La vérité sur l’affaire Harry Québert. Joël DICKER - 2012 - Prix Goncourt des Lycéens
Publié le 8 Septembre 2016
La vérité sur l’affaire Harry Québert
Joël DICKER
Éditions De Fallois/L’Âge d’Homme, août 2012.
672 pages
Thèmes : Amitié, Amour, littérature, enquête, marketing.
Cela faisait longtemps que ce roman me faisait de l’œil.
Pas tant pour ses Prix (Grand prix du roman de l'Académie française et le Prix Goncourt des Lycéen.) mais pour sa couverture. On le sait déjà, mais une couverture de livre a une grande importance, et dans mon cas, joue énormément.
J’ai été voir il y a 3 ans la rétrospective que le Grand Palais (de Paris) consacrait à Edward Hopper et y ai découvert ce tableau, « Portrait of Orleans » (1950) et rien que ça me donnait envie de découvrir ce que contenaient les pages de ce livre, encensé par la presse et les lecteurs (avec peut-être un film ?).
Et que je vous présente avec Nathalie, qui écrit sur le blog Délivrer des Livres, pour notre première lecture croisée (et, je l’espère, pas la dernière !)
Faire défiler - Reproductions et détail de l'exposition ici: http://histoiredesartsrombas.blogspot.fr/2013/02/hopper-et-lultra-moderne-solitude.html
30 août 1975, une jeune fille de 15 ans, Nola Kellergan, fille du pasteur d’Aurora, petite ville du New Hampshire, disparaît mystérieusement.
33 ans plus tard, en 2008, son corps est retrouvé, enterré dans la propriété du professeur de lettres mais surtout célèbre écrivain, Harry Québert. Détail accablant, son sac, gisant à ses côtés, contient le manuscrit de son best seller, Les Origines du Mal, avec une annotation.
Coupable idéal, réputation laminée et nom désavoué, la « déchéance » d’Harry Québert se répand comme une traînée de poudre dans tout le pays, fait retirer illico tous ses livres des présentoirs, des manuels, des plaques en tout genre.
Hormis son avocat, un seul reste et demeure à ses côtés, Marcus Goldman. Son ancien élève, devenu son ami.
Ce jeune écrivain, au succès foudroyant, n’a plus grand-chose à perdre. Après avoir flambé tout l’argent gagné avec son premier (et unique) livre, ruminé sa brève célébrité, il alterne entre défaitisme et sang d’encre car de nouveau manuscrit à remettre à son pressant éditeur, il n’en a point!
Syndrome de la page blanche et fait divers retentissant vont cependant faire ses affaires, et surtout celles de son éditeur (Barnaski), au sens aiguisé du commerce et du business, qui se contrefiche de faire un roman poubelle (voire diffamatoire).
Mais vous pourriez m’écrire un chef-d’œuvre sur le Soudan, que je ne le publierai pas. Parce que les gens s’en foutent ! Ils-s’en-foutent ! Alors oui, vous pouvez considérer que je suis un salaud, mais je ne fais que répondre à la demande. Le Soudan, tout le monde s’en lave les mains et c’est comme ça. Aujourd’hui, on parle de Harry Québert et de Nola Kellergan partout, et il faut en profiter : dans deux mois, on parlera du nouveau Président, et votre livre n’existera plus. Mais on en aura vendu tellement que vous serez en train de vous la couler douce dans votre maison des Bahamas.
Marcus a plus d’états d’âmes, on s’en doute.
Il refuse de se faire de l’argent sur le dos de son ami et mentor, même si cela relancerait sa carrière et son succès. Mais il accepte tout de même afin de livrer LA vérité (ou en tout cas UNE vérité), et pour que le nom de son ami ne soit pas davantage sali. Nous, lecteurs, apprenons à connaître Harry, Nola, leur lien, mais aussi Marcus. Car ce roman de vérité, c’est aussi le sien, dans lequel il se met à nu.
Il lui faudra du temps (même si son éditeur lui rappelle constamment qu’il n’en a pas) pour trouver des pistes, recouper les informations et les témoignages, faire des erreurs et reprendre à zéro, émettre des hypothèses, les confirmer ou les infirmer, et dénicher LA vérité. Processus entraînant quelques longueurs (avec la mère de Marcus notamment) ou des répétitions, mais qu’en apparence, car les locuteurs changent à chaque fois, remettant les choses dans une toute nouvelle perspective.
Nous aussi, lecteurs, menons l’enquête, analysons, élaborons, croisons les pistes. On a d’ailleurs un peu échangé avec Nathalie sur nos impressions, sur les personnages, et bien sûr, sur le coupable. "Alors c’est qui pour toi ?"
Le tout est si bien ficelé, avec des rebondissements ou des mises en abymes constantes (j’adore), que la chute (mais il faut bien en finir aussi) semble trop rapide !
