Rose bonbon. Adela TURIN et Nella BOSNIA – 2014 (Dès 3 ans)
Publié le 18 Mars 2017
Rose bonbon
Texte d'Adela TURIN
Illustrations de Nella BOSNIA
Editions Actes Sud Junior, collection « Encore une fois... », septembre 2014 (Italie, 1975, sous le titre Rosaconfetto)
Dès 3 ans
Notions abordées : antisexisme, anticonformisme, liberté.
Il était une fois (et donc il y a fort longtemps), une tribu d’éléphants dans laquelle les petites éléphantes se devaient d’être belles.
Et leur critère de beauté était d’avoir une peau lisse et rose.
Ce n’était bien sûr pas là leur couleur naturelle, non ! Elles étaient grises de naissance, mais à force « déguster » de belles anémones et pivoines, leur peau rosissait, tandis que leurs grands yeux brillaient.
Certainement pas de plaisir, certes, mais l’adage ne dit-il pas « qu’il faut souffrir pour être belle » ?
Alors que les petits éléphants, gris, pouvaient gambader, jouer, s’arroser, s’empiffrer, elles, devaient toutes rester bien sagement cloîtrées dans leur enclos. Tout en étant affublées de chaussons, collerettes et nœuds, tous roses bien sûr.
Ne pas s’y plier et aucun éléphant ne voudrait d’elles plus tard.
Mais seule Pâquerette ne rosissait pas.
-Voyons Pâquerette, lui disaient ses parents, pourquoi restes-tu de cette vilaine couleur grise qui va si mal à une petite éléphante comme toi ?
Y mettrais-tu de la mauvaise volonté ?
Voudrais-tu te rebeller ?
Pâquerette aimerait tant être semblable aux autres mais son corps ne s’y résolvait pas, malgré les menaces, l’opprobre, la tristesse…
De guerre lasse, ses parents cessèrent de la houspiller.
Ainsi délivrée, Pâquerette profitait ! Et ce sous l’œil interloqué, interrogateur, puis envieux de ses anciennes compagnes.
Au fil des jours, elles osèrent enfin sortir.
Depuis ce temps-là, ce n’est plus à leur couleur qu’on distingue les éléphants des éléphantes.
Les illustrations nous dévoilent comment les autres animaux (oiseaux, lézards, hérons, insectes) observent, vivent puis profitent de la situation.
A dominante rose, elles sont très belles et douces, atténuant le propos, dur et très actuel de cet album.
Qui, pourtant, a 31 ans !
C’est une chose heureuse qu’Actes Sud Junior l’édite dans l’une de ses collections, format souple et petit prix, mais également malheureuse.
Dans le fond, les choses n'ont pas beaucoup changé, même si les formes peuvent être différentes.
Italienne, Adela Turin est une femme engagée et multi casquette.
Née en 1939, elle est historienne d’art, designer, auteure, et éditrice.
En 1974, elle fonde à Milan sa maison d’édition appelée « Dalla parte delle bambine » (« Du côté des petites filles », en référence à l’ouvrage du même nom de la chercheuse Elena Gianni Belotti).
Nella Bosnia a participé à sa création et en a illustré les cinq premiers albums.
Rose bonbon paraît en octobre 1975, sous le titre Rose bombonne.
Au gré des rééditions, le titre a été masculinisé et la couverture a également changé, plus épurée, et peut-être moins évocatrice.
Adela Turin s’associe aux maisons d’éditions françaises Des femmes en France (dirigée par Antoinette Fouque) et Lumen en Espagne (1976).
Son but : publier des albums qui dénoncent et expliquent le sexisme aux enfants, tout en visant l’élimination de ces représentations dans le matériel éducatif comme ailleurs.
Du côté des petites filles est aussi le nom donné à son association européenne, créée en 1994 et pour laquelle elle a, entre autres, publié la même année une étude de 537 albums illustrés visant à dénoncer les stéréotypes véhiculés dans chacun d’eux : "Quels modèles pour les filles ? Une recherche sur les albums illustrés".
C'est suite à une chronique antisexiste chez Maman Baobab que j'ai découvert cet album.
Cet album participe aux Challenge « Je lis aussi des Albums 2017 » (15/100) de Sophie Hérisson pour le thème du mois autour de l’antisexisme, ainsi qu’au « Petit Bac 2017 » d’Enna pour ma deuxième ligne, catégorie couleur, et au "Viaggio 2017" de Martine, car les deux auteures sont italiennes.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Pinterest, Instagram, tumblr et Google+.
Pour aller plus loin, deux liens:
" C'est un vieux débat ", " Cela fait longtemps que c'est acquis ", " S'il y en a bien qui font tout pour cela c'est bien nous les enseignants "... En êtes-vous si sûrs? Autant de phrases entendues
http://actualites.ecoledeslettres.fr/education/filles-garcons-legalite-droits-chances-a-lecole/
Féminisme, rien n'est acquis !
On accole beaucoup d'images, et parfois péjoratives derrière le terme " féministe ". Certains n'imaginent souvent qu'un...
http://education.francetv.fr/matiere/actualite/premiere/video/feminisme-rien-n-est-acquis