Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates. Mary Ann SHAFFER et Annie BARROWS - 2009
Publié le 5 Février 2017
Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates
Mary Ann SHAFFER et Annie BARROWS
Editions 10/18, novembre 2015 (2e tirage) (USA, 2008 sous le titre The Guernsey Literary and Potato Pell Pie Society)
412 pages.
Thèmes: Deuxième guerre mondiale et son après, Guernesey, Londres, écriture, relation épistolaire, amitié, amour
J’avais déjà remarqué ce roman lors de sa parution. Forcément, avec un titre pareil et une si belle couverture !
Je savais rien qu’au résumé qu’il me plairait… Mais il m’aura fallu attendre ce Noël (2016) pour l’avoir et le lire grâce à ma sœur qui me l’a offert (Merciii) !
Et que je vous présente en Lecture Croisée avec mon amie Magalie.
C’est le cœur un peu serré, un peu triste aussi, que j’ai tourné la dernière page et refermé ce livre.
Je me suis beaucoup attachée à ses personnages, à leurs histoires individuelles et entrelacées, et toutes impactées par la Grande.
Celle de la Deuxième Guerre mondiale et de ses suites…
Intégralement épistolaire, le roman s’ouvre sur une lettre datée du 8 janvier 1946, envoyée par Juliet (Ashton) à son éditeur Sydney (Stark), son éditeur et ami d’enfance.
Juliet termine une tournée dans toute l’Angleterre pour la promotion de son livre publié pendant la guerre mais dont le nom de plume l’enferme un peu et la catégorise : Izzy Bickerstaff s’en-va-t-en-guerre.
Indépendante et volontaire, Juliet est une femme d’une trentaine d’années qui, en mal d’inspiration, accepte, grâce à Sidney, d'écrire un article pour le supplément littéraire du Times, qui présenterait les vertus pratiques, morales et philosophiques de la lecture.
J’adore faire les librairies et rencontrer les librairies. C’est vraiment une espèce à part. Aucun être doué de raison ne deviendrait vendeur en librairie pour l’argent, et aucun commerçant doué de raison ne voudrait en posséder une, la marge de profit est trop faible. Il en reste donc plus que l’amour des lecteurs de la lecture pour les y pousser. Et l’idée d’avoir la primeur des nouveaux livres.
(…)
Je trouvais incroyable à l’époque – et encore aujourd’hui – qu’une si grande partie de la clientèle qui traîne dans les librairies ne sache pas vraiment ce qu’elle cherche, mais vienne juste jeter un œil aux étagères avec l’espoir de tomber sur un livre qui répondrait à son attente.
Dans le même temps, elle reçoit le 12 janvier, une lettre d’un certain Dawsey Adams, domicilié sur l’île de Guernesey et qui vient d’acquérir un livre lui ayant jadis appartenu.
S’ensuit alors une correspondance fournie entre elle et ce monsieur, grand admirateur de Charles Lamb.
Et ce, d’autant plus qu’il lui a parlé de l’existence d’un cercle littéraire au nom plus qu’incongru né durant l’Occupation : Le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey.
Dès lors, un échange nourri entre Juliet et les membres, et même détracteurs, de ce Cercle se construit, pendant que l'on découvre ses autres lettres et notes à l'égard de ses amis, ou leur retour.
Après une première partie où elle fait connaissance avec les habitants de l’île grâce à leurs courriers, la seconde partie l'emmène sur l’Île de Guernesey pour pouvoir rencontrer ses nouveaux amis et s’imprégner corps et âme de son sujet.
Mes guides sont aussi divers que les paysages. Isola me parla de coffres de pirates maudits, retrouvés sur les plages avec des os blanchis par le soleil, et aussi de ce que Mr Marter cache dans sa grange (il dit que c’est une génisse, mais nous savons à quoi nous en tenir). Eben me décrit la Guernesey n’avant-guerre, pendant qu’Eli disparaît avec du jus de pêche, un sourire angélique aux lèvres. Dawsey parle très peu, mais me fait découvrir des merveilles – comme cette petite église.
Source photo + avis sur le livre - CLIC
Chacun d'eux nous décrit par l’intermédiaire de ses lettres, un peu de son passé, mais surtout la vie à Londres et davantage sur l’Île (occupée dès 1940) pendant et au sortir de la guerre : non nouvelles des êtres aimés, les ravages causés par les bombardements ou la présence des Allemands, les tickets de rationnement, la difficulté de se vêtir, de manger ou de varier les plaisirs, les reconstructions matérielles, physiques, familiales…
La société voudrait essayer/pouvoir passer à autre chose, hésite entre ruminer ou en parler...
Le roman, par ce regard documentaire, explore la notion ambigüe de collaboration ou de résistance à l'ennemi, nous retranscrit sans phare ni pathos la dure réalité de ces années de guerre et de privations.
Et bien sûr, il nous parle aussi littérature, poésie, de livres, d’auteurs fétiches et d’habitudes de lectures, des rencontres et partages qui en découlent. Les gens qui se rapprochent, s’écoutent, se confient, deviennent amis.
Il fait des allusions aux Sœurs Brontë (j’adore !), à Oscar Wlde, à Jane Austen…
Jane Austen dont on retrouve un peu de la plume dans le style désuet, et charmant, des lettres des uns et des autres.
En parallèle, les lettres contiennent des anecdotes, des petits bouts de vie, légers, drôles, sensibles, qui allègent et nous font pénétrer dans l'intimité de leurs auteurs.
J’aime beaucoup le style épistolaire qui laisse une grande part à l’imagination et nous permet de nous immerger, de reconstituer les "blancs" laissés par les réponses non visibles, d'observer les différentes méthodes de communication (courrier (et il est rapide!), téléphone, câble, télégramme)...
Malgré son sujet difficile et le récit d’épisodes terribles, ce roman est émouvant, beau, joyeux, plein d'optimisme et d'humour, humain!
Sa fin est suffisamment ouverte pour que je puisse m’imaginer la poursuite de leur vie, et j’aime ça.
Juste un petit mot sur les auteures, et particulièrement Mary Ann Shaffer (Américaine) qui découvrit la terrible histoire des îles anglo-normandes pendant la Deuxième Guerre mondiale lors d’un voyage vers Londres en 1980 et qui l’obligea à rester sur l’île de Guernesey pour raisons météorologiques. Là-bas, elle découvrit un livre, Jersey Under the Jackboot, mais ce n’est que quelques années plus tard qu’elle entamera la rédaction d’un roman.
Malade, elle le finalise avec sa nièce, Annie Barrows, et décède, en 2008, quelques mois avant sa parution mais sait qu’il sera publié dans 13 autres pays.
Annie Barrows est l’auteure de deux séries pour la jeunesse et du roman (au titre non moins interrogateur) Le Secret de la manufacture de chaussettes inusables (2015).
Source - CLIC
Un grand grand coup de cœur pour ce roman, qui je le crois bien, a aussi beaucoup plu à Magali.
Allons découvrir son avis ICI.
Il titre participe au Challenge “Petit Bac 2017” d’Enna, pour ma 1e ligne, catégorie Aliment/Boisson.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates
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