Les Champs d’Honneur – Jean ROUAUD et Denis DEPREZ – 2005 (BD)

Publié le 8 Février 2017

Les Champs d’Honneur

Adaptation du roman de Jean ROUAUD (1990)

Dessins de Denis DEPREZ

Éditions Casterman, collection « Un monde », 2005.

64 pages

Thèmes : Famille, Première Guerre mondiale, transmissions, Mort, mémoire.

 

A la bibliothèque, section BD, mon regard croise un titre, Les Champs d’Honneur.

Première Guerre mondiale, attirée, forcément.

Dessin très particulier, quatrième de couverture qui m’apprend que c’est l’adaptation éponyme d’un roman que je ne connais pas (et Prix Goncourt 1990)

BD emportée.

Années 1960, le narrateur, un jeune garçon, nous fait remonter le temps et l’histoire de sa famille, sur trois générations, au-travers de deux portraits.

D’abord celui de son grand-père maternel.

Récit de sa mort, le cœur qui lâche, et d’un bout de vie, accompagné d’une femme imposée, constamment de mauvaise humeur.

Vies qui se croisent, et l’on remonte celle de la Tante Marie.

Célibataire, vouée à Dieu sans être nonne, institutrice des jeunes filles du village, rigide voire aigrie, qui n’a vécu que pour les autres et dans leur souvenir.

D’Emile, le disparu de 1917, puis retrouvé grâce à une lettre qui a mis dix ans à faire son chemin.

Mais surtout de Joseph, vingt et un an, fauché par les gaz en 1916.

Récit d’une filiation, de transmissions manquées, de vies brisées par la mort, l’absence ou la souffrance, il nous fait remonter le temps jusqu’à cette Grande Guerre qui marque encore ces jeunes générations.

Et qui trouvent dans le grenier des portraits sans nom… Qui sont-ils? L'oubli s'infiltre.

Forcément on est touché.

Mais ce parti-pris pictural à l’aquarelle, à l’ambiance grisâtre, entretient une atmosphère froide de malaise, de douleur, de vies gâchées et perdues. Et ce jusqu’aux enfants. Nulle gaîté ou vie dans ces pages. Que de la perte.

Jusqu’au vent qui fouette, aux pluies qui ne lavent rien, aux visages.

Floutés, ils sont sans détails ou couleurs, hormis ce rouge, comme de la couperose, ou des larmes de sang.

"Si on ne veut pas qu'on les oublie, il nous faut vivre."

Si le dessin, audacieux, de cette BD m’a empêchée de l’apprécier pleinement, il m’a donné envie de lire le roman.

Elle participe au RDV « BD de la semaine » qui se passe aujourd’hui chez Stephie (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ainsi qu’à mon challenge consacré à la Première Guerre mondiale.

 

 

 

Belles lectures et découvertes,

Blandine.

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Commenter cet article
N
J'avoue que les illustrations ne m'attirent pas plus que ça (les visages effectivement !). Pour le côté triste, je te rassure, le bouquin n'est pas plus gai !!
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B
Merci! Je vais voir s'il n'est pas disponible à la bibliothèque ;-) Je te dirai!
N
Si tu n'es pas trop pressée, je peux te l'envoyer...
B
Tu m'as fait sourire ;-) Je ne m'attends pas à un roman gai mais j'ai hâte de lire ce qui a inspiré cette BD, et surtout ces traits!
N
Les illustrations me frappent beaucoup également ...sans doute est-ce voulu pour accentuer l'effet de malaise qui apparemment se transmet de génération en génération dans cette famille.<br /> Je ne suis pas étonnée que vous ayez emporté cette BD, au vu de tous les thèmes abordés.<br /> Merci pour la découverte Blandine ! Belle journée à vous.
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B
Oui tout à fait! Et la BD remonte le fil de ces existences pour montrer combien la guerre a eu de prise sur eux. Eux (et surtout la Tante Marie) qui aurait sans doute été si différents sans ces morts.<br /> Belle soirée à vous!
K
Ah oui, c'est hyper particulier comme dessin! Par contre, moi ça me plait bien. Pourquoi pas!
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B
Oui très, il est difficile d'y être insensible! Et en cela, c'est un pari gagné pour le dessinateur, comme pour l'éditeur!
L
le dessin me donne envie de tenir cet album justement!
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B
Oui, il attire paradoxalement. Mais si le style a fonctionné pour les extérieurs, j'ai été gênée pour les personnages et leurs visages surtout.
N
Le dessin est effectivement très particulier, étonnant !
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B
Très!
A
Je suis subjuguée par les illustrations!
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B
J'en suis ravie :-)<br /> C'est aussi pourquoi j'ai emprunté la BD mais si j'ai aimé le style pour les paysages ou les scènes extérieures, j'ai été gênée pour les personnages...