Le local. GIPI – 2006 (BD)
Publié le 17 Mai 2017
Le local
Scénario et dessins de GIPI (Gian Alfonso Pacinotti)
Traduit de l’Italien par Hélène DAUNIOL-REMAUD
Editions Gallimard, avril 2006 (2e édition)
120 pages
Thèmes : Chonique sociale, musique, passion, jeunesse, Histoire, mensonges, famille.
Ce que j’aime avec les challenges de lecture, c’est qu’ils me poussent à chercher des livres vers lesquels je ne serais sans doute pas allée. Parce que je ne les connais pas (logique) et/ou surtout parce qu’ils ne m’attireraient pas.
C’est donc pour coller au Challenge de Martine « Le Mois italien » que j’ai emprunté ce roman graphique à la bibliothèque.
Soyons honnêtes, ce n’est pas pour son trait ou ses couleurs.
Ce qui m’a décidée, ce sont les quelques mots biographiques placés à la fin de l’album.
Gipi est aussi devenu, en quelques livres, une référence internationale. La justesse de son trait, la force de ses ambiances et son art incomparable de la narration sont reconnus en Italie et en France, comme en Allemagne, en Espagne ou aux Etats-Unis.
Le local, c’est l’endroit rêvé pour quatre grands adolescents.
Férus de rock, ils ont monté un groupe et il ne leur manquait qu’un endroit pour répéter.
Un endroit bien à eux qui ne servirait qu’à leur passion, et dans lequel ils pourraient oublier leurs différences, leur situation personnelle, leurs problèmes familiaux, et relationnels.
Un local bocal.
Il y a Giuliano, bassiste, dont le père, dresseur de chiens et chasseur, leur a prêté le local, tant qu’ils ne font pas de connerie.
Il y a Stefano, le chanteur, un caractère déjanté qui cache un mal-être profond, une absence irremplaçable.
Il y a Alberto, bassiste, dont le père est devenu si différent suite à une unique maladie.
Et il y a Alessandro, batteur, élevé par sa mère et sa tante depuis que son père s’est fait la belle et qui vénère l’« esthétique » nazie, plus que l'idéologie (du moins, c'est ce que Giuliano espère)
Stefano dit que les percussions provoquent des lésions au cerveau.
En marge, Nina, la petite-amie de Giuliano. La seule qui semble avoir de la normalité dans sa vie et qui nous offre un regard extérieur sur chacun des garçons.
Ce roman graphique se découpe en cinq chapitres, comme autant de chansons.
Toutes mêlent un peu du passé de chacun teinté d’Histoire, à des considérations très matérielles, et à des réflexions à la fois banales et universelles, telles leur avenir.
Ils voudraient s'isoler mais leurs deux mondes et réalités cohabitent et s'imbriquent: quand ils en parlent dans leurs chansons ou quand ils sortent de leur local pour pouvoir continuer à faire leur musique et peut-être plus.
Le passage délicat de l’adolescence à l’adulte est marqué par des difficultés, des désillusions puis par la capacité à y faire face et à rebondir.
Qui osera vaincra.
Vouloir c'est pouvoir.
J'ai entendu ces mots tant de fois.
Mais ce n'est que maintenant que j'en comprends le sens.
Cette cahnson parle des choix qui déterminent notre destin.
Elle raconte comment on peut prendre la vie et la plier à ses désirs.
Dans chacun de ses portraits, masculins, Gipi impose une figure paternelle qui brille surtout par son absence, une autorité défaillante ou une filiation abîmée. Et si les mères sont évoquées, elles se font étouffantes. Une vision à la fois caricaturale et à contrepied de l’image de l’Italie, dont seuls les prénoms trahissent l’origine du lieu.
D'autant que les décors et extérieurs sont très peu travaillés, et pourraient être d’ici ou d’ailleurs.
Au découpage classique en cases carrées ou rectangulaires, s’ajoutent des bandes ou pleines pages qui écrasent l’action ou les personnages, les réduisant à presque rien dans la marche de ce monde, dans lequel ils ont tout de même une place.
Alors que les dialogues et sons divers occupent une large place, dans les deux dernières pages de chaque chapitre, dédiées à la chanson, le récitatif prend le relais, puis se tait alors que la musique explose silencieusement.
Les couleurs sont moches, criardes ou sales, comme synonymes d’un futur difficile, et les traits fins esquissent des physiques ingrats, dessinent des sourires aux dents acérées, ou carnassiers.
Certes, cet album n’est pas un coup de cœur, bien que j’en aime la réflexion, mais il m’a donné envie de découvrir les autres de l’auteur.
Il participe au RDV BD de la semaine qui se passe aujourd’hui chez Stephie (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ainsi qu’au « Mois italien » de Martine.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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