On ne voyait que le bonheur. Grégoire DELACOURT
Publié le 18 Septembre 2016
On ne voyait que le bonheur
Grégoire DELACOURT
Éditions JC Lattès, août 2014.
368 pages.
Thèmes abordés : famille, enfance, transmissions intergénérationnelles, changement, pardonner.
Lecture commune avec Nathalie.
Je savais que ce roman me plairait, rien qu’à son titre, à la photo sur le bandeau de couverture et à l’apparence que les deux supposent. Intuition confirmée par la lecture d’un extrait puis des premières pages.
Mais ce que je ne pouvais savoir, c’est à quel point cette histoire allait résonner en moi et faire écho, jusqu’à la larme.
Sur les photos, on ne voit pas la cuisson du poisson. On ne voit pas les compliments menteurs : « le bar était parfait. » On voit notre nouvelle voiture. On me voit moi, couillon, à côté de la nouvelle voiture. On voit le vélo Barbie à trois roues. On voit Joséphine et Nathalie dans la baignoire. On voit Anna et son mari Thomas dans notre petit jardin, près d’une jacinthe fanée. On ne voit pas ma mère. On ne voit pas les mensonges. On ne voit pas le bébé que Nathalie n’avait pas voulu garder un an plus tôt parce qu’elle ne savait plus si elle m’aimerait toujours. On ne voit pas cet amour-là, bref et infini, immense et tragique. On ne voit pas mes larmes d’alors. Mes nuits d’alors sur le canapé. Mes insomnies d’alors. Le mal qui infusait alors. Le fauve qui se réveillait.
On ne voyait que le bonheur.
Cette illusion de bonheur sur photographies à la réalité arrangée est celle d’Antoine.
Quadragénaire séparé de Nathalie, père de deux enfants, Joséphine et Léon, maintenant au chômage pour avoir fait preuve d’humanité dans un métier qui n’en veut pas (expert en assurances).
Il revient sur sa vie depuis sa prime enfance, avec ses parents, leur rencontre, leur amour trop bref, la fuite de sa mère, la lâcheté de son père. Il raconte sa sœur, Anna, jumelle orpheline au phrasé incomplet, qui a trouvé sa moitié et pu se construire, se reconstruire avec Thomas.
Tandis que lui allait sa vie en apparence normale. Jusqu’à la bascule.
Antoine se livre et se délivre.
Il se délivre de la vision qu’il avait d’eux ou trouve les mots pour l’expliquer. Surtout sur son père. Un homme dont la lâcheté a imprimé sur son fils les sentiments de honte, de culpabilité, et l’impression d’échec permanent.
Mais ne l’a-t-il pas reproduite lui aussi sur ses propres enfants, bien que différemment ? Et cette cascade de transmissions va-t-elle se poursuivre encore et encore ?
Images des parents qui s’effondrent, désirs des autres qui dévorent et vie qui explose.
Dilemme insoutenable pour Antoine dont la réponse entraîne l’incompréhension, le rejet, la fuite et la reconstruction d’autres vies.
Roman choral, il se divise en trois parties et autant de narrateurs, bien qu’Antoine parle dans les deux premières. Car peut-on dire qu’on reste toujours la même personne, avec le même « je/moi » ?
Que celui de nos 20 ans est encore identique 30-50 ans plus tard ?
La dernière explore avec justesse l’adolescence, le rejet, mais aussi le pardon et la résilience.
Grégoire Delacourt signe là un roman à la thématique mille fois exploitée, certes, mais pourtant toujours si méconnue et si multiforme.
L’auteur utilise des mots simples, des mots qui touchent pour nous parler aussi de la maladie, de la vieillesse, de la mémoire, de la vie et de sa valeur. D’ailleurs chaque titre de chapitre est composé de chiffres : sommes ou dates, le plus souvent malheureuses; et chacun alterne entre le passé et le présent.
En bref, un roman que j’ai adoré, dévoré, qui m’a émue et que je vous conseille vivement !
Nathalie l’a-t-elle autant apprécié que moi ? La réponse dans son article, ICI.
On ne voyait que le bonheur [Grégoire Delacourt] - Critique de l'oeuvre
Comment se construit-on ? C'est peut-être à cette question que cherche à répondre ce roman. Le personnage principal, Antoine, le premier narrateur, a tou...
http://www.anamor.fr/oeuvres/on-ne-voyait-que-le-bonheur.html
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Ce roman participe au « Challenge PAL d’été 2016 » de Sandra, ainsi qu’au “Petit Bac 2016” d’Enna pour ma cinquième ligne, catégorie Phrase.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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