Ma mère, le crabe et moi. Anne PERCIN - 2015 (Dès 13 ans)

Publié le 30 Octobre 2016

Ma mère, le crabe et moi. 

Anne PERCIN

Editions du Rouergue, collection « doado », septembre 2015.

128 pages.

Dès 14 ans

Notions abordées : famille monoparentale, adolescence, collège, cancer, maladie, féminité, humour.

Lecture Commune avec Enna.

Le titre et la couverture n’offrent guère de doute quant au sujet de ce roman.

Une relation mère-fille, à la fois forte et fragile, bousculée, malmenée mais renforcée par l’intrusion de ce « crabe » vorace : le cancer du sein, entre Tania, 14 ans et demi et en 3e, et sa mère, auxiliaire de vie

Il se fait tout petit le crabe au début, un RDV médical suivi de nombreux examens, quelques recherches internet que Tania détecte, une révélation qui tarde à venir…

-Mais pourquoi ?
Dans ma tête, ça voulait dire : « Comment t’as chopé ça ? » Mais aussi : « Pourquoi toi et pas une autre ? »
La maman d’Elodie qui fume comme un pompier, par exemple. La nouvelle femme de papa qui est pleine de silicone dans les seins, tiens. Mais, dans ma bouche, ça sonnait comme une question de bébé : « Pourquoi le ciel est bleu, pourquoi il pleut, pourquoi on a des cheveux, pourquoi la neige est froide, et pourquoi les gens meurent ? » pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
-Je ne sais pas. Ils n’ont pas pu me dire. Ils disent que c’est un ensemble de facteurs. Je crois surtout que c’est la faute à pas de chance…
Elle a remis ses lunettes et m’a pris la main entre les deux siennes avant de m’annoncer d’un ton presque enjoué :
-Enfin, voilà, je suis malade. Mais j’ai bien l’intention de guérir, tu sais !

Page 33.

Mais pour guérir, il va falloir se battre, combattre, faire front, être fortes, l’une avec l’autre, l’une pour l’autre… seules mais ensemble. 

Fini le superflu, il leur faut donner du sens, du vrai à leurs existences autrefois arrangées sur leurs blogs respectifs. « Ellipse » pour Tania et sa passion pour les loups-garous, « Lectures et confitures » pour sa mère sur lequel elle enjolivait passablement sa vie.

Les autres sont là, en périphérie, déplorent ou parlent de l’après, le père ou le frère surtoutmais ne vivent pas le moment présent, la douleur, les difficultés, la transformation du corps, la perte de la féminité, la chute des cheveux... Durant ces si longs presque neufs mois...

Et Tania leur en veut, un peu, pour cette absence si confortable.

Mais Tania est forte, elle grandit et se bat à sa manière, se dépasse, s’affirme, s’inscrit pour le cross alors qu’elle déteste ça. Elle seconde, secoue sa mère, et les autres, coupe ses cheveux (les taillade plutôt) et s’épile les sourcils.

Toutes deux deviennent de vraies pirates !

-J’ai voulu prouver à ma mère que c’était pas grave de perdre ses cheveux. Je crois qu’elle avait plus peur du regard des autres que de mourir pendant son opération. C’est débile, non ? Qu’on doive se cacher pour être malade, je trouve ça dingue ! Comme si ça ne suffisait pas de souffrir, faudrait encore le faire en silence ! Et puis quoi, encore ? Et maintenant, je veux me prouver des choses à moi aussi ; c’est pour ça que je me suis inscrite au cross. Y’en a marre d’avoir peur de tout le temps, vous trouvez pas ? ça sert à rien, la peur. En tout cas, ça ne fait pas avancer.
(…)
-C’est justement quand des trucs graves arrivent qu’on se rend compte qu’il faut faire des conneries pendant qu’il est encore temps ! Ma mère et moi, on ne passe pas notre temps à pleurer. On rigole bien, faut pas croire. Qui sait ce que l’avenir nous réserve, quoi ! comme dirait l’autre. On n’a qu’une vie, putain !

Page 105

Elles rigolent, et nous aussi !

Car derrière ce sujet lourd et douloureux, Anne Percin signe là un roman court et intense. Il est réaliste, drôle et plein de vie, l’humour tutoie l’émotion, sans pathos ni angélisme, et sans rien dissimuler.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Tania, dur mais sensible, ses mots sans fards et son regard.

On referme ce livre le sourire aux lèvres bien que le combat ne soit pas terminé.

Tania est amoureuse, sa mère et elle ont des projets… La vie triomphe et continue !

Ce roman participe au Prix des Incorruptibles 2016-2017, sélection 3e/Lycée, ainsi qu’au "Petit Bac 2016" d’Enna, pour ma 7e ligne, et avec qui je vous le présente en Lecture Croisée.

Pour voir son avis, c’est par ICI.

 

 

 

 

 

 

Je vous ai déjà présenté un roman d’Anne Percin sur le blog : Western Girl.

Belles lectures,

Blandine.

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Commenter cet article
L
Ça me fait du bien de replonger dans cette histoire tiens ... et tu as raison, nos avis se répondent complètement ... bises
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B
Oui :-) Bises
S
J'ai beaucoup les romans jeunesse d'Anne Percin. Celui-ci mais aussi Plan B pour l'été, western girl et la trilogie dont le premier tome a pour titre Comment (bien) rater ses vacances.
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B
Je ne connais pas les autres (encore) mais ai adoré Western Girl. Plus pour l'ambiance, les descriptions que pour le personnage principal d'ailleurs.
E
Une belle réussite ce roman qui allie émotion et humour, solidarité mère-fille ainsi que des relations mère-ado normales! Et j'avais aussi beaucoup aimé le roman dont parle Nathalie!
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B
Le personnage de Tania est vraiment intéressant et j'ai vraiment apprécié cette lecture!
N
Ta présentation m'a fait penser à un autre roman, qui parlait de maladie, mais aussi d'une relation mère-fille : "Ne t'inquiète pas pour moi" d'Alice Kuipers (2008). La mère et la fille communiquaient par post-it interposés jusqu'au jour où...
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B
Ah je ne connais pas mais note le titre! Merci :-)