Cependant, derrière un titre de faits divers, je ne pense pas que le sujet premier de ce roman soit la traque du meurtrier mais bien le fait d’écrire un livre, et surtout ce qui se cache derrière sa publication.
C’est l’aspect que j’ai préféré.
Ecrire n’est certes pas donné à tout le monde (et nous le lisons bien) mais derrière, se révèle toute une machine marketing, commerciale et publicitaire (et surtout gratuite, merci les réseaux sociaux !) qui ne laisse aucune place au temps, à l’atermoiement, au doute.
Il se fait aussi critique des médias qui vont trop vite qui émettent des hypothèses aussitôt formulées qu’elles sont jetées, remplacées par d’autres tout aussi précipitées.
-« Untel » n’écrit pas lui-même ses livres ?
Il avait eu ce stupide ricanement caractéristique.
-Mais bien sûr que non ! Comment diable voulez-vous qu’il puisse tenir le rythme ? Les lecteurs ne veulent pas savoir comment « Untel » écrit ses livres, ou même qui les écrit. Tous ce qu’ils veulent, c’est avoir, chaque année, au début de l’été, un nouveau livre d’ »Untel » pour leurs vacances. Et nous le leur donnons. Ça s’appelle avoir le sens du commerce.
Un compte-à-rebours, voilà à quoi est presque réduit l’acte d’écrire et qui fait l’ossature du roman. Les 31 chapitres sont numérotés par ordre décroissant, chacun correspondant à un conseil d’écriture formulé et transmis par Harry Québert le mentor, à son élève Marcus Goldman. Quasiment tous leurs titres entremêlent les deux temporalités du roman, révélant un peu de sa teneur et contextualisant.
Plongée dans l'intime des êtres et de leurs relations qui se délite avec le temps, dans les vérités ( à défaut d'avoir la vraie, si tant est qu'il y en est une) dans l'Amérique, et le monde de l'édition, bien plus que celui de la création livresque, La vérité sur l’Affaire Harry Québert est un roman à tiroirs qui nous balade et nous tient en haleine.
Je crois que Nathalie l’a aussi beaucoup aimé, pour les mêmes raisons ? Son avis, ICI !
La Vérité oui, mais sur quoi ?
La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert Éditions De Fallois (2012) 2014 pour l'édition de poche : 855 pages (9,20 Euros) * * * * Prix Goncourt des Lycéens 2012 - Grand Prix du roman de l'Académ...
"Bref, je me suis fait « balader » par l’auteur tout au long du bouquin, mais ce fut avec plaisir !"
Vous vous êtes mis à écrire parce que vous deviez écrire un livre, et non pas pour donner du sens à votre vie. Faire pour faire n’a jamais eu de sens : il n’y avait donc rien d’étonnant à ce que vous ayez été incapable d’écrire la moindre ligne. Le don de l’écriture est un don non pas parce que vous écrivez correctement, mais parce que vous pouvez donner du sens à votre vie. Tous les jours, des gens naissent, d’autres meurent. Tous les jours, des cohortes de travailleurs anonymes vont et viennent dans de grands buildings gris. Et puis il y a les écrivains. Les écrivains vivent la vie plus intensément que les autres, je crois. N’écrivez pas au nom de notre amitié, Marcus. Ecrivez parce que c’est le seul moyen pour vous de faire de cette minuscule chose insignifiante qu’on appelle « vie » une expérience valable et gratifiante.
Ce roman participe au Challenge « PAL été 2016 » de Sandra.
Belles lectures et découvertes,
Blandine.
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La vérité sur l'affaire Harry Quebert - Joël Dicker
" Tout ce que je sais, c'est que la vie est une succession de choix qu'il faut savoir assumer ensuite. " Éditons : Éditions de Fallois Genre : Fiction, thriller, policier Né à Genève en 1985 i...
http://message-in-thebottle.blogspot.fr/2016/07/la-verite-sur-laffaire-harry-quebert.html
"Sous une sombre histoire de thriller, l'histoire interroge sur cette Amérique moderne, la littérature et la justice."
Et le Grand prix de l'Académie couronne... un nanar !
Passe d'armes intéressante, mardi soir, sur le plateau de "Ce soir (ou jamais !)": les critiques d'art Hector Obalk et Didier Semin se demandaient dans quelle mesure il est possible de dire d'Edward
Un avis à l'opposé.
Soldat Peaceful. Michael MORPURGO. (Dès 11 ans)
Soldat Peaceful. Michael MORPURGO. Gallimard Jeunesse, 2004. (Grande-Bretagne, 2003). 191 pages. Dès 11 ans. Thèmes abordés : Première Guerre Mondiale, famille, mémoire/oubli. Soldat Peaceful ...
http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/09/soldat-peaceful-michael-morpurgo-des-11-ans.html
Principe du compte-à-rebours déjà vu dans ce roman ado, très fort!