un bateau abandonné; échapper à une marée noire ou aux bombardements...) Cela va "trop" vite.

Suite à la lecture du livre, 'ai pu comprendre certaines scènes, mais aussi voir tout ce qui avait été survolé ou ignoré. Et détail très anglo-saxon: le commandant (ici de la marine) qui reste seul sur le ponton (= le môle) quand tous s'en vont rejoindre la mère-patrie, afin d'aider les soldats français, vu que les Britanniques ont été rapatriés.

 

Pour autant, je vous invite à aller le voir car on y voit de très belles scènes (notamment dans les airs), que cette historie mérite d'être davantage connue en France bien que nous n'y ayons pas la part belle!

 

Et vous, avez-vous vu le film ? Souhaitez-vous le voir ?

 

Que ce soit chose faite ou non, je ne peux que vous recommander la lecture de ce livre documentaire et hommage.

 

Merci aux Editions HarperCollins

 

Pour en découvrir davantage sur l’histoire de l’Opération Dynamo, ses vestiges, les livres qui en parlent ; la visite de la ville, quelques critiques du film, voici quelques lien ci-après.

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

Retrouvez-moi sur Facebook, TwitterPinterest, InstagramtumblrGoogle+, Babelio et Livraddict.

 

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
J'ai acheté ce livre aujourd'hui justement. Je me le réserve pour les vacances dans une semaine. Je compte bien voir ce film également. Mais quand tu parles de "Il faut sauver le soldat Ryan", j'avoue que j'ai un peu peur car, à l'heure actuelle soit près de 20 ans après sa sortie en salle, je ne sais toujours pas qui a sauvé le soldat Ryan... je me suis toujours endormie !
Répondre
N
Merci Blandine pour votre article-reportage encore une fois très complet et émouvant.<br /> Je ne suis pas certaine de lire le livre et/ou de voir le film tout de suite (je n'ai pas su aller à la fin du film Il faut sauver le soldat Ryan ...) même si j'aime découvrir des pans d'histoire méconnus, mais en tout cas, ce titre m'interpelle beaucoup.<br /> Belle journée à vous !
Répondre
B
Merci Nancy :-)<br /> Belle soirée à vous!