Trop fort, Victor! Mikaël OLLIVIER – 2015 (Dès 8 ans)
Publié le 23 Février 2017
Avec Laurette, je vous présente aujourd’hui un texte court mais percutant, issu de la collection « Petite Poche » de chez Thierry Magnier, que je vous ai présentée ICI.
Collection " Petite Poche " - Thierry Magnier - (Dès 7 ans)
Les Éditions Thierry Magnier, nées en 1998 et installées à Paris, ont à leur actif plus de 500 titres, toutes collections confondues. Et c'est l'une d'entre elles que je souhaite vous présent...
http://vivrelivre19.over-blog.com/2017/02/collection-petite-poche-thierry-magnier-des-7-ans.html
Trop fort, Victor!
Mikaël OLLIVIER
Editions Thierry Magnier, collection "Petite Poche", mai 2015.
48 pages
Dès 8 ans.
Thèmes abordés : enfance, technologie/modernité, actualité/informations, médias.
Victor est en CM2, c’est son anniversaire, et ce sera bientôt la rentrée en 6e.
Victor n’a pas accès à l’ordinateur, à une console de jeux, aux informations à la télé.
Et surtout, Victor n’a pas de téléphone portable. (La honte!)
Sa mère est contre tout ça.
J’en suis malade à l’idée que l’année prochaine, pour mon entrée au collège, je vais être, à coup sûr, le seul de la classe à ne pas en avoir.
Toujours le seul de la classe.
Celui qui ne connaît pas le nom des héros des séries, des finalistes de The Voice. Celui qui n’a pas vu les images de la dernière catastrophe naturelle, ou qui ne sait pas imiter l’imitateur du président de la République.
Celui qui n’a pas le droit de suivre le déroulement de la prise d’otages dont tout le monde parle.
Prise d'otages dont il arrive à être informé par d’astucieux stratagèmes.
Trop fort, Victor !
Malgré cette distance entretenue par sa mère avec la dureté et les travers de notre époque, Victor sait comment les choses fonctionnent et sait que les copains racontent un peu n’importe quoi pendant la récré. Déformations de ce qu’ils ont entendu/compris ou pour se rendre intéressants, sans toujours prendre toute la mesure de leurs propos.
Pourtant, lui n’en parle pas avec les autres et entretient du suspense. On le devine à la fois serein quant au déroulement des opérations, curieux de voir comment elles se déroulent, et inquiet quant aux conséquences.
La situation de Victor est évidemment paradoxale pour bien renforcer ce dilemme, son père exerçant une profession à risque, et en lien avec l’actualité décrite.
Victor fait aussi preuve d’une très grande maturité, par rapport à l’actualité comme par rapport à la gestion de ses émotions (avec lesquelles il sait jouer pour obtenir ce qu’il souhaite).
Par cette histoire, l'auteur aborde l'épineuse question de la protection (de l’innocence) de nos enfants avec :
- l'accès et la connaissance de l'actualité aux informations, souvent mauvaises – catastrophes naturelles, attentats, terrorisme, escroqueries et violences diverses…
- La manière dont ils les assimilent et les ressortent
- les technologies (ordinateur, téléphone, jeux vidéo)
- l'influence qu'ont le monde et l'entourage sur eux, avec les effets de groupe, d'identification et/ou de rejets/moqueries...
- Un sujet qui résonne encore très fortement.
Faut-il les couper de tout, ou au contraire, faut-il leur parler de tout? Et si oui, comment ?
Enfant, ma mère n’écoutait pas les informations, « que des mauvaises nouvelles » et nous n’y avions pas accès avec mes sœurs. (J’ai eu une discussion avec l’une d’elle très récemment sur ce sujet – il n’y a pas de hasard).
En grandissant, cette coupure d’avec le monde nous a fait défaut, et par souci de protection (mais était-ce vraiment pour cela ?) nous a aussi laissées dans une forme d’ignorance : de l’actualité, du monde, des débats de société, de la politique… D’évènements tragiques, mais aussi heureux, de sujets plus légers, des aspects de la vie en somme…
C’est pendant mes cours d’histoire contemporaine à la fac que ce décalage avec mes « camarades » m’a sauté aux yeux, et m’a aussi pénalisée. Et je le ressens encore aujourd’hui et qu'il me faut rattraper.
C’est pourquoi, il me semble important que mes enfants ne soient pas coupés des informations, bonnes ou mauvaises, pourvu qu’elles leur soient présentées de manière adaptée à leur âge. Car rien n’est plus dangereux que leur déformation ou l'instillation de l'angoisse.
Il faut leur apprendre à les entendre et à les analyser pour qu’ils se forgent leur sens critique et leurs opinions, argumentées.
Texte court et fort pour un débat profond, ce roman pose des questions auxquelles nous sommes, et n'avons pas fini, d'être tous confrontés, nous offre une critique de notre société et nous invite au dialogue.
Il participe au Prix des Incorruptibles 2016-2017, sélection CE2-CM1, comme au « Petit Bac 2017 » d’Enna, pour ma troisième ligne, catégorie Prénom.
Les avis de Sophie Hérisson, Noukette et Jérome, et bien sûr, celui de Laurette !