Exposition Kimono – Au Bonheur des Dames – Musée Guimet (22/02-22/05/2017)
Publié le 2 Avril 2017
Kimono
Au bonheur des Dames
Musée National des Arts Asiatiques - Guimet
22 février – 22 mai 2017
Mercredi 29 mars, j’ai eu la joie d’aller, avec mon amie Catherine, voir la très attrayante exposition consacrée aux kimonos par le MNAAG.
Rien que l’affiche fait rêver, non ?
De par son titre et photographie, on ressent tout ce qui unit, mais aussi différencie, toute la mode nippone de la mode française jusqu’à leur lien à la fin du XIXe siècle et son japonisme ambiant, jusqu’à son prolongement actuel.
Pour bien se le représenter, une grande frise chronologique, des années 1600 (ère d’Edo au Japon) à nos jours ouvre l’exposition, comparant les deux pays sous les aspects : culturels, politiques, artistiques, dates incontournables et grands noms des deux histoires…
Au bonheur des dames
Bien sûr, la référence au roman d’Emile Zola (que j’ai lu –et aimé ! – en lecture scolaire) s’impose. Grand magasin parisien du XIXe siècle contre LE grand magasin japonais de kimonos, la Maison Matsuzakaya, fondée en 1611, et dont sont issus tous les kimonos présentés.
L’exposition comprend deux parties, l’une ancienne et l’autre contemporaine.
La seconde dans le fascinant sillage de la première, nous dévoilant l’évolution et l’appropriation des créateurs contemporains pour ce vêtement si symbolique et codifié.
Kimono
Ce seul mot porte en lui toutes sortes de représentations du Pays du Soleil Levant.
Avant de débuter notre voyage, il convient de rappeler ce qu’est un kimono, terme apparu au XIIIe siècle et qui ne connaît pas de correspondance avec un vêtement occidental.
Et détail qui a son importance, et diamétralement opposé à notre conception de l’habit, c’est le corps qui doit s’adapter au vêtement, et non l’inverse !
Un kimono veut littéralement dire « chose que l’on porte sur soi » ou « pièce portée », et comprend en réalité plusieurs termes pour le désigner, qui permettent de déterminer le rang social (marchande ou guerrière notamment), matrimonial et l’âge de la femme le portant, comme l’évènement auquel elle participe, formel ou non…
On trouve donc le furisode (aux manches longues ; pour les jeunes filles), le komon, le tomesode, le susohiki ou hikizuri et tant d’autres !(CLIC ICI ou LA pour plus de renseignements)
Katabira à motifs de prunier, quadrillage chrysanthèmes et lespédèzes.
Première moitié du 18e siècle.
Teinture yuzen et pochoir suri bitta sur un fond de lin blanc.
"Cette pièce de type katabira en étoffe de lin était portée par une femme de la classe marchande pendant la période la plus chaude de l'été. Les manches longues et pendantes (type furisode) indiquent qu'il s'agissait d'une femme célibataire.
Les motifs sont tantôt brodés, tantôt teints sur fond blanc selon la technique de la teinture yuzen zome ou celle de la peinture au pochoir. Le décor consiste en un motif de prunier, de chrysanthèmes et de lespédèzes disposés autour d'un quadrillage. Cette utilisation des motifs automnaux ou hivernaux pour des motifs d'été est typique de l'époque d'Edo."
A l’origine, le kimono était porté par la classe aristocratique comme vêtement du dessous. C’est avec les Samouraïs qu’il devint un vêtement extérieur, avant d’être adopté comme vêtement usuel par toutes les classes de la population.
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Les femmes choisissaient leurs kimonos, et leurs détails, dans des catalogues (la Maison Matsuzakaya en édita entre 170 et 180). Chacun est finement représenté recto et verso. Et les commandes étaient confiées à des représentants commerciaux de la Maison.
Le kimono est formé de lés de tissu, pliés et cousus, mais jamais recoupés.
D’abord le dos, puis le devant et enfin les manches, sans qu’aucun raccord de motifs ne soit fait (cela ajoute à sa valeur). Sa longueur totale, comme celle de ses manches, déterminent son usage et la condition de la femme.
Ils peuvent être en coton, lin, soie, matelassés ou non, teintés tout ou partie (les endroits non teints sont protégés par de la colle), avec des broderies et des motifs représentant essentiellement des éléments de la faune et de la flore (pivoines, grues, feuilles de pin, bambous, chrysanthèmes…) à qui on prêtait alors des symboles de bonheur, félicité et des vertus.
Certains se parent de véritables paysages, nature sur le bas et ciel sur le haut.
Fleurs sur le bas et chauve-souris dorées et brodées sur le haut
Vers le XVIIIe siècle, des idéogrammes, brodés, ont commencé à faire leur apparition sur le vêtement.
2 photos
3 photos
Les pans, toujours le côté gauche sur le côté droit (et inversement pour les morts), sont maintenus grâce à une large (entre 15 et 35 cm) et longue (4-5 mètres) ceinture appelée « Obi », et qui se noue dans le dos.
La longue description dans le roman Geisha d’Arthur Golden sur ce moment si particulier de l’habillage me marque encore ! (Dans le film, la scène est à peine survolée.)
Comme il se doit, le kimono ne se porte pas seul ! Il est grandement accessoirisé, chacun ayant sa signification propre. La coiffe, notamment, est très élaborée avec des peignes qui ont une fonction essentiellement décorative mais qui renseigne sur le rang social.
Lorsque la jeune fille se marie, elle emporte avec elle tout un trousseau.
Il comprend notamment une cage destinée à teindre les kimonos (comme en haut à gauche sur la photo – motifs d’oiseaux en plein vol et d’eau sur le bas).
De plus, le kimono, se porte mais aussi se voit ! Il est souvent peint sur les paravents. Il y a eu un fort engouement pour la représentation des kimonos pliés.
2 paravents - 4 photos
Tous les kimonos présentés dans cette première partie de l’exposition vont être remplacés le 4 avril par mesure préventive.
Les nouveaux kimonos sont également tous issus des collections de la Maison Matsuzakaya.
La seconde partie de l’exposition nous permet d’admirer l’évolution du kimono dans, mais surtout, hors des frontières du Japon. Ce pays, longtemps refermé sur lui-même, s’est ouvert vers 1868 et a de suite été l’objet d’un foisonnant intérêt, ici culturel et artistique.
Je pense ici aux estampes d’Hokusai, mais surtout d’Hiroshige tant prisées des frères Van Gogh.
Mais toute la rigueur et l’exigence du kimono n’est d’abord pas saisie par les Français qui l’assimilent à un simple peignoir.
La Japonaise au bain. James TISSOT (1836-1902)
1864 - Huile sur toile.
Comme beaucoup d’artistes japonisants de son temps, James Tissot n’est jamais allé au Japon. Fils d’un drapier et d’une modiste, l’artiste a toujours été fasciné par la mode, qu’elle soit historique, exotique ou contemporaine.
Le kimono constitue ainsi le principal sujet du tableau de Dijon même si son port est peu conforme aux codes vestimentaires japonais. Traité davantage à la manière d’un peignoir de bain occidental, il laisse en effet entrevoir l corps plantureux. Tissot a utilisé ici un modèle européen qu’il a travesti en geisha.
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Cette partie, contemporaine, nous permet d’admirer des kimonos réalisés par des créateurs nippons (Kenzo Takada ; Junko Koshino ; Yohji Yamamoto ; Rei Kawakubo) ou occidentaux (Jean-Paul Gaultier ; Yves Saint-Laurent ), entre 1960 et aujourd’hui.
Ils allient tradition et modernité, matières naturelles ou synthétiques, pour un rendu minimaliste ou au contraire foisonnant, avec le souci de la praticité.
Création d'Issey MIYAKE
2 photos
Créateurs contemporains: Yves Saint-Laurent et John Galliano - 3 photos
2 photos du kimono aux ailes de papillon (qui descendent jusqu'au sol) de Franck Sorbier
Une exposition que je vous encourage à aller voir, puis à revoir, lorsque les nouveaux kimonos auront été mis en place.
Vous pouvez retrouver toute l’actualité de l’exposition sur le site du Musée (ICI) ou sur sa page Facebook, qui publie de nombreuses photos (LA).
L’article de Catherine est LA.
Vous connaissez tous le roman éponyme d'Emile ZOLA ? Mais en ce moment au musée des arts asiatiques de Paris (pour les initiés le MNAAG :-)) se tient une magnifique exposition sur LE grand magas...
https://happywordweb.wordpress.com/2017/03/30/au-bonheur-des-dames/
Cet article participe au Challenge « Un mois au Japon » d’Hilde et Lou.
Une seconde exposition temporaire (que nous avons parcourue) a lieu aux mêmes dates au Musée Guimet, consacrée à Alexandra David-Néel. Première femme lama, exploratrice, féministe, anarchistes, bouddhiste, dont je vous ai un peu parlé au-travers de l’ouvrage de Christine Leang : Embarquement pour la Chine. Histoires et destinées françaises dans l’Empire du Milieu.
Belles découvertes,
Blandine.
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