La femme noire qui montra le chemin de la liberté. Harriet Tubman. Eric SIMARD – 2016 (Dès 9 ans)
Publié le 25 Juillet 2017
La femme noire qui montra le chemin de la liberté.
Harriet Tubman
Texte d’Eric SIMARD
Illustrations de Yann TISSERON
Oskar Editeur, collection "Histoire et Société, Résistantes et Résistants", novembre 2016.
82 pages
Dès 9 ans
Thèmes : Condition des Noirs, esclavage, Ségrégation, Etats-Unis, liberté.
Il est important, nécessaire, essentiel de rappeler et de transmettre, sans cesse, le combat de tous ceux qui ont œuvré pour l'égalité et la liberté de tous.
Je ne connaissais pas Harriet Tubman, surnommée « La Moïse du peuple noir » « parce qu'elle libérait les siens comme Moïse avait libéré son peuple ».
Grâce à ce roman assorti d’un documentaire j’ai pu la connaître et savoir quels furent sa vie et ses combats.
Pour nous les raconter, Eric Simard a opté pour un narrateur bien original, né d’un choc violent, oui, mais qui l’a révélée à elle-même, lui faisant avoir des visions (moses sur le compte de Dieu) et qui fut certainement le « symbole de sa vie ».
Née esclave vers 1822 dans l’Etat du Maryland, Araminta Ross, de son vrai nom est louée comme domestique puis travailleuse aux champs avant de savoir que les Noirs ne subissent pas le même sort partout.
En écoutant son entourage, la jeune Harriet découvrait que l’esclavage n’était pas une fatalité pour les Noirs.
Certains, même, se rebellaient. On lui parlait de révoltes sanglantes, de propriétaires blancs tués par des esclaves qui avaient ensuite été durement châtiés. Elle apprit que dans le Etats situés au nord, les Noirs ne subissaient pas la violence des Blancs. Leur corps n’était pas un champ de cicatrice. Ils pouvaient travailler avec qui ils voulaient, contre rémunération, et même se déplacer où ils voulaient. Ils étaient libres. Mais comment rejoindre cette « Terre promise » ?
Elle apprend alors l’existence d’un réseau appelé « Chemin de fer clandestin » organisé par des Blancs et des Noirs libres.
Résolue à l’emprunter malgré l’opposition de son mari, elle réussit à s’enfuir en Pennsylvanie en 1849.
Dés lors, devenu elle-même « conductrice », elle n'a eu de cesse de prendre des risques considérables, mais nécessaires malgré une santé difficile, pour sauver le plus de Noirs possibles, qu’ils soient inconnus ou de sa famille.
Et en les emmenant toujours plus loin, jusqu’au Canada.
Harriet a également participé à la Guerre de Sécession, en tant qu’éclaireuse, où elle a été surnommée « général Tubman » !
Après la guerre, elle a témoigné de son combat dans deux livres (1869 et 1886), dans des conférences et est devenue propriétaire terrienne.
Elle s'est éteinte le 10 mars 1913, peu après la naissance d'une certaine Rosa Parks...
Le texte est clair et est assorti d’un glossaire, la mise en page est aérée et allégée grâce aux dessins de Yann Tisseron.
La seconde partie de ce livre est composée d’un documentaire « Ouverture sur le monde » très intéressant (malgré une coquille sur une date). Il nous présente une carte, une chronologie, des destins, mais aussi tout ce qui a fait cette époque d'un point de vue politique, culturel, artistique, sociétal aux Etats-Unis mais aussi dans le monde.
Il nous permet de vraiment recontextualiser et remettre en perspective cette pratique de l’esclavage.
Sans cesse en mouvement, Harriet Tubman n’eut de cesse d’agir pour la Liberté.
Son destin est exceptionnel, exemplaire et inspirant.
Comment n’être pas subjugué par sa détermination, sa force de caractère et sa volonté?
En avril 2016, le gouvernement Obama a décidé que le visage d’Harriet Tubman figurerait bientôt sur le billet de 20 dollars. Pour la première fois, une personnalité noire sera représentée sur un billet américain.
L’idée est belle mais la réalisation encore lointaine (si elle n’est pas annulée d’ici là) : le graphisme devrait être dévoilé en 2020 et l'impression est prévue pour 2030 ! CLIC
Depuis 1990, sous l’administration Bush (père), sa mémoire est mise à l’honneur via une journée annuelle de célébration, le 10 mars, jour de sa mort.
En 2012, son combat a été distingué pour la Journée Internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, le 25 mars, et dont le thème a été : Honorer les héros, les résistants et les survivants.
Elle a été choisie avec Zumbi dos Palmares, et un troisième esclave anonyme que l’on voit sur l’affiche.
« Ils se souviendront du fait que nous avons été vendus mais pas de notre force. Ils se souviendront du fait que nous avons été achetés mais pas de notre courage. »
Merci à l’opération Masse Critique de Babelio et à Oskar Editeur pour ce roman !
Pour lire et découvrir d’autres ouvrages sur l’esclavage, quelques autres chroniques du blog :
- De l'esclavage au "Black Power" à travers le monde... Texte d'Aude BELIVEAU et illustrations de LuCien. Editions Touche d’Encre, 2016.
- Ma liberté tout en couleurs. Textes de Nancy GUILBERT et Sylvie BAUSSIER. Illustrations de Bruno LIANCE. Editions Oskar Editeur, 2016.
- Bibliographie sur le racisme : Tous pareils, tous différents mais tous uniques.
- Tom Sawyer de Mark TWAIN, le roman et le manga qui en est issu.
- Yasuke de Frédéric MARAIS. Editions Les Fourmis Rouges, 2015.
Ce roman participe au « Petit Bac 2017 » d’Enna pour ma 5e ligne, catégorie Sphère familiale ainsi qu’au Challenge « 1% Littéraire 2016 » de Sophie Hérisson (42/18)
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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