Piste noire. Une enquête de Rocco Schiavone. Antonio MANZINI - 2015
Publié le 16 Janvier 2017
Piste noire.
Une enquête de Rocco Schiavone.
Antonio MANZINI.
Editions Folio, mars 2016. (Editions Denoël en France en 2015 ; Italie, 2013)
304 pages.
Thèmes : policier, enquête, Italie, hiver.
Le sous-préfet (= commissaire, selon la nouvelle dénomination des services policiers italiens), 46 ans, compte les jours : encore 3650 avant qu’il ne quitte tout ça.
Muté depuis 4 mois dans le Val d’Aoste (pour des raisons encore bien énigmatiques), il n’a de cesse de penser à sa chère ville de Rome et aux souvenirs qui lui sont associés.
Lassé de ce que l’Homme est capable de faire de pire, il a le sentiment de se perdre toujours un peu plus à chaque enquête menée.
Mais on ne peut pas toucher l’horreur sans en faire partie. Il le savait. Il devait plonger les mains dans cette boue collante, dans ce marais répugnant pour capturer les crocodiles. Pour cela, il devait inévitablement se transformer lui-même en une créature des marécages. Il devait se salir. La boue devenait une maison. La puanteur de décomposition, son déodorant.
(…)
C’était la partie la plus laide, la plus obscure de sa vie, y retourner était douloureux, fatigant. Tout cela, les enquêtes, les assassins, les mensonges qui l’obligeaient à essayer d’y voir clair. A lui, qui entait de laisser derrière lui les pires choses qu’il avait vécues. Qui tentait d’oublier le mal qu’il avait fait et celui qu’il avait reçu.
(…)
C’était pire qu’un cauchemar.
Tous ces démons intérieurs renvoient de lui un homme caractériel, bougon, exigeant, impatient, odieux, sarcastique mais qui n’a pas son pareil pour résoudre une enquête.
Celle-ci commence très mal pour lui qui déteste le froid et la neige, comme pour ses chaussures fétiches, des Clarks, dont il se verra obligé, à la troisième paire foutue, de se séparer.
Le cadavre de Leone Miccichè est retrouvé déchiqueté sous les chenilles d'une dameuse non loin d'une piste de ski au-dessus du petit village de Champoluc.
Bien vite, Schiavone écarte la théorie de l’accident, comme celle du crime mafieux (Leone était Sicilien). Il s’attache à des détails en apparence insignifiants et utilise des méthodes peu réglementaires, mais bigrement efficaces.
Peroni ne vit rien arriver. Il sentit seulement la douleur sur sa joue et sa tête qui décrivait un arc à trente degrés sur sa gauche. Il se toucha la joue à l’endroit où Rocco lui avait assené une beigne par surprise.
Que ce soit pour les besoins de l’enquête, comme pour lui-même, avec les joints qu’il aime fumer pour se détendre (voire oublier).
Solitaire, il s’attache pourtant la compagnie du policier Italo Pierron, tout en donnant à Deruta et d’Intino des missions de second ordre pour les éloigner de lui (il n'est vraiment pas tendre à leur égard), composer avec le Préfet Corsi, reconnaître l’efficacité de l’Inspecteur Catarina Rispoli.
On lui devine un passé mouvementé, une perte irrémédiable, ce qui rend ce personnage, à défaut d’être attachant, excusable, et l’enquête dynamique et prenante, avec des réflexions bien senties, de la musique et des bons petits plats.
Je suis bien contente d'avoir découvert cet écrivain et le personnage de Rocco Schiavone grâce au Challenge Il Viaggio 2017 et à la Lecture Commune que Martine lui a consacré.
Cette enquête est la première du sous-préfet (en tout cas traduite en français), la seconde s'intitule Froid comme la mort.
Martine a présenté sa troisième enquête, une lecture en italien : Non è stagione et en octobre dernier, a dévoilé un peu de son passé grâce au recueil Cinq enquêtes romaines pour Rocco Schiavone.
Ce personnage est également le héros d’une série télévisée en Italie.
Ce livre participe aussi au « Petit Bac 2017 » d’Enna, pour ma première ligne, catégorie Couleur.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